Il y a parfois dans le football des instants suspendus, où le destin semble vouloir faire briller l’inattendu. Mokhtar Ferrahi, gardien du Paradou AC, en a été l’illustration parfaite ce vendredi à Khenchela.
En effet, alors que son équipe était menée et que le chronomètre filait vers la fin du temps additionnel, le portier du Paradou, Mokhtar Ferrahi, s’est avancé, en dernier espoir, sur un ultime corner. Une montée téméraire, presque désespérée — mais à la réception du centre de son coéquipier Adil Boulbina, Ferrahi s’est envolé et a catapulté le ballon de la tête dans les filets. Égalisation. 2-2. Silence puis stupéfaction dans les tribunes du stade Hammam Ammar à Khenchela.
Un but splendide, rare, puisqu’il s’agit d’un exploit d’un gardien de but. Mais ce moment de grâce a vite laissé place à l’inacceptable.
USMK – PAC (2-2) : violences, coups et joueurs agressés, que s’est-il passé à Khenchela ?
À la sortie du terrain, alors que les joueurs du PAC rejoignaient les vestiaires, certains ont été violemment pris à partie par des individus extérieurs au match, décrits comme proches du club local. Insultes, agressions et violences physiques… et parmi les cibles, Mokhtar Ferrahi lui-même, le héros du jour, sauveteur dans les cages devenu buteur. Un cruel retournement. Celui qui venait d’offrir un point inespéré à son équipe a été balafré, victime d’un climat de tension qui dépasse le cadre du sport.
D’après le communiqué du Paradou, les prémices de ces violences s’étaient manifestées plus tôt, à l’hôtel même où résidait la délégation du club algérois. Des heurts y auraient éclaté avec des personnes se disant proches de l’USM Khenchela. Et dans le tunnel du stade, la tension a explosé. « Aujourd’hui, nous avons été témoins — depuis la matinée — de provocations répétées, allant jusqu’à une agression envers notre entraîneur adjoint, et ce avant, pendant, et même après le match. Plus grave encore, l’envoi de pseudos-supporters pour nous agresser à l’hôtel constitue un acte indigne et dangereux, qui dépasse toutes les limites du fair-play », lit-on sur la page de Athletic Paradou.
Depuis, les deux clubs se rejettent la responsabilité dans une série de communiqués houleux. L’un dénonce des agressions préméditées, l’autre évoque une calomnie. « La direction de l’USM Khenchela dément toutes les rumeurs concernant une agression contre la délégation du Paradou AC. Les deux équipes ont passé la nuit dans le même hôtel et il n’y a eu aucun problème. Ce qui s’est produit à l’hôtel est une simple altercation entre un dirigeant de Paradou et l’agent de sécurité, et la situation est rapidement revenue à la normale », explique le communiqué de l’USM Khenchela. Et d’ajouter, « la rencontre s’est déroulée sous diffusion télévisée et aucun incident n’a été signalé après le match. Ce sont des accrochages entre les joueurs des deux équipes dans le tunnel menant aux vestiaires. Toutes les rumeurs affirmant que le président du club aurait agressé le gardien du Paradou sont de la pure calomnie et une tentative de certaines parties de porter atteinte à sa personne. Tout ce qui se raconte n’est qu’un scénario monté de toutes pièces ».
Ce triste épisode rouvre la plaie encore vive des violences dans les stades algériens, malgré les directives, et les sanctions, de la FAF et de la Ligue professionnelle.
Ce vendredi, Mokhtar Ferrahi aurait dû repartir de Khenchela comme un héros. Il en est sorti avec une plaie sur le visage. Son but restera dans les annales, mais le goût amer des coups ternit ce moment de gloire personnelle.
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