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Zetchi : réserves financières, rationalisation et devises

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Samedi dernier, Kheireddine Zetchi a dressé le bilan de ses 100 jours passés à la tête de la Fédération algérienne de football. Il a aussi fait part des prévisions pour le restant de son mandat. Que ce soit à court, moyen ou long terme, le boss de la FAF compte faire quelques révolutions financières en plus de l’amélioration de l’aspect footballistique en Algérie. Parviendra-t-il à concrétiser ses ambitions dans un football-circus marqué par la démesure ?

L’aisance financière dont jouit l’instance fédérale ainsi que le luxe de l’autogestion ne l’ont pas poussé à flamber. Kheirdeddine Zetchi commence à prendre ses repères et essaie d’apporter du nouveau pour ce qui est du mode de financement au sein de sa structure. Le premier responsable de la balle ronde nationale veut faire attention aux économies. Surtout en ces temps austères. Il veut dépenser utile et n’hésite pas d’envisager l’annulation de certains projets de l’ancien bureau outre le changement de certaines modalités de paiement dans le but de préserver la devise.

Former au lieu de construire

C’est l’un des choix forts du nouveau boss de la FAF : la très probable annulation de la construction de l’hôtel. «J’ai proposé d’annuler la construction de l’Hôtel de la FAF, mais c’est à l’AG de décider», a-t-il révélé en notant que «la décision d’annuler la construction de l’Hôtel de la FAF a été proposée par mes soins aux membres du Bureau Fédéral. On l’a approuvée mais c’est à l’AG de l’entériner. Elle demeure souveraine de prendre les décisions majeures. La construction d’un tel projet revient très cher, je préfère investir cet argent dans la construction de 4 centres fédéraux». L’ex-chairman du Paradou AC ne comprends pas « pourquoi construire l’Hôtel et attendre jusqu’à ce qu’il soit rentable pour investir dans la formation». L’utilité, selon lui, serait « d’attaquer directement ce manque pour gagner en temps et former nos joueurs surtout que rien ne garantit la réussite de ce projet sachant que la plupart des hôtels à Alger sont en difficulté».

L’enclin de Zetchi à former semble avoir pris le dessus. Il ne conçoit pas la FAF comme une entreprise. Pour lui, c’est clairement le football qui passe avant tout. «Nous avons axé notre discours de campagne sur les fameux centres fédéraux, parce que je pense que le développement de notre football passe obligatoirement pas la formation. C’est une priorité chez nos clubs. Nous devons travailler avec nos clubs pour rendre la formation une priorité. Il faut laisser place à d’autres préoccupations, les clubs amateurs doivent revenir à la formation », rappelle le conférencier ajoutant que « la construction de quatre centre fédéraux consacrés à la formation sera dans les quatre régions du pays : Centre, Est, Ouest et Sud. La formation est inexistante au niveau de nos clubs et nous devons travailler avec eux pour que ça devienne une priorité. Ces centres fédéraux auront un double objectif : utilité publique et intérêts généraux et un objectif commercial.»

Alcaraz, le choix de la raison “footballo-économique”

À son arrivée aux destinées du sport roi DZ, Zetchi a trouvé une sélection sans coach après le départ de Georges Leekens qui était une conséquence inévitable de la désastreuse CAN 2017 au Gabon. Tout le monde s’attendait à ce qu’un grand nom prenne les rênes de la barre technique des « Verts ». Zetchi a, quant à lui, fait son casting et son choix s’est porté sur l’Espagnol Lucas Alcaraz. « Les gens demandent un grand entraîneur, mais oublient qu’il faut de gros moyens. Moi, je ne peux pas dépasser les moyens du bord. La fédération possède des moyens financiers, je dois donc gérer selon ces moyens-là», explique-t-il non sans préciser que «Lucas Alcaraz touche 60 000 euros par mois. Ses assistants touchent 5000 euros chacun par mois. Nous travaillons dans la transparence et je n’ai pas de problème à donner les chiffres».

Outre les émoluments assez raisonnables (quoique élevés pour un novice en Afrique), il y a le Pedigree de l’ancien coach de Granada FC qui a convaincu Zetchi : «Écoutez ! J’ai choisi Lucas Alcaraz pour plusieurs critères. J’ai discuté avec Hakim Meddane qui est responsable du volet technique et je lui ai donné le profil recherché. Il était d’accord avec moi. J’ai choisi Alcaraz car c’est un bon technicien. Il a 700 matchs en Liga et le championnat espagnol reste un des meilleurs championnats au monde actuellement. Sa philosophie de jeu correspond à celle de l’EN et notamment au profil des joueurs qu’on possède», note-t-il. Du tac au tac en attendant le tiki-taka.

Motivations : la devise prime et pour tous

Par ailleurs, pour ce qui est des récompenses financières que percevront les Fennecs, le numéro 1 de la FAF a précisé que l’ensemble des joueurs et l’encadrement technique toucheront des primes en euros. Et ce, contrairement à ce qui se faisait durant l’ère Rouaraoua. Pour rappel, les éléments évoluant à l’étranger percevaient des motivations en devises alors que les sociétaires des clubs algériens les empochaient en monnaie locale (dinar). « Nous avons décidé de payer les primes des joueurs avec la même monnaie c’est à dire en euro. L’ancien bureau payait les pros en euro et les locaux en dinars», détaille-t-il.

C’est là, une démarche appréciable. Ainsi, il n’y aura pas de clivage dans les rangs de l’EN car tout le monde aura les mêmes privilèges. D’autant plus que la tendance à distinguer les « pros » des « locaux » prend parfois des proportions susceptibles d’affecter la vie en communauté d’« El-Khadra ».

Mémorandums pour alléger les ardoises « away »

Pour les nouveautés, il y a cette idée de faire des conventions avec les autres instances africaines. « L’un des principaux soucis de la FAF est de relancer les relations algériennes avec les instances internationales. Nous n’avons trouvé aucune convention ni aucun mémorandum avec aucune fédération africaine», relève Zetchi non sans souligner qu’ «on veut mettre en place des conventions entre les fédérations africaines. Nous avons discuté avec les responsables de certaines fédérations et nous avons rencontré des présidents de fédération africaine lors du dernier congrès de la FIFA qui a eu lieu au Bahreïn et nous avons des engagements pour signer des conventions». Des démarches qui visent à tisser les liens mais, surtout, assurer un joli coup sur le plan économique pour ce qui est des frais de déplacements lors des campagnes de qualification notamment.

En résumé la FAF va s’entendre avec ses adversaires pour payer les séjours en monnaie locale. Plus de factures en euros désormais. Un soulagement pour la trésorerie sachant qu’on parle, à titre d’exemple, d’une facture d’un séjour de Riyad Mahrez & cie en Afrique du Sud à hauteur de 200 000 euros. En outre, Zetchi met l’accent sur l’ « africanisation » du football algérien en estimant qu’«il va falloir jouer le maximum de matchs en Afrique pour faire habituer nos jeunes aux conditions là-bas». Et ce, depuis les catégories jeunes. Ainsi selon une source camerounaise révélée à La Gazette du Fennec, la sélection algérienne U23 pourrait s’envoler en octobre prochain à Yaoundé avec la sélection A dans le but de profiter d’un stage au Cameroun. En analysant cette politique de financement que prône Zetchi, on pourrait croire qu’il se conforme à la feuille de route que suit l’État depuis que l’austérité a été déclarée. Préoccupation ou obtempération ? Telle est la question.

Mohamed Touileb, La Gazette du Fennec

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