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La révélation Youcef Atal s’impose à toute vitesse

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attal action ogc nice

Si son début de saison est perfectible, l’OGC Nice peut cocher le nom de Youcef Atal au tableau des satisfactions. Forgé par son parcours sinueux, le jeune latéral algérien, arrivé cet été sur la Côte d’Azur, fait l’unanimité au sein du club. Voici un excellent portrait réalisé par France Football qu’on recommande à nos lecteurs !

«Un nom connu, ça rassure tout le monde. Mais je demande tout le contraire à mes scouts», disait il y a quelques jours Julien Fournier, directeur général de l’OGC Nice, à France Football. La maxime trouvera nombres d’illustrations ces dernières années. La dernière en date se nomme Youcef Atal. L’intéressé aura même eu l’honneur d’être l’une des dernières proies de Serge Recordier, recruteur parmi les recruteurs, passé sous pavillon monégasque dans le courant de l’été. Il aura suffi d’un heureux hasard. Un match en Belgique, à Mouscron, durant lequel joue le Nigérian Taiwo Awoniy, que la cellule de recrutement supervise. Mais ce jour-là, c’est Youcef Atal, un jeune latéral algérien du camp d’en face, qui attire l’attention de Recordier. «Il m’a tapé dans l’œil au premier regard», avait concédé le recruteur à l’AFP. Le joueur, qui coche toute les cases du recrutement made in Nice, rejoint le club trois mois plus tard.

Problème de transport

Youcef Atal rime avec spontanéité. A Nice, l’Algérien a débarqué avec sa personnalité contrastée, réservé en dehors des terrains et compétiteur fou sur le pré. Jusqu’à tirer un sourire au plus expérimenté et baroudeur de ses coéquipiers, Dante : «Atal, il joue comme s’il était au bled. J’ai vu dès son premier entraînement qu’il avait un truc… Il a le foot dans le cœur, joue de manière instinctive.» Il faut dire que Youcef Atal a cravaché au pays et n’a pas toujours eu la reconnaissance qu’il connaît aujourd’hui. «Il est issu d’une famille pauvre, son père était chômeur, raconte Amine Labdi, ancien directeur sportif du Paradou AC, le club formateur d’Atal. Avec sa famille, ils ont habité à Alger mais ils n’arrivaient pas à garder leur location faute de moyens.» Retour contraint à la ville natale, Mechtras, non loin de Tizi Ouzou. Atal quitte l’USM Alger et intègre les rangs de la grande JS Kabylie, mais un autre obstacle se dresse sur sa route. Le jeune joueur, qui réside à une trentaine de kilomètres du stade, galère à se rendre aux entraînements sans moyen de transport. «Son père est allé voir le président pour mettre un transport à sa disposition mais il a refusé. C’est là qu’est apparue l’idée du Paradou, un club avec un internat. Atal a facilement passé les tests d’intégration.»

«Youcef, c’est le seul de mon groupe qui a peur de perdre sa place de titulaire»

A 16 ans, le jeune joueur débarque dans un club de 3e division, créé en 1994. Le Paradou AC, initialement érigé en lieu de rencontre sportive pour les étudiants, s’est forgé une solide renommée en tant que club formateur grâce à son académie. Dès son arrivée, Atal s’accoutumera d’une réputation de travailleur acharné qui ne le quittera plus. «Il y avait un entraîneur qui m’avait dit : “Youcef, c’est le seul de mon groupe qui a peur de perdre sa place de titulaire”», sourit Amine Labdi. Le natif de Mechtras gravit les échelons internes au club, puis les divisions algériennes avec le Paradou. Sur le terrain en revanche, il descend d’un cran. D’ailier, il se retrouve latéral sous les ordres de Josep Maria Nogués, ancien entraîneur de Gérone et du Bétis Séville. «Pour moi, il avait besoin d’espaces, il est très rapide, vertical et a une grande tendance à l’offensive, se souvient le coach espagnol. Il a débuté à droite, puis comme il générait beaucoup de danger, il est parti à gauche pour entrer dans la surface et être en position de frappe.» En plus de ses passes décisives, le néo-latéral inscrit quelques buts et obtient plusieurs penalties, contribuant à une promotion historique en première division en 2017.

Youcef Atal avec Josep Maria Nogués, son ancien coach à Paradou. (D.R)

Youcef Atal avec Josep Maria Nogués, son ancien coach à Paradou. (D.R)

Règle du 1-2-3, dribbleur fou et ovation

Youcef Atal n’a rien changé de ses habitudes et est resté ce latéral très offensif en Europe. «Il est explosif et peut apporter beaucoup offensivement. Je le considère comme un grand latéral droit en devenir», l’avait adoubé Christophe Jallet il y a quelques semaines. Capable d’être l’un des meilleurs dribbleurs niçois (3,8 dribbles par match) tout comme l’un des meilleurs intercepteurs de ballon (2,2 interceptions par match), Atal a beaucoup travaillé pour équilibrer son apport entre la défense et l’attaque. «On avait érigé la règle du 1-2-3, rembobine Josep Maria Nogués. Le 1, c’était bien défendre et récupérer le ballon le plus vite possible, le 2 trouver un relais avec un coéquipier et le 3 se projeter en attaque si le jeu le demande. Ça l’a beaucoup aidé à lire le jeu parce qu’il passait de 1 à 3 directement à cause de l’anxiété.»

Ses belles prestations avec le Paradou lui ouvrent les portes de l’Europe et de la sélection algérienne. Atal répond à sa première sélection en juin 2017 pour un match amical face à la Guinée. Mais en amont, la presse algérienne, dans le contexte sportif pas optimal des Fennecs, épingle le nouvel arrivant. «Ça a fait du grabuge, se souvient Amine Labdi. C’était du genre : “Comment peut-on sélectionner un joueur inconnu qui vient de D2 ?”» Pire encore, Kheireddine Zetchi, le président du Paradou arrivé aux manettes de la fédération algérienne en 2017, est soupçonné d’avoir pistonné son joueur. La vérité du terrain fait, là aussi, bien les choses. Pour sa première apparition, Atal fait l’unanimité. «Sur le terrain, il y avait Mahrez, Brahimi, Bentaleb… Mais c’était le nom d’Atal que le stade scandait. C’était incroyable.» Surtout, le football algérien espère en finir avec ses peines pour trouver un latéral droit sur le long terme. Tout comme l’OGC Nice, qui semble tenir une pépite méconnue, comme il les aime. De l’autre côté de la Méditerranée, des regards remplis de fierté le regardent. Amine Labdi : «Youcef, non seulement c’est le symbole du Paradou mais aussi de tous les jeunes joueurs locaux qui ont du mal à percer en Algérie.»

Antonin Deslandes, publié sur France Football

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