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Bentaleb : “Je ne connais pas mes limites !”

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Vainqueur du trophée du Rookie Award récompensant la plus jeune révélation de Bundesliga, Nabil Bentaleb a coiffé sur le poteau le prodige français Ousmane Dembélé. Dans un entretien exclusif accordé à notre confrère Zahir Oussadi de Onze Mondial, l’international algérien a exprimé toute sa joie au célèbre magazine français.

Nabil Bentaleb ne fait jamais rien comme les autres. Ses débuts dans le football, son exil en Angleterre, son explosion au très haut niveau avec Tottenham puis sa confirmation avec Schalke 04, tout montre une trajectoire rectiligne. Pourtant, entre les moments de joie, l’international algérien a aussi connu quelques périodes de doute. Aujourd’hui, le Lillois de naissance ne boude pas son plaisir. À 22 ans, il vient de remporter le Rookie Award, trophée récompensant le meilleur jeune joueur de Bundesliga, devant un certain Ousmane Dembélé. Entretien avec un gars cool qui ne manque pas d’ambition.

Tu es arrivé en Allemagne cet été. Comment s’est déroulée ton adaptation ?

Super bien. On a eu des débuts difficiles avec cinq défaites consécutives. Quand tu arrives en prêt, que tu perds cinq fois, c’est lourd. T’as la pression. Surtout qu’on ne jouait pas trop mal. Ensuite, la chance a tourné, on a enchaîné une série de matchs sans défaite. On a su rebondir en tant que groupe. A part la barrière de la langue, tout va bien. Et puis, j’ai la chance que tout le monde comprenne et parle anglais.

T’en es où au niveau de l’allemand ? Sprichts du deutsch ?

Ich spreche ein bisschen (rires). C’est encore dur. Je comprends un peu, mais c’est dur. Quand le coach donne ses instructions, il est obligé de les donner en allemand. Alors je profite parfois des entretiens individuels avec lui pour saisir ses messages.

La langue, la ville, le pays… Tout se passe bien ?

Ce qui m’a choqué, c’est la ferveur des supporters. À Schalke, c’est une ville de mineurs, de charbonneurs. C’est des grands travailleurs et ils vivent vraiment tous pour le club. Ils charbonnent toute la semaine et le week-end, ils se font plaisir, ils se font leur kif en allant au stade. C’est vraiment une sortie à part entière pour eux, ils y vont en famille. Ils chantent, crient, sautent. La ville, en elle-même, est plus une ville industrielle. Moi, j’habite sur Düsseldorf, à 30 minutes de Gelsenkirchen. C’est bien, propre et cool, ça me rappelle un peu Londres en plus petit. Les Allemands ont la même mentalité que les Anglais, ils te laissent tranquille.

Tu as eu peur de perdre ta place lors de la période difficile ?

Franchement ? Je n’ai jamais peur de perdre ma place. Si je dois la perdre, j’ai tout pour la regagner. Si tout le monde est mis sur un pied d’égalité, alors, avec le travail et la détermination, je n’ai pas à m’en faire.

« En Allemagne, les stades sont plus grands et plus remplis. En Angleterre, ils sont plus compacts avec des spectateurs proches. »

C’est quoi la journée type de Nabil Bentaleb ?

Je me lève le matin, je me lave, je pars à l’entraînement. Tu dois être sur place avant 9h15 pour prendre le petit déjeuner avec le groupe. L’entraînement commence à 10h30. Après la séance, je fais souvent un peu de muscu, du renforcement, des étirements. Puis, je rentre chez moi, je dors un peu et je m’occupe tranquillement.

L’ambiance de la Veltins Arena, c’est comment ?

C’est une ambiance de fou malade ! Ça ne fait que crier. Tu peux perdre, ils sont là, ils supportent jusqu’à la dernière minute. Tu ne peux même pas t’entendre sur le terrain, ça ne réagit qu’aux regards, aux mouvements, aux intuitions. C’est kiffant, c’est le douzième homme sur le terrain, tu ressens la pression qu’ils mettent à l’adversaire.

Mustapha Tchaker (Algérie), Veltins Arena (Schalke) ou White Hart Lane (Tottenham), c’est quoi le mieux ?

Ce n’est pas White Hart Lane, c’est sûr. Je pense que c’est la Veltins, parce que le stade est plus grand, plus de 60 000 places, et les tribunes sont fermées. Donc ça raisonne. À Blida, il y a 35 000 places et c’est ouvert.

En Bundesliga, tu situes Schalke à quel niveau ?

Dans le top 4 allemand ! Cette saison, on n’y est pas. On a eu des débuts difficiles avec un nouveau groupe, un nouveau coach, un nouveau directeur sportif. La totale. On n’a pas été gâté par les blessures non plus avec nos quatre attaquants blessés. On a une bonne équipe, on peut faire quelque chose en Europa League.

Y  a t il une grande différence entre la Premier League et la Bundesliga ?

C’est des jeux qui se ressemblent fortement. Pour moi, ce qui change, c’est l’ambiance. En Allemagne, les stades sont plus grands et plus remplis. En Angleterre, ils sont plus compacts avec des spectateurs proches. Les deux sont appréciables. Après, en terme de rythme, c’est un peu la même chose.

Nabil Bentaleb during the Bundesliga match between Schalke 04 and Werder Breme on 6th November 2016 Photo : Firo / Icon Sport

Et les fameux espaces allemands, c’est une légende ou c’est vrai ?

Comme en Angleterre ! Moi, je n’ai connu que ces deux championnats. Sur une contre-attaque, tu peux finir devant le but adverse. Tout le monde joue pour marquer. Ici, personne ne pense à préserver sa cage vierge.

Ton entraîneur, Markus Weinzierl emploie souvent des termes élogieux à ton égard. Ta réaction ?

Il en veut plus de moi. J’ai échangé quelques mots avec lui. Je le voyais très exigent avec moi et je sais que c’est bien. Quand un entraîneur est exigent avec toi, c’est qu’il compte sur toi ou voit quelque chose en toi. S’il est aussi dur avec moi, c’est parce qu’il veut faire de moi un grand joueur. Je suis à l’écoute.

Pourquoi avoir quitté Tottenham ?

Parce que j’aime le foot ! J’étais malheureux à Tottenham. Moi, je kiffe le foot et quand je ne joue pas, je ne suis pas heureux. Le coach (Mauricio Pochettino) ne me faisait pas jouer, mais je ne lui en veux pas. Il avait peut-être ses raisons de ne pas me faire jouer. Je revenais de blessure et eux avaient des bons résultats. Je lui ai fait savoir que j’avais besoin de jouer. Sans lui mettre la pression, sans rien du tout. Je lui ai dit que j’avais besoin de jouer, surtout à mon âge. Il m’a demandé de continuer à travailler à l’entraînement et d’attendre ma chance, mais ma chance n’est pas venue. J’ai échangé avec lui, il a accepté mon départ.

Vous vous êtes séparés en bons termes ?

Il n’y a pas d’animosité. Je respecte ce qu’il a fait avec Tottenham. Peut-être qu’à un moment, il aurait pu me montrer une preuve de confiance, mais c’est la vie. Il avait de bons résultats et aucune raison de se soucier de moi. Il réalisait la meilleure saison du club depuis longtemps. Je ne demandais pas à jouer titulaire, mais au moins à grappiller des minutes, à me sentir concerné. Quand t’es sur le banc sans jouer, ça fait mal. Ensuite, je n’étais même plus dans le groupe, c’était réglé. J’ai joué avec les U21 pour me maintenir en forme et pouvoir partir en fin de saison.

« Je veux atteindre un très grand club européen. Avoir des objectifs claqués, ça sert à rien. Je ne connais pas mes limites et j’espère ne jamais les connaître. »

Lors de ton départ de Tottenham, le président Levy t’a présenté comme un super joueur et ne souhaitait pas te vendre à un concurrent. Ton avis là-dessus ?

J’ai beaucoup de respect pour lui. J’appréhendais beaucoup mon départ. Ça a été difficile, on ne va pas se mentir, mais j’ai pu parler avec lui, il a été transparent avec moi en m’expliquant toute la situation. Je lui ai fait part de mes idées, lui m’a assuré qu’il m’aimait bien et ne voulait pas me voir partir. Il m’a dit qu’il ne souhaitait pas me lâcher à un club anglais.

Il te l’a clairement dit ?

Il m’a dit : « Je ne souhaite pas te laisser dans un championnat où tu risques de briller et où je te verrai chaque semaine ». Il ne pouvait pas accepter cette idée. J’ai compris son message. Je voulais juste des minutes de jeu et j’ai opté pour Schalke en prêt.

Évoquons un peu ta jeunesse. Raconte-moi un peu ton enfance…

J’ai fait deux-trois mois de prison (rires)… Non, ma jeunesse a été tranquille. J’étais tout le temps dans le foot, tout le temps. Je jouais avec mon frère au foot en salle. Les études, j’étais nul, pas concerné du tout. J’étais en sport-études et j’attendais seulement le moment pour aller au foot. Dans ma tête, c’était le foot ou rien. Au collège, déjà, je pensais à devenir footballeur. Je me tenais à carreau en classe, parce qu’ils mettaient les heures de colle pendant le foot.

À 22 ans, est-ce que tu regrettes certains choix dans ta carrière ?

Non, si j’avais ce pouvoir, je ne changerais rien.

Tu possèdes déjà une sacrée expérience. C’est quoi tes objectifs et où se situent tes limites ?

Soulever des trophées, voilà mes objectifs. Je veux atteindre un très grand club européen. Avoir des objectifs claqués, ça sert à rien. Je ne connais pas mes limites et j’espère ne jamais les connaître.

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