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EXCLU – Oussama Sahnoune : “Je tâcherai de créer la surprise aux JO de Tokyo en 2020”

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A l’occasion du championnat national de natation qui s’est déroulé à la piscine Sonatrach à Alger, La Gazette du Fennec s’est déplacée spécialement pour rencontrer le nageur algérien en pleine ascension Oussama Sahnoune (25 ans). Modeste et accueillant, le natif de Constantine a pris soin de répondre à toutes nos questions avec une franchise totale et sans langue de bois. Découvrez ce témoignage poignant d’un sportif algérien talentueux et en quête de reconnaissance dans son pays.

LGDF : Bonjour Oussama, on tenait à vous remercier de nous avoir accordé cette interview exclusive.

Oussama Sahnoune : Il n’y a pas de quoi, c’est moi qui vous remercie.

Tout d’abord, étant donné que nos lecteurs sont beaucoup plus branchés football, on aimerait en connaitre un peu plus sur votre parcours, votre carrière. Qui est Oussama Sahnoune ? 

Je me présente, je suis Oussama Sahnoune, 25 ans, un nageur international Algérien évoluant dans le club français “Le cercle des nageurs de Marseille“. Mes débuts dans cette discipline remontent à vingt ans en arrière. Je fais partie aujourd’hui des top 5 mondiaux dans ma spécialité à savoir le 50 et 100 mètres nage libre et récemment j’ai réussi à décrocher deux médailles sur ces distances lors des Jeux Méditerranéens de Tarragone dont une médaille en or (NDLR: ainsi qu’une médaille d’argent). Voilà en grosso modo.

Dans un pays de passionnés de football, tous les jeunes rêvent de devenir footballeur professionnel alors que vous, vous avez choisi la natation. Comment cela s’est-il fait ? 

Vous savez, moi, j’ai grandi dans une famille de sportifs. Par exemple, mes frères pratiquaient du Waterpolo qui est un sport très proche de la natation. Quant à mon père, il a été par le passé volleyeur, sélectionné en équipe nationale plusieurs fois. Après, on avait un bassin juste à coté de nous à Constantine et c’est là que j’ai commencé à pratiquer ce sport à l’âge de 5 ans. Au début, ce n’était que pour le plaisir mais à partir de 15 ans, j’ai commencé à avoir un rêve, celui d’être parmi les meilleurs au monde, un jour. De plus, je sentais que j’avais les capacités pour réaliser cela et c’est ce qui m’a poussé à travailler très dure pour y arriver.

“A 15 ans, j’ai commencé à avoir un rêve : celui d’être parmi les meilleurs nageurs au monde !”

Revenons maintenant à votre participation aux derniers Jeux Méditerranéens, vous avez sauvé l’honneur de l’Algérie en décrochant deux médailles dont une en or, on imagine que c’est une fierté pour vous, n’est-ce pas ? 

Ah oui, je suis vraiment très très fier, content et soulagé à la fois ! Parce que j’ai promis à mon public et au peuple algérien que je serai à la hauteur de leurs espérances. Après, ce n’était pas du tout facile pour moi car j’ai du travailler pendant plusieurs mois pour réaliser cette performance et Dieu merci, j’ai pu honorer mon pays en lui offrant deux médailles dont une médaille d’or.

sahnoune nage

Et contrairement à ce que pensent certains, la tâche n’a pas été facile pour vous pour décrocher ces podiums, surtout sur 100 mètres nage libre, en présence des Italiens tels que Luca Dotto ! 

Je suis tout à fait d’accord avec vous, c’était même très difficile. Alors, à commencer déjà par l’Italien Luca Dotto que vous venez de citer, quatrième aux derniers Jeux Olympique de Rio, multiple champion d’Europe, c’est un gars qui a beaucoup d’expérience. Il y  avait un autre italien également, pas aussi expérimenté que Dotto mais qui nageait très bien lui aussi. En plus de ceux là, il y avait aussi des nageurs Espagnols, Français et Grecs qui nageaient très vite. Pour ma part, j’ai essayé de partager mon énergie entre les qualifications de la matinée et les finales qui se sont déroulées dans la soirée du même jour. Avec mon entraîneur, on a mis en place une tactique pour casser la course, aller vite et tenir à la fin. C’est ce que j’ai fait pendant la course et cela a marché puisque je suis arrivé premier avec un chrono de 48:00 secondes.

En parlant de ce chrono de 48:00 s, vous faites d’une pierre deux coups. Vous réalisez la 5ème performance mondiale de cette année et vous réussissez à battre, par la même occasion, un record d’Algérie de longue date !

Sur cette course du 100 mètres nage libre, je suis allé très très vite en passant 22:09 secondes qui est mon meilleur temps de passage et pendant le retour, j’ai pu maîtriser ma nage en signant ce nouveau record d’Algérie qui était en possession de Nabil Kebbab depuis 2009. Ce temps là m’a permis aussi d’entrer dans le Top 10 des performances mondiales en me positionnant à la 5ème place. Tout simplement, je ne peux décrire ma joie après tout ce que j’ai réalisé. C’est un honneur pour moi.

“Je n’ai reçu aucun centime depuis près de 7 mois. Ni du MJS ni du COA. Ce qui est un peu grave, non ?! J’ai tout dépensé de ma poche…”

Parlez-nous un peu de votre préparation pour cette échéance. Comment s’est-elle déroulée ? 

Il faut savoir que ma préparation a débuté depuis l’année dernière lors des championnats du monde à Budapest où j’ai fais bonne figure, quand même, en me classant 9ème sur 100 mètres nage libre. Par la suite, j’ai continué à bosser très dure avec mon coach ainsi qu’en compagnie de tout le staff de mon club à Marseille. J’ai participé à plusieurs meetings là-bas en France qui m’ont permis de progresser et d’arriver aussi fort à Tarragone.

Si je comprends bien, tout est une question de préparation pour un athlète de votre niveau. On voudrait savoir, est-ce que les moyens qui sont mis en votre disposition par les autorités sportives en Algérie vous permettent d’avancer encore plus loin ? 

Je ne vais rien vous cacher. Personnellement, je n’ai reçu aucun centime depuis près de sept mois. Ni de la part du ministère ni de la part du comité olympique, ce qui est un peu grave, non ?! J’ai tout dépensé de ma poche afin d’effectuer une bonne préparation pour ces Jeux Méditerranéens. Ce que je voudrais aujourd’hui, c’est qu’on m’accorde une aide financière dans les plus brefs délais afin que je poursuive ma progression car, aujourd’hui, je ne suis vraiment pas loin du top niveau mondiale et j’espère que les autorités prendront en considération ce point là pour m’accorder plus de moyens. Il y a un point aussi sur lequel je voulais m’exprimer, si vous le permettez.

“Je lance aussi un appel aux sponsors privés pour m’accompagner dans la préparation jusqu’aux JO 2020 à Tokyo !”

Oui, bien sur, allez-y ! 

Je voulais parler des sponsors. En France, je m’entraîne avec des nageurs qui bénéficient de plusieurs sponsors et cela les aident beaucoup. Je me suis dit pourquoi on n’a pas cette mentalité de sponsoring des athlètes en Algérie. Donc, aujourd’hui je lance un appel aux grandes entreprises, car j’ai besoins de deux voire trois sponsors pour m’accompagner dans la préparation jusqu’aux JO de Tokyo 2020. D’autant plus que cela fera de la pub pour cette marque qui compte me sponsoriser, étant donné que je représenterai cette marque lors des différents meetings que j’aurais à faire lors de ses deux années à venir.

En évoquant le comité olympique, vous m’aviez fait rappeler le coup de gueule que vous aviez poussé 2 semaines avant les JO de Rio en 2016 pour réclamer la deuxième tranche d’argent qu’on vous a promis. On voudrait savoir si les relations avec la FAN et le comité se sont assainies, aujourd’hui ? 

Je ne vais pas user de la langue de bois, cette année aussi j’ai connu des moments très difficiles suite à la plainte qui a été déposé par la fédération algérienne de natation contre moi pour diffamation. Hamdoullah, j’ai eu gain de cause par la suite en prouvant que les accusations que j’ai porté envers la FAN n’étaient rien que la réalité des choses. Cependant, les choses se sont calmés un peu ces derniers jours. Je demande seulement aux dirigeants plus de tranquillité car un athlète de haut niveau en a besoin, en plus du soutien financier.

Aujourd’hui, vous évoluez à Marseille dans un club prestigieux. Pouvez-vous déterminer la différence entre s’entraîner en Europe et s’entraîner en Algérie ? 

Tout est une question de mentalité. En Europe, le sport c’est une culture et plus particulièrement la natation. Les nageurs sont mis dans d’excellentes conditions afin qu’ils progressent plus rapidement. Contrairement à notre pays où on te crée de petits problèmes au quotidien qui ne font que décourager l’athlète. Rajoutant à cela, l’absence total des infrastructures, sur ce volet là, les Européens ont vraiment une grande longueur d’avance sur nous.

“Mon idole reste sans nul doute Salim Ilès ! Il a participé à une finale des JO et je veux faire pareil”

Oussama  Sahnoun est désigné souvent comme l’espoir de natation algérienne et le digne successeur de Salim Ilès. Est-ce que cela ne constitue pas pour vous, en quelques sortes, une pression supplémentaire ? 

Vous savez, moi, j’en ai connu des pressions dans ma vie. Sauf que j’ai appris comment gérer cette pression depuis que j’évolue au Cercle des nageurs de Marseille. Je pense que ce qui fait la différence entre un nageur amateur et un nageur professionnel, c’est la capacité à gérer la pression qui vous tombe dessus à un moment donnée de votre carrière.

Faisons un récapitulatif de votre saison, vous êtes champion de France avec votre club, doublement médaillé avec la sélection nationale aux JM 2018. Peut-on dire que vos objectifs pour cette ont été atteint à 100% ? 

Je dirai que mon bilan pour cette année est “positif” à 90% parce qu’un athlète n’est jamais satisfait complètement de son rendement. Néanmoins, les objectifs qu’on avait tracé sont pratiquement atteints. Donc, je dirai que je suis soulagé.

Et pour l’année prochaine, quels sont vos objectifs primordiaux ? 

Tout d’abord, il y a les championnats arabes dans une semaine (NDLR : Oussama a remporté la médaille d’or à Tunis après cet entretien). Après, en septembre je prendrai part au championnat d’Afrique mais également au championnat du monde en petit bassin qui se déroulera en Chine. Mais mon objectif principal et pour lequel je travaille jour et nuit, c’est les JO de Tokyo en 2020.

“Mon objectif principal pour lequel je travaille jour et nuit : c’est les JO 2020 à Tokyo. Je veux rendre fière les Algériens !”

En parlant de Tokyo. Au vue de ce que vous avez démontré ces derniers temps, le podium est-il réalisable pour vous lors de ces prochains JO ? 

Ah oui, tout est possible et je pense que c’est faisable. Ensuite, nous travaillons pour cela. Toute notre préparation est focalisée sur cette compétition majeure. Les Jeux Olympiques restent le rêve de tout athlète. Ainsi donc, j’essaierai de faire de mon mieux et tout mon possible pour créer la surprise et rendre les Algériens fiers de moi.

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On sent vraiment dans vos propos que vous y tenez vraiment à la sélection nationale. D’ailleurs, on croit savoir que la fédération française de natation vous a contacté pour intégrer sa sélection. Dites-nous un peu plus sur cette affaire !

Exacte, les responsables de la fédération française de natation m’ont contacté plusieurs fois. Ils m’ont proposé la nationalité française pour que je puisse intégrer leur sélection en vue des prochaines échéance internationales. Après ce qui s’est passé avec la fédération algérienne en 2017, ils ont voulu, en quelques sorte, profiter de cette situation pour m’enrôler dans leur équipe nationale. Cependant, cela n’arrivera jamais car je continuerai à défendre les couleurs de l’Algérie à tout prix.

Quel est votre idole en natation ? 

En Algérie ? C’est sans nul doute Salim Ilès. Que j’ai battu ses records ou pas, peu importe, il reste une légende de la natation algérienne. Il a participé à une finale de Jeux olympiques et j’espère vraiment que je ferai de même également.

En dehors de la natation, vous suivez certainement le football comme le reste des Algériens ? 

Oui je suis fan de football mais pour vous dire la vérité, ces derniers temps j’ai pas beaucoup le temps pour regarder les matchs de foot à cause de mon entrainement intensif qui me prend la majorité de mon temps.

“Halilhodzic ou un autre, “

Natif de Constantine, vous êtes plutôt MOC ou CSC ?

J’allais vous parler de ça d’ailleurs. Je suis un fervent supporteur du CSC depuis ma tendre enfance. Je suis vraiment très content déjà car le CSC a été sacré champion d’Algérie cette saison. Ils ont beaucoup travaillé pour arriver à ce résultat et je pense que c’est amplement mérité.

Enfin, on voudrais connaitre votre avis en tant que supporteur des Verts sur le prochain entraîneur de la sélection nationale. Vous préfériez voir qui vous à la tête de l’EN ? 

Je n’ai pas de noms précis qui me vient à l’esprit là tout de suite mais je voudrais insister sur le fait que le nouveau coach doit être à la hauteur en réapprenant à cette équipe la manière de gagner. Le retour de Vahid Halilhodzic n’est pas une obligation, l’essentiel c’est que le nouveau coach saura guider cette équipe vers le sommet.

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Pour terminer, on vous laisse le mot de la fin !

Je tenais à dédier tous mes titres, toutes mes médailles, à tout le peuple algérien ainsi qu’à tout les lecteurs de La Gazette du Fennec. Je leurs dis, je vous adore beaucoup. Merci pour votre soutien.

Entretien réalisé à Alger par Lyes Medjekdoud,

Photos : Raouf Amimer

pour La Gazette du Fennec

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