Après la victoire du Bétis Séville face au Milan AC (2-1), cette semaine en Europa League, la rédaction de La Gazette du Fennec a choisi de vous proposer un focus sur l’un de nos joueurs phares en sélection : Aïssa Mandi. En effet, depuis son arrivée en Espagne en 2016, le natif de Châlons-en-Champagne n’a eu de cesse de progresser. Les années défilant, l’ancien grand espoir au poste d’arrière droit a laissé place à un défenseur central confirmé devenu capitaine d’une équipe andalouse qui renait de ses cendres en Liga. Alors qu’il connaît son apogée en club, le défenseur oranais de 27 ans est plongé dans le doute en sélection.
Beaucoup semblent l’avoir oublié mais tout n’a pas été rose dans le parcours de l’international algérien Aïssa Mandi. S’il est sollicité par les meilleurs clubs français – et notamment l’Olympique Lyonnais – à l’été 2016, le défenseur et capitaine du Stade de Reims étonne et détonne en rejoignant un club espagnol qui ne faisait, à ce moment là, clairement pas partie des outsiders de Liga – et a fortiori de ses leaders -, le Real Bétis Séville.
Un caractère à toute épreuve en Europe avec son club
Le projet semblait alors clair dans son esprit. En quittant son cocon familial à Reims, Mandi espérait rejoindre un club intermédiaire et s’en servir comme tremplin, à la manière d’un Karim Ziani à Sochaux en son temps. Malheureusement pour lui, sa première saison ne se déroulera pas sans quelques couacs. Entre méforme, petites blessures, problèmes familiaux (il a fait part de ses inquiétudes quant à l’état de santé de son épouse) et déception collective – le Bétis échouera à une piètre 15ème place -, l’international algérien a clairement mangé son pain noir au point d’envisager un retour en Ligue 1 (Stade Rennais, AS Saint-Étienne). Cette situation n’a, malgré tout, pas été une perte de temps puisque l’international algérien s’est réfugié dans le travail. Le défenseur, reconverti dans l’axe, a œuvré de silence et de séances supplémentaires pour retrouver ainsi non seulement son niveau mais aussi une place de titulaire indiscutable dans le 11 sévillan. Mieux, sa progression étant certaine et ce en dépit des nombreux changements d’entraineur, il fut nommé vice-capitaine l’été dernier, dans la lignée d’une deuxième saison de haute facture avec un Bétis retrouvé (6ème place).
En club, donc, c’est une franche réussite pour l’Oranais qui a battu, jeudi dernier, le Milan AC par 2 buts à 1 tout en arborant le brassard de capitaine de la formation andalouse. La comparaison avec Riyad Boudebouz, qui peine à se montrer indiscutable avec le Bétis, permet de mesurer la qualité des prestations d’Aïssa Mandi qui se montre décidément très à l’aise dans ce poste de défenseur axial côté droit au sein d’une défense à trois. L’Algérien est tellement estimé par son entraineur Quique Setién, qu’il n’a toujours pas raté une seule rencontre en Liga cette saison après 10 journées.
Une inconstance certaine en Afrique avec les Verts
Sous le maillot vert, qu’il arbore non sans fierté depuis octobre 2013, le tableau est moins reluisant, à l’instar de nombreux internationaux algériens (Mahrez, Bentaleb, Brahimi) qui peinent à montrer le même visage en club et en sélection. En effet, Mandi continue d’être trimbalé dans l’axe et à droite, contrairement à sa carrière en club où il a été officiellement et définitivement intronisé défenseur central depuis sa dernière saison rémoise. S’il a connu les plus belles heures récentes de l’Equipe nationale de Vahid Halilodzic au poste de latéral droit, il n’a clairement jamais été aussi indiscutable qu’en Liga au poste de défenseur axial avec tous les sélectionneurs qui se sont succédés sur le banc des Fennecs.
Avec l’avènement de Youcef Atal, on peut même franchement craindre pour sa place avec les Verts puisque Djamel Belmadi, dès son intronisation, a indiqué le considérer comme un latéral droit et non comme un défenseur central. Titularisé à droite en septembre face à la Gambie (1-1, en l’absence de Atal blessé), Mandi a goûté au banc face au Bénin à Tchaker (2-0) et n’a joué que la seconde partie face aux mêmes Ecureuils, avec une défaite à la clef à Cotonou (1-0). Victime de la redistribution des cartes imposée par Belmadi, le défenseur de 27 ans est désormais considéré comme une doublure dans l’esprit du sélectionneur. Une situation assez surprenante pour le capitaine malheureux des Verts durant la CAN 2017 avec Leekens.
Dans la logique sportive, ce ne sont ni Ramy Bensebaini, si inconstant avec Rennes qu’il en vient à jouer latéral gauche, ni Mehdi Tahrat, qui devient enfin intéressant en Ligue 2 française à presque 29 ans, qui devraient le surpasser. Ainsi, l’avenir de Aissa Mandi en Équipe Nationale semble obscurci en dépit de grosses prestations en club et des qualités indéniables qu’on lui connait. S’il est à parier que le pragmatique Djamel Belmadi tentera de relancer son défenseur, il est regrettable que Mandi, à la manière d’un Mahrez ou d’un Bentaleb, produise de si ternes prestations sous le maillot Vert alors qu’il collectionne les distinctions d’homme du match en club. Titulaire dans une improbable défense à 3 en Vert ? Doublure de la pépite Atal à droite ? Roue de secours de la paire complémentaire Bensebaini-Tahrat (un gaucher et un droitier) ? Aïssa Mandi (42 sélections) devra faire preuve d’une incroyable force de caractère pour ne pas se contenter d’un nouveau rôle de joker de luxe qui lui est attribué.
Walid Passas, La Gazette du Fennec