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L’Algérie manquera la Coupe du monde 2018 : les raisons d’une désillusion

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Battue deux fois en l’espace de quatre jours par la Zambie, la belle génération du football algérien va rater le rendez-vous majeur du football mondial de 2018. Un revers qui commence à inquiéter les supporters, car il devient un peu trop répétitif. État des lieux. – Un article rédigé par TV5monde

Souvenez-vous. C’était le 30 juin 2014 à la Coupe du monde, au Brésil. L’Algérie a l’outrecuidance de pousser l’Allemagne en prolongation du 8ème de finale de la compétition. Alors certes, la “Mannshaft“, -futur vainqueur de l’épreuve- s’imposera in-extremis, 2 buts à 1. Un coup de grâce signé Mesut Özil. C’était en tout fin de rencontre, et il aura raison du dernier rempart algérien, Raïs M’bolhi, pourtant héroïque pendant tout le match.

Mais ce soir là, l’essentiel était presque ailleurs. De l’aveu de la plupart des observateurs, une équipe très prometteuse des Fennecs (NDRL : surnom des joueurs algériens), était née. C’était une certitude, ou quasiment. Les noms des Feghouli, Slimani, Soudani, Ghoulam, voire Mahrez allaient redonner des lettres de noblesse à la sélection algérienne. L’avenir leur appartenait.


Et puis, non. L’année suivante en 2015, les Fennecs sont éliminés dès les quarts de finale de la CAN par la Côte d’Ivoire, qui remportera le trophée, dans la foulée. Pire ! Pour la 31ème édition du tournoi continental deux ans plus tard, l’Algérie ne sortira même pas de la phase de poules.

Annoncés, pourtant, comme les favoris, avec dans leur rang Riyad Mahrez, le meilleur joueur du continent selon la CAF (NDRL : la Confédération Africaine de Football) les Algériens, concèdent le nul face au Zimbabwe, ne font pas mieux face au Sénégal et s’inclinent face à la Tunisie.

Illusions perdues

La campagne ratée de qualification pour la Coupe du Monde en Russie, -avec un point seulement glané en quatre matchs- est le dernier avatar survenu à une génération dite “dorée”.
C’est ce qui choque en premier, Claude Le Roy. L’ex-sélectionneur français du Cameroun est stupéfait par ces trois défaites consécutives dans cette campagne. Même s’il se dépêche de rappeler “qu’il n’est pas évident de tirer son épingle du jeu dans une poule qui compte les trois derniers mondialistes de la Coupe de monde au Brésil“, il rappelle qu’il y a, quatre paramètres indispensables quand on aborde une rencontre de football. Le paramètre technique, le paramètre tactique, le paramètre athlétique, et le paramètre mental. “Si ces quatre paramètres ne sont pas au top, on ne peut pas passer, c’est pas possible!” surenchérit l’actuel sélectionneur des Éperviers du Togo.

Pour Nasser Sandjak, “cette désillusion était -plus ou moins- programmée. Et vu les récentes coupes d’Afrique, le public algérien était sans doute prédisposé à l’accepter.” L’ex-sélectionneur algérien, dénonce une trop grande instabilité du staff technique. “Après 2014, après le Bosnien, Vahid Halilhodžić, on a eu Christian Gourcuff. On n’a toujours pas compris comment il a pu partir, alors que le jeu qu’il produisait avec l’Algérie permettait de gagner avec des scores très lourds.”

Le Français Christian Gourcuff sera remplacé par le Belge Georges Leekens, qui ne restera en fonction qu’un an (NDLR : à peine 4 mois), avant l’arrivée le 13 avril 2017 de l’actuel sélectionneur, l’Espagnol, Lucas Alcaraz. “On a cassé une dynamique.” rappelle Nasser Sandjak. “La stabilité du projet de jeu, c’est la base.”

Les joueurs épargnés ?

De la stabilité, l’Algérie en aura peut-être, car elle a du temps désormais. Cette non-participation à la Coupe du Monde peut servir de déclic à la reconstruction. C’est la position de Kheireddine Zetchi, le nouveau président de la FAF (NDLR : Fédération Algérienne de Football) arrivé à la tête de l’organe en mars 2017. “Notre équipe nationale est malade. Le football algérien est malade” déclarait-il juste après l’élimination, en présentant des excuses aux supporters. Un football malade mais qui garde son potentiel. “On a quelques très, très bons joueurs, comme Mahrez, ou Feghouli”  dixit Lyazid Sandjak. L’ancien international algérien, qui est également le frère de Nasser Sandjak, estime que le potentiel est là, et que les joueurs ne sont pas vraiment en cause.

“Les joueurs locaux ont cette fraîcheur que trop de joueurs évoluant à l’extérieur ont perdu…”

(Claude Le Roy, sélectionneur du Togo)

Il cible davantage le manque de structures. “Il manque à l’Algérie un championnat local fort sur lequel l’équipe pourrait s’appuyer. On compte un peu trop sur des joueurs venus de France. C’est bien, dans l’absolu, mais ça ne doit pas être un frein à la formation locale. Il manque un vrai réservoir à l’Algérie, mais est-ce que les instances dirigeantes sur place le veulent vraiment. Où est le projet sportif ?

Sur ce point, Claude Le Roy, le rejoint en grande partie. “J’ai toujours intégré, parfois massivement des joueurs locaux au sein des équipes nationales africaines que j’ai coaché. J’ai crée la première équipe nationale locale au Cameroun en 1986. Le football local, c’est ce qui régénère l’équipe en permanence“.

Lyazid Sandjak rappelle aussi que le travail du nouveau patron de FAF doit être jugé sur la durée. Il souligne également : “Il a des moyens, puisque son prédecesseur avait laissé une belle enveloppe budgétaire vu les Coupes du monde passées.”

“Il faut des entraîneurs qui ressemblent aux joueurs, pour ne pas créer des complications…”

(Nasser Sandjak, ex-sélectionneur de l’Algérie)

Son frère, Nasser Sandjak lui non plus ne blâme pas trop les joueurs. Le contexte doit être un élément-clé. “Il faut des entraîneurs qui ressemblent aux joueurs pour ne pas créer des complications” résume t-il. “Quand on a un entraîneur qui vient d’Espagne, qui ne parle que l’espagnol, qui a fait que le championnat espagnol, c’est compliqué pour lui d’aller en Zambie pour faire un résultat ! Moi, d’expérience, je sais qu’il y a sur ce continent des contraintes, qui sont incontournables. Les conditions de jeu sont très, très, très difficiles. Des gens comme Vahid Halilhodžić y était parvenu, mais ce n’est pas donné à tout le monde “.

En attendant, les Algériens digèrent lentement cette non-qualification au prochain Mondial russe, en déplorant sans doute un peu que Ryad Mahrez, celui qui est présenté comme leur meilleur élément, n’a joué qu’un seul des deux derniers matchs décisifs de sa sélection. Il a raté la première confrontation non pas parce qu’il était suspendu, mais du fait d’une négociation de transfert, interminable. C’est fâcheux.

Patrice Férus pour TV5monde

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