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Entretien Exclusif

Lilia Boumrar : « Je ne regretterai jamais d’avoir choisi l’Algérie »

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La journée de la Femme c’est le 8 mars mais en contre-pied à notre invitée plateau de la dernière émission « C’est vous l’Expert », nous avons attendu le 9 mars pour vous parler de Lilia Boumrar. L’ex-numéro 10 de l’Équipe Nationale Féminine nous a demandé de ne pas attendre le 8 mars pour parler du football féminin. On en parle donc aussi le 9 ! Cet article ne se veut pas polémique car les choses se sont arrangées pour ce petit bout de femme qui n’a eu cesse de se battre pour son sport et les droits des sportives algériennes. Son histoire est assez rocambolesque et elle en a payé le prix fort !

Pas intimidée du tout, la charmante Lilia Boumrar, jeune retraitée du football a seulement 29 ans, est venue nous parler de sa carrière et de son parcours avec l’Équipe Nationale d’Algérie. Comme les garçons, elle a commencé ses gammes à son plus jeune âge (7 ans). « J’ai joué avec les garçons jusqu’à 13 ans » et elle recommande d’ailleurs à toutes les filles d’en faire autant pour « apprendre à avoir du caractère ». Formée en banlieue parisienne, elle a aussi joué en 1ère Division, dans un petit club de la région de Strasbourg (2011-2012) et ceci sans négliger ses études. Diplôme en poche, Master STAPS, spécialité marketing et gestion du sport – excusez du peu ! -, elle ne lâche pas le football, sa véritable passion. Elle revient ainsi en région parisienne pour s’inscrire dans un beau projet avec le club de VGA Saint-Maur. Avec ce club de la région parisienne, elle a vécu une formidable épopée en démarrant en division d’honneur avant de finir en 1ère division en 2015-2016.

«J’ai marqué en finale de Coupe Arabe face au Maroc, à la dernière minute»

Repérée dès l’âge de 16 ans lors d’un match où le sélectionneur algérien était venu suivre une compatriote, Lilia Boumrar n’a pas hésité un instant avant de répondre favorablement à l’appel de l’Algérie. Convoquée en sélection à seulement 17 ans grâce à l’aide précieuse de Naïma Lahouadi, elle a participé et remporté le championnat arabe de football féminin en 2006 disputé en Égypte. « C’était une fierté pour toutes les filles algériennes. C’était quelque chose d’être reçues ensuite par le président Monsieur Bouteflika ». Dès lors s’enchaine les tournois officiels et les coupes d’Afrique à une époque où la FAF est gérée par l’ex-président Hamid Haddadj.

Avec une belle génération, l’équipe féminine est lancée et progresse dans le jeu. Mais voilà qu’en 2010, suite à une CAN jugée insuffisante par Mohamed Raouraoua, redevenu Président de la FAF, l’équipe est carrément mise au placard pour 2 ans. Sous l’impulsion du Ministère de la Jeunesse et des Sports, les filles se retrouvent tout de même à Maputo, en septembre 2011, pour participer aux Jeux Africains. Et le résultat est éclatant ! Les filles portèrent haut le drapeau algérien et revinrent du Mozambique avec une médaille de bronze inespérée. Au sommet de son art, l’aventure de Lilia se termine pourtant brutalement avec les Verts.

« J’ai été évincé car j’ai réclamé à Raouraoua notre prime versée par le MJS pour notre médaille »

Lilia Boumrar en a ainsi gros sur le cœur quand elle évoque sa sortie de l’équipe nationale a seulement 24 ans. Elle en veut beaucoup à Mohamed Raouraoua même si elle admet avoir eu très peu de relation avec l’ancien homme fort du football algérien. «L’ancien président de la FAF, Hamid Haddadj, venait nous rendre visite durant les stages, les matchs internationaux en Algérie, mais Raouraoua… jamais vu !». Au final, son éviction, elle la met sur le compte d’une sombre histoire de bourse non donnée à la section du football féminin. Lilia Boumrar se démène, seule, pour arracher son droit et celui de ses coéquipières. Au ministère on lui confirme que « le virement a été fait à la FAF », mais à la FAF, on lui ferme les portes. « On ne vous doit rien !» s’entendra t-elle dire sur le parking de la Fédération. Affligeant. Partout on lui explique que « pour éviter les problèmes », il ne faut pas s’attaquer à la FAF de Mohamed Raouraoua. « Cela ne me dérange pas d’être mal vue… au final je ne fais rien de mal ». Azzedine Chih, le sélectionneur « qui me considérait comme sa fille » n’a malheureusement pas pu (pas voulu ?) défendre sa joueuse. « Il n’a pas osé me dire les raisons de mon éviction ».

«Certes nous sommes des femmes, mais on ne doit pas faire ce que l’on veut de nous !»

Finalement, « à la suite de la nomination de Monsieur Zetchi à la FAF on a reçu notre argent au mois de décembre 2017 » soit presque sept ans plus tard ! Il faudra bien d’autres « 8 mars » avant que les femmes soient mieux considérées. Des regrets ? Lilia Boumrar n’en a pourtant aucun ! Même si la déception se devine dans sa voix « j’aurais aimé refaire quelques matchs, je me sentais capable » la très fière Algérienne aurait surtout aimé une meilleure sortie. « J’aurais aimé décider moi-même de m’arrêter… mais pas parce que vous vous êtes Monsieur Raouraoua et vous décidez qui participe ou non aux stages ». Mais ses yeux se remettent à briller quand elle se remémore les moments passées en sélection algérienne. «J’ai passé 5-6 années magnifiques… je ne regretterai jamais de m’être battue pour l’Algérie».

Aujourd’hui elle considère qu’un souffle nouveau est nécessaire pour le développement du football féminin. Elle ne comprend d’ailleurs pas pourquoi la très charismatique Naïma Laouadi n’est toujours pas nommée sélectionneur. « L’équipe nationale stagne… et la sélection nationale algérienne a besoin des filles évoluant à l’étranger ». L’avenir (proche) nous dira si la FAF a des intentions pérennes avec les sélections féminines. On restera vigilent et pas seulement le 8 mars ! On l’a promis à Lilia Boumrar.

Retrouvez l’intégralité du témoignage touchant de Lilia Boumrar en écoutant le podcast de l’émission. Bonne écoute !

Khélifa Samir, La Gazette du Fennec

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