Ce lundi, on a appris que la Fédération algérienne de football (FAF) envisage de convier Riyad Mahrez et Islam Slimani, joueurs déjà historiques de l’EN et absents remarquables de la dernière liste de Vladimir Petkovic, pour être des invités d’honneur du match Algérie-Guinée dit-on. Et cela pour “épauler” un certain Karim Benzema. Vous le savez déjà, ça ne sera pas sur le front de l’attaque de l’EN. En effet, le dernier nommé a choisi de représenter la France avec laquelle il a compilé 97 sélections. Quant aux deux autres, ils ont défendu les couleurs de l’Algérie comptant respectivement 102 et 93 capes. La question est : peut-on inviter quelqu’un chez lui et le reléguer en guest star ?
Vraisemblablement, ni Slimani ni Mahrez ne donnera suite favorable à cette pirouette protocolaire que la FAF a mise en place pour on ne sait quelles fins. Evidemment, c’est chose normale que Benzema ait une place VVIP dans les gradins. Même si on pense que son arrivée a suscité un intérêt démesuré de certains. Certes, on parle là d’une figure internationale du sport roi. Sauf qu’il n’a jamais arboré le maillot de l’Algérie, bien qu’il la porte (et on le croit) dans son cœur.
Pas à la même enseigne mais…
Sont mis en contre-poids Mahrez et Slimani qui ont mené El-Khadra vers la gloire. Ce binôme a (il faut le rappeler à ceux qui veulent le rapetisser et essaient de le sortir par la fenêtre en martelant que la porte lui reste ouverte) contribué à des faits d’armes gravés dans le marbre de l’histoire. Mettons les choses dans leur contexte: on ne compare pas les calibres parce que dire que SuperSlim et Mahrez mangent à la même table que KB9 serait une appréciation illusoire. Presque dérisoire.
Toutefois, puisons dans nos mémoires. Qui ne se souvient pas de ce coup franc mémorable de Mahrez face au Nigéria en demi-finale de la CAN ou encore cette envolée dans le ciel de Curitiba de Slimani face à la Russie pour envoyer l’Algérie jouer son tout premier 1/8 de finale d’un Mondial. Quant au Nueve, il ne peut se targuer que d’avoir pris une photo à côté du drapeau de l’Algérie avec le maillot du Real. Cet amour n’était devenu ostensible qu’après avoir vu la France le souiller en le traînant même dans un tribunal.
L’absurdité et le dénigrement
On ne parle pas d'”Algérianité” qui est dans l’ADN et la génétique de chacun des trois. Cependant, il y a cette nationalité sportive qui distingue l’origine de l’engagement. Et, pour ce critère, il n’est pas adroit de loger le trio à la même enseigne du stade Nelson Mandela. Ne pas convoquer Slimani et Mahrez puis les inviter pour partager la vedette avec un joueur qui compte 0 sélection, 0 but et 0 passe décisive avec l’Algérie est d’une absurdité sans égale. Il s’agit là du meilleur buteur et du meilleur passeur dans l’histoire de l’équipe nationale. Le détail est de taille.
Benzema est le bienvenu. Le traitement réservé à Slimani et Mahrez, qui n’ont pas exprimé leur désir de raccrocher, est malvenu. Charles Darwin a cette théorie de “sélection naturelle” qui prévoit que les ” individus d’une espèce les mieux adaptés vont survivre et se reproduire”. En Algérie, on cherche Eddar wine? (c’est par où la maison ?) et on remarque que les personnes les plus dévouées risquent l’expulsion sans la reconnaissance qu’elles mériteraient. Le rejet se fait au profit de ceux qui ne mettent en avant leur algérianité qu’une fois la lumière se dissipe autour d’eux pour laisser place à l’obscurité. Chez nous, la seule chose qui se reproduit, c’est l’ingratitude et le dénigrement. Amère fatalité.