Jaouad Syoud était certainement un nageur à fort potentiel. Auteur de plusieurs chronos remarquables par le passé, le natif de Perpignan (France) ne progresse plus depuis un moment. Propulsé au rang de star après des “exploits” dans des événements de seconde catégorie (Jeux Méditerranéens, Jeux Africains et Arabes), l’athlète de 24 ans, qui a eu droit au maximum de subventions, est aujourd’hui loin de ses standards. Preuve en est: il n’a ni réalisé les chronos minimaux “A” ou même les minima “B” pour les Jeux Olympiques Paris-2024. Pour participer à cet événement planétaire, il devrait bénéficier de la seule invitation masculine que la Fédération internationale (FINA) accorde aux instances nationales modestes dont les athlètes n’ont pas pu se qualifier aux Olympiades. Une vraie désolation !
Du gâchis. Tout simplement. La qualité et le bagage natatoire étaient là pour Jaouad Syoud. Malheureusement, dans une discipline où les temps sont en constantes évolution, le Constantinois, englouti par des considérations et des manœuvres extrasportives, n’a pas pu être dans les clous. Les hommes peuvent mentir mais pas les chiffres.
Un recul de 4 secondes, le sacré coup de bambou !
On est face à une régression avérée dans sa course de prédilection: le 200m quatre nages. L’athlète de 24 ans est passé d’un très prometteur 1:58.12, réalisé le 8 avril 2022 lors des Championnats de France, à 2:02.12, signé durant les Championnats d’Afrique 2024 en Angola il y a 2 mois, en grand bassin. On parle d’un net recul de 4 secondes. Et c’est énorme en natation.
Aujourd’hui, Syoud a terminé loin des minima (1:57.68) qui lui permettent de prendre part, sans faveur, aux JO Paris-2024. Ceci reste anormal. D’autant plus que la Fédération algérienne de natation (FAN), le Comité Olympique algérien (COA) et le Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) ont misé gros sur lui (il aurait reçu plus de 12 milliards en frais de préparation sur 4 ans soit près de 800 000 euros) face à l’emballement médiatique qu’il avait suscité en marge des JA-2023 abrités par l’Algérie à Oran.
Des médailles en trompe-l’œil
On se rappelle que le père de Syoud s’en était pris frontalement à Mohamed Hakim Boughadou, président de la FAN de l’époque, après avoir trouvé un bon prétexte pour rater les Mondiaux de natation au Japon en avançant un sabotage dans les démarches administratives. Cela intervenait une année après les JM-2022 durant lesquels Jaouad Syoud a brillé en décrochant 3 médailles (or, argent et bronze).
Toutefois, Boughadou, poussé vers la démission après cette affaire qui a défrayé la chronique, avait émis des inquiétudes quant au niveau de l’ancien sociétaire de l’Olympic Nice Natation… où il avait énormément progressé avant que la collaboration ne prenne fin. Et les craintes se sont avérées bien fondées. Les médailles à gogo glanées face à de faibles concurrents africains ou arabes ne servaient que de diversion pour cacher une courbe de performance sensiblement déclinante.
L’invitation n’est pas nominative
Pour ne rien arranger, on croit savoir que Jaouad Syoud se verra octroyer la seule invitation de la FINA (Fédération Internationale) pour l’Algérie chez les hommes alors qu’il est loin des fameux minima. Il faut savoir que le ticket en question n’est pas nominatif et que ce n’est pas la FINA qui a exigé à ce que ce soit l’athlète franco-algérien qui aille à Paris. Et puis, pourquoi un nageur, qui a échoué alors qu’il a eu tous les moyens pour éviter que l’Algérie ne se tourne vers le mécénat sportif, bénéficie – en priorité – de l’invitation ? Grosse interrogation autour d’un investissement sur cette politique d’encouragement de la lose.
Enfin, on notera qu’Amel Melih (30 ans) a été choisie chez les dames. Cela reste justifiable car la Lyonnaise n’accuse que quelques centièmes sur le chrono de qualification du 50m nage libre. Aussi, on peut relever que si jamais Oussama Sahnoun (31 ans), qui peut se qualifier pour les Olympiades s’il réalise son meilleur temps, l’invitation de l’Algérie tombera à l’eau et Syoud fera une croix sur le rendez-vous planétaire… lui qui a toujours préféré faire l’impasse sur les épreuves de renom. Encore une chose : Pourquoi l’on se presse d’attribuer les invit’ alors qu’il y a encore une possibilité de réaliser les minima pour certains dont la deadline est pour le 23 juin prochain ? Une énième zone d’ombre dans un sport Dz où les pratiques obscures sont incessantes.