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Bilan du mois de juin : Quels enseignements faut-il retenir ?

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groupe solidaire bensebaini bentaleb

L’équipe d’Algérie vient de boucler sa campagne du mois de juin sous la houlette de son nouveau coach, Lucas Alcaraz. Entre les appréhensions nées de la nomination du coach andalou et les interrogations purement tactiques, les observateurs ont désormais une idée plus claire de ce que sera l’EN version Alcaraz. Pour autant, après un bilan flatteur de deux victoires, est-ce que les Fennecs sont réellement sur la bonne voie ? Comment peuvent-ils progresser ?

La succession en cascade de coachs à la tête de la sélection algérienne donne le tournis. En moins de 2 ans, 4 sélectionneurs ont squatté le banc vert. Un changement de coach, en Algérie n’est jamais sans dommages collatéraux car il répond à une logique d’urgence aussi synonyme de chamboulement de projet de jeu. En effet, contrairement aux grandes fédérations allemande ou espagnole par exemple, la Fédération algérienne de football n’accorde pas d’importance à la pérennisation de l’identité de jeu au sein de ses équipes nationales. On nomme un coach pour sa personnalité ou sa nationalité et on le dégomme pour ses résultats. Soit.

Guinée, Togo : deux victoires et un pari mental réussi

Ainsi, l’épais brouillard qui entourait la nomination de Lucas Alcaraz se dissipe peu à peu notamment avec ces deux rencontres à Blida contre la Guinée et le Togo. Le premier constat que l’on peut tirer c’est d‘abord que les troupes sont remobilisées, et ce n’était pas gagné ! Le traumatisme né des qualifications pour la prochaine Coupe du Monde 2018, le dernier fiasco de la CAN 2017 et le tremblement de terre provoquée par l’éviction de Raouraoua auraient pu être fatal aux Verts. Bien au contraire, les Hanni & consorts se relèvent et veulent se racheter et cette fois-ci, pas simplement à travers des paroles. Que ce soit au niveau de l’intensité des séquences d’entrainement, de l’attitude du banc de touche ou du sérieux constaté lors du rugueux match amical contre le Sily national de Guinée, le staff technique a donc réussi un grand travail psychologique pour redonner du peps à une équipe qui avait posé un genou à terre. Son prochain chantier est tactique.

Une autre Algérie tactiquement

Le team vert remis sur les rails, c’est désormais sur le volet technico-tactique que l’Algérie devra retrouver des certitudes. Mbolhi l’a déclaré : « Nous travaillons plus tactiquement et ça se ressent ». En effet, le repli défensif est plus rigoureux et la transition plus rapide. Les défenseurs, Mandi compris, sont plus appliqués et cela donne évidemment un motif d’espoir de retrouver des fondations défensives solides. Néanmoins, le projet de jeu est clairement brouillon et disons-le peu conforme aux ambitions du Président de la FAF, Kheireddine Zetchi, d’imprimer un jeu à l’espagnole pour l’Algérie. Alcaraz est certes de nationalité espagnole mais ses idées footballistiques se rapprochent plus de l’Italie que du tiki taka. Avec le temps, cette équipe sera sans doute plus disciplinée défensivement et tactiquement. C’est un acquis, mais elle sera moins joueuse et c’est un réel risque.

Cette Algérie new-look évolue avec un Bentaleb excessivement bas en position de quasi libéro à l’ancienne afin de profiter des relances du joueur de Shalke 04 mais surtout pour protéger le dernier rideau défensif qui n’inspire pas confiance. Ghoulam, décrié pour son rendement, a pour sa décharge, un rôle plus défensif. Ses chevauchées spectaculaires sont bridées par un Brahimi qui dézone beaucoup et crée une zone de danger sur ce côté gauche qui n’incite pas le Napolitain à l’aventure. Ce qui s’apparente donc à un 4-2-3-1 est en réalité un 5-3-2 très bas. C’est d’ailleurs le système qui assure le mieux le dernier mot à la mode dans le vocabulaire des passionnés algériens : la verticalité !

La sacro-sainte verticalité en question ?

Sans verser dans l’optimisme béat ni le défaitisme, un constat objectif s’impose : le chantier est immense. Pourquoi ? D’abord parce que cette équipe souffre surtout d’un manque de stabilité technico-tactique. Aucun coach ne s’inscrit dans un véritable projet de jeu et pis, ils n’ont pas d’approche similaire. Les Verts sont passés de l’ultra-offensif avec un jeu de passes léché à une approche défensive privilégiant la verticalité. Du moins sur le papier. Résultat, il faut du temps pour assimiler la nouvelle philosophie de jeu. Or, du temps, il n’y en a plus. La Zambie c’est demain et le mondial russe après-demain.

De même, en observant les forces en présence, le jeu vertical n’apparaît pas forcément comme le remède tout indiqué pour l’effectif algérien. Avec une défense fébrile, des dribbleurs à l’excès au milieu de terrain (Brahimi, Mahrez) qui ne lâchent pas le ballon sans l’avoir confisqué et un Guedioura qui déjoue sans jamais exceller dans la relance, le ballon ne circulera jamais en quelques passes verticales pour aller de notre défense, aux 18 mètres adverses. Il convient donc de trouver une approche dite «  hybride » afin d’adopter un jeu plus moderne et varié, fait à la fois de circulation horizontale en phase de possession mais aussi quand la situation l’exige, de gicler rapidement vers l’avant dans une version plus verticale. C’est ainsi qu’évoluent certaines grandes sélections comme le Chili. Mais d’autres trouvent le succès dans un jeu plus horizontal. C’est le cas des Allemands ou des Espagnols et récemment des Brésiliens qui reviennent aux vertus du jeu de possession pour le plus grand bonheur de leurs fans.

Doit-on être optimistes ?

El khadra revient de loin et c’est déjà un miracle d’avoir pu remobiliser les troupes pour les prochaines batailles zambienne et camerounaise. Pour autant, avoir gagné ric-rac contre un Togo en reconstruction avec des éléments qui selon Claude Leroy évoluaient dans des « quartiers » voire dans des « villages africains » ne prêtent pas à l’optimisme excessif constaté ça et là. Sans se mentir et objectivement, l’Algérie a perdu son football. Celui qui effrayait tout adversaire à Tchaker et suscitait l’admiration en terre brésilienne. Elle ne joue plus, elle déjoue. Elle ne fait plus subir sa loi, elle subit. Ainsi, en cherchant à maitriser son adversaire il faudra veiller à ne pas perdre offensivement ce que nous regagnons défensivement. Cette équipe a un potentiel technique inégalé en Afrique pour jouer avec le frein à main. Trop important pour se contenter d’une victoire tirée par les cheveux contre ce Togo-là en plein mois du ramadan. Peut-être que la remontada pour Moscou se situe à ce niveau : l’ambition !

Réda Kaboura, La Gazette du Fennec

 

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