L’un des plus grands gardiens de l’histoire de l’Équipe nationale d’Algérie aurait sans doute mérité une sortie plus honorable et digne de son incontestable talent. A 31 ans et après 7 ans de bons et loyaux services Raïs M’Bolhi (55 sélections) est mis à l’écart brutalement par Rabah Madjer. Pour faire place à la jeunesse ? Pas vraiment puisque c’est l’incorrigible Faouzi Chaouchi (bientôt 33 ans) qui est appelé à sa place. Choquant et incompréhensible !
Symbole d’une Algérie héroïque lors du mondial brésilien de 2014, Raïs M’Bolhi n’aurait sans doute jamais imaginé une fin de carrière internationale aussi humiliante. On le savait dans le collimateur du nouveau staff technique des Verts puisque fragilisé par sa situation à nouveau difficile en club où il est devenu 3ème gardien dans la hiérarchie du Stade Rennais. C’est pourtant une habitude pour le gardien formé à Marseille qui n’a que très rarement déçu en sélection malgré sa carrière chaotique en club.
De capitaine d’équipe et n°1 à son poste, Raïs M’Bolhi se retrouve du jour au lendemain éjecté du groupe. Comment peut-on traiter un footballeur au comportement irréprochable et aussi loyal envers sa sélection de la sorte ? Après 7 ans de présence continue en sélection et 55 capes avec 2 participations à la Coupe du Monde (2010, 2014) et 3 participations à la CAN (2013, 2015, 2017) le nouveau sélectionneur Rabah Madjer a donc décidé d’offrir à un gardien qui a marqué l’histoire du football algérien une sortie par la toute petite porte.
Pourquoi le priver d’un hommage comme pour Medjani ?
A supposer que le portier du Stade rennais soit effectivement écarté pour des raisons sportives en raison de sa situation en club, comment expliquer la convocation de Carl Medjani qui sera visiblement honoré lors d’un dernier match face au Nigéria ? Retenir Medjani pour lui rendre hommage et recaler M’Bolhi de la sorte constitue un acte d’ingratitude inqualifiable que le staff technique devra forcément expliquer à l’opinion public.
Autre hypothèse, si la sanction n’est pas simplement sportive, elle serait donc disciplinaire. Certaines sources expliquent que Raïs M’Bolhi a été lâché par le groupe après sa sortie fracassante juste après la défaite face à la Zambie où il a déclaré en conférence de presse que “ceux qui ne mouillent pas le maillot n’ont qu’à rester chez eux“. Une franchise qui n’a pas été du goût du vestiaire qui a justement propulsé le gardien au rang de capitaine et qui aujourd’hui réclamerait sa tête. Madjer aurait-il opté pour cette solution radicale (avec celle de Feghouli) pour satisfaire une partie du groupe ? Difficile à croire mais possible.
L’inexplicable rappel de Chaouchi !?
Enfin, si la mise à l’écart de Raïs M’Bolhi pouvait s’expliquer par l’obligation de préparer l’avenir et assurer la relève d’un gardien au statut précaire en club, comment expliquer le retour du fantasque Faouzi Chaouchi (bientôt 33 ans) ? Insulté par ses propres supporters du Mouloudia d’Alger qui réclament la titularisation du jeune Farid Chaal (24 ans) à sa place depuis le début de saison, Chaouchi (11 sélections) continue d’exister footballistiquement à travers sa réputation plutôt que ses prestations quelconques sur le terrain. Pire, absent depuis 3 matchs pour une prétendue blessure, le héros d’Oum Dourman n’a pas joué depuis le 3 octobre dernier. Un fait que le staff technique à visiblement négliger et qui sportivement ne justifie pas la convocation de ce gardien aussi talentueux que controversé. Il n’empêche que le rappel de Chaouchi sonne comme une véritable insulte pour M’Bolhi.
Il était une fois Raïs M’Bolhi :
Yassine Benarbia, La Gazette du Fennec
