Faisant partie du gratin mondial de sa discipline, championne du monde et personnalité reconnue à l’international, Saoussen Boudiaf est de ces Algériennes qui font des miracles dans le silence. Née à Roubaix, en Hauts-de-France, la sabreuse de 30 ans participera, pour son plus grand bonheur, aux Jeux Olympiques de Paris 2024, drapée des couleurs qu’elle chérit tant : celles de l’Algérie.
En effet, triple championne du monde chez les cadettes, les juniors et les seniors, l’escrimeuse originaire de la région de M’sila, a su retrouver ses forces pour regagner les plus hautes marches du classement mondial. Après un passage en équipe de France, où ses sacres sont légion, Saoussen Boudiaf a vécu une série de tumultes qui l’ont éloigné de sa passion pour le sabre.
Ainsi, pour sa grande première aux Jeux Olympiques, à Rio en 2016, Boudiaf a été victime d’un racisme autrefois planqué, aujourd’hui décomplexé. Dénigrée en raison de son voile, Boudiaf a subi les foudres d’une France qui omet sa devise. Mais le plus grand coup que Boudiaf allait subir lui fut fatal. Nouant une relation spéciale avec sa grand-mère Mebarka Boudiaf Adila, la perte de cette dernière, au lendemain d’une disqualification des JO 2016, a précipité Sousou dans une effroyable tourmente.
Saoussen Boudiaf : les gènes d’une combattante ne se trompent jamais
Les hantises qui ont suivi ces épisodes ont forcé la championne du monde en 2015 à ranger son arme en pleine crise du coronavirus. Loin de son sabre, l’escrimeuse a livré une tout autre bataille, celle face à la vie. Retraitée forcée et endeuillée, Saoussen Boudiaf a suivi une formation d’aide-soignante et a travaillé en alternance en EHPAD pour subvenir à ses besoins.
Des besoins qui allaient prendre une autre forme quand l’appel de la patrie fut plus tranchant. En effet, ayant écho de ses origines algériennes, la fédération algérienne de l’Escrime a décidé de lancer les grandes manœuvres pour ramener Saoussen à la maison.
« C’est une athlète de très haut niveau. Je l’ai rencontré pour la première fois lors d’une finale des Championnats du monde à Moscou alors qu’elle évoluait avec l’équipe de France des cadettes de l’Escrime. Voyant son nom de famille, je lui ai demandé si elle était d’origine algérienne. Elle m’a répondu avec les propos de sa grand-mère et m’a dit qu’elle était originaire de M’sila », se rappelle l’ancien ministre algérien des Sports et l’ex-président de la fédération algérienne d’Escrime, Raouf Salim Bernaoui dans un entretien exclusif accordé à La Gazette du Fennec.
« Ses qualités humaines et sportives sont un souvenir impérissable. Représenter l’Algérie était toujours l’un de ses rêves. Son sabre était au clair quand l’Algérie l’a appelé », ajoute Raouf Bernaoui. Émanant d’une volonté ardue de rendre hommage à sa grand-mère, Boudiaf a dépoussiéré ses équipements d’escrime pour les teinter aux couleurs de l’Algérie.
« Boudiaf avait à cœur de témoigner son amour à sa grand-mère. Elle a décidé de représenter l’Algérie en 2021 pour refaire vivre le souvenir de son aïeule », explique Bernaoui.
Puisant dans son amour indéfectible pour sa grand-mère, la sabreuse à honorer l’Algérie lors des différentes compétitions en terrassant les plus hautes athlètes du classement mondial lors des JM d’Oran 2022. Sur le plan continental, Boudiaf a décroché deux médailles d’or en individuel aux championnats d’Afrique 2023 au Caire, et une autre médaille d’or par équipes aux championnats d’Afrique 2022 à Casablanca.
Saoussen Boudiaf : du rose au bout du tunnel
Son passage tricolore a pris fin lorsqu’elle fut victime d’un nauséabond racisme. Mais, tel un ange gardien, une athlète de renommée allait vite prendre Saoussen sous son aile pour la soutenir, et marquer un refus catégorique de cette abominable conduite.
Ainsi, la première américaine médaillée d’or olympique, Ibtihaj Muhammad, escrimeuse et importante personnalité publique aux USA soutenue par Barack et Michelle Obama, a exprimé sa solidarité avec Boudiaf en la défendant corps et âme. C’est le début d’une belle histoire d’amitié qui commence entre les deux athlètes.
https://www.facebook.com/ibtihajmuhammadusa/posts/pfbid02Zj2kuyDKVKGmgNs7GK8z3mdx2WfStXdJEp6Z43Hfv3yKXXDYsv3VGPLue1caecgtl
Première Barbie voilée de l’histoire, Ibtihaj a marqué l’histoire des États-Unis sur, et en dehors des pistes d’escrime en faisant annuler une décision présidentielle d’interdire le port du voile dans les aéroports américains.
Sur ses pas, “l’Algérienne Boudiaf sera la seconde Barbie voilée de l’histoire”, nous fait savoir Raouf Bernaoui. Jouissant d’une notoriété internationale, l’escrimeuse algérienne a été à l’origine d’une collection sportive dédiée aux femmes voilées que le géant équipementier américain, Nike, a élaboré.
Les épreuves féminines de l’escrime olympique auront lieu dès le 27 juillet. Notre valeureuse escrimeuse, Saoussen Boudiaf, aura toutes les chances de son côté pour créer l’exploit, compte tenu de sa volonté et de sa résilience.
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