Mohamed Ramdaoui a grandi dans le quartier Abou Tachfine à Tlemcen. Passé par l’académie de la FAF à Khemis Miliana, où il est repositionné en attaque, il rejoint ensuite le Paradou. Il avance sans précipitation, avec des repères clairs. À travers l’échange, on découvre un joueur concentré sur ce qu’il construit, entre sa progression en club, son passage en sélection U20, et les étapes qui se dessinent.
Tu évolues avec les seniors du Paradou depuis trois saisons maintenant. Raconte-nous comment s’est passée ta toute première année dans le groupe.
Bon, ma première saison, je ne jouais pas beaucoup. Je m’entraînais tous les jours, j’ai fait seulement deux matchs. La plupart du temps, j’étais avec les U21. L’équipe première était dans une situation compliquée, elle jouait le maintien, donc c’était normal que je n’aie pas beaucoup de temps de jeu.
Ensuite, ta deuxième saison, tu marques ton premier but en pro contre l’US Souf et tu délivres deux passes décisives.
Oui, on avait gagné 4-1. C’était mon premier match en tant que titulaire avec les seniors, avec le coach Corentin Martins. Ce match m’a vraiment donné confiance, je m’en souviendrai toujours.
Et c’est qui le premier entraîneur qui t’a appelé en A ?
C’est Chalo. Il m’a appelé alors que j’étais encore en réserve.
” Jaïdi m’a beaucoup aidé”
Et cette saison, lors de la phase aller, tu étais régulier et bon, mais lors de la phase retour tu joues moins…
Oui, en phase aller, on était avec l’entraîneur Jaïdi. Il m’a donné une confiance totale. Grâce à lui, je me sentais à l’aise dans l’équipe, j’ai pu donner le meilleur de moi-même, marquer des buts, enchaîner. Ensuite, avec Dziri Billel, j’ai aussi joué quelques matchs et j’ai marqué. Après, j’ai un peu moins joué, mais là je suis en train de revenir progressivement.
En ce moment, les résultats ne sont pas top avec Dziri Billel..
Le football, c’est comme ça. Quand il est arrivé, on a enchaîné de très bons résultats. Puis il y a eu un passage à vide, c’est normal dans une saison. Il faut savoir gérer ces moments de doute. Franchement, Dziri fait tout son possible, et son staff aussi.
Le Paradou, c’est une équipe jeune, mais vous avez aussi quelques joueurs d’expérience.
Oui, c’est la philosophie du club depuis longtemps : faire confiance aux jeunes. Cette année, ils ont quand même ramené des joueurs d’expérience comme Yettou et a aussi d’autres joueurs comme Ferrahi. Ils nous apportent énormément, ils nous conseillent, ils nous parlent… Franchement, c’est un vrai plus pour nous les jeunes.
On va faire un retour en arrière. T’es né où ?
Je suis originaire de Tlemcen, plus précisément du quartier Abou Dchine.
Comment t’as commencé le football ?
J’ai commencé à jouer dans le quartier à 6 ans avec mes potes. On faisait des petits matchs, puis on a participé à un tournoi assez connu où il y avait beaucoup d’équipes, comme le Paradou. Ça m’a motivé. Un an plus tard, j’ai fait des essais au Widad Tlemcen.
” Vicente m’a changé de poste, au départ j’étais défenseur central”
T’avais quel âge à ce moment-là ?
J’avais 13 ou 14 ans. On était 400 ou 500 à passer les tests, ils en ont retenu trois ou quatre. Je me suis rapidement imposé comme titulaire dès ma première saison en U14. C’était le cas aussi en U15, U16 et U17, j’ai même été capitaine durant toutes saisons avec eux.

Ensuite, la sélection nationale t’a appelé ?
Oui, on a d’abord fait une détection à Oran. Après ça, je suis revenu à Tlemcen, et j’étais encore titulaire. Puis à un moment donné M. Guessoum Sekrine, de l’académie FAF, est venu superviser certains joueurs. Il a vu un de nos matchs contre Bel Abbès, et mon profil lui a plu.
Et apparemment tu étais défenseur central à la base ?
Oui, exactement. J’ai commencé en défense centrale, puis je suis passé en 6. Et c’est seulement à partir de mes 17 ans que j’ai vraiment commencé à jouer attaquant.
Donc c’est à l’académie de la FAF qu’on t’a changé de poste ?
Oui, j’ai intégré l’équipe de Khemis Miliana en tant que défenseur central.
Et qui t’a changé de poste là-bas ?
C’était lors de ma première séance avec eux. Le coach Vicente (qui travaille maintenant avec Sahalia au Qatar) m’a tout de suite dit que je n’avais pas le profil d’un 6. Il m’a dit : “Avec ton gabarit, je veux t’essayer en avant-centre”. Il m’a aussi dit que techniquement, j’étais capable de jouer à l’aise en seniors en Algérie.
Vous jouiez un championnat avec l’académie ?
Oui, l’académie avait un partenariat avec Khemis Miliana. On jouait le championnat U21, deuxième division.
“Je suis arrivé en U18 au Paradou et j’ai directement joué avec les U21”
Que des matchs extérieurs ?
Au début oui, puis on a commencé à jouer aussi à domicile. Quand je suis arrivé à l’académie, j’ai joué 6 mois. On avait des matchs à l’extérieur et à domicile.
Donc t’as joué 6 mois avec les U21, ensuite tu as rejoint le Paradou ?
Oui. Pendant ces 6 mois, j’ai joué seulement 8 matchs à cause d’un problème de licence. J’ai marqué 5 buts et délivré 2 passes décisives. Ensuite, j’ai joué les trois derniers matchs avec les seniors de Khemis Miliana, qui jouaient le maintien. J’ai eu quelques minutes à 16 ans, hamdoullah.

C’était difficile pour toi de jouer face à des joueurs plus aguerris et plus physiques ?
Oui, c’était dur. Il faut un minimum d’expérience. Mais c’est comme ça qu’on apprend. Il faut jouer pour gagner en maturité.
Et la transition avec le Paradou, comment c’était ? Depuis quelle année t’es au club ?
Dès que notre parcours s’est terminé avec l’académie, j’ai eu un contact avec le Paradou. On est venus avec mes amis, et on a signé notre contrat.
T’avais quel âge à ce moment-là ?
J’étais en U18 quand je suis arrivé. J’ai directement intégré le groupe U21.
Avec la sélection nationale, c’était quand la première convocation ?
C’était l’année dernière, pour le tournoi UNAF en Tunisie. Après, il y avait un autre tournoi, mais j’étais blessé à l’épaule.
“L’entraîneur marocain est venu dans notre vestiaire et il nous a dit qu’on était la meilleure équipe qu’il avait affrontée.”
Justement lors du tournoi UNAF, on avait l’impression que cette génération pouvait vraiment remporter le tournoi..
Oui, on avait une vraie cohésion. On était un groupe soudé. Chacun connaissait les qualités de l’autre. Ça ne s’est pas fait en un jour. Lors du premier stage, personne ne se connaissait. On a bossé ensemble pendant un an et demi, on a fait plusieurs tournois, on est partis en Côte d’Ivoire… Petit à petit, on a bien appris à maîtriser le ballon et à mieux jouer ensemble.
On a l’impression que c’est toujours le même scénario avec les jeunes algériens, vous encaissez à la fin du match sur des erreurs de marquage..
Peut-être un manque de concentration. Tout ce que les coachs nous disaient, on l’appliquait correctement. Mais parfois, sur un détail, on prend un but bête. Contre le Maroc, on encaisse à la 89e minute… C’est cruel.
D’ailleurs, l’entraîneur du Maroc vous a félicités..
Oui, il est venu à la fin du match dans nos vestiaires. Il nous a dit “bravo bravo bravo”. Il a ajouté que c’était la meilleure équipe qu’ils avaient affrontée jusque-là. Franchement, on méritait d’aller à la CAN, voire à la Coupe du Monde. On avait vraiment une bonne équipe.
Quand vous êtes revenus, c’était quoi le discours entre les joueurs ?
Franchement, on s’est regardés entre nous, et on s’est dit que c’était vraiment dommage. On a mal géré les derniers moments, on a raté pas mal d’occasions… Pourtant, en termes de discipline tactique, on était bien organisés.
“Avec Petkovic, le jeu est fluide et on domine les matchs”
Tu marques un but tout en maîtrise contre la Libye. Quand on regarde ton profil, tu es imposant physiquement, à l’aise techniquement. Quels sont tes modèles ?
J’aime beaucoup des joueurs dans mon style comme Haaland, Lukaku, Lewandowski. Mais pour atteindre ce niveau, il faut énormément de travail, d’exigence, et de régularité.
Tu commences à avoir un peu d’expérience. Comment tu vois la Ligue 1 algérienne ?
Avant, c’était plus physique. Aujourd’hui, ça a évolué. Il y a de plus en plus de bons joueurs. Franchement, la différence entre jouer à domicile ou à l’extérieur se ressent de moins en moins.

Tes ambitions Mohamed ? Comment tu vois la fin de saison et la suite ?
Honnêtement, je me concentre sur la fin de saison. Après, inchallah, idjib lkhir.
Et par rapport à l’équipe nationale, t’as suivi les derniers matchs ? T’en penses quoi ?
Franchement, ils sont bien. Le jeu est fluide, ils dominent les matchs et inchAllah ils iront très loin lors de la prochaine CAN au Maroc.
Tu trouves que le style a changé ? Les joueurs sont plus à l’aise ?
Je ne peux pas trop juger. Mais oui, on sent qu’il y a du progrès. Et il y a de très bons jeunes qui arrivent comme Maza et Chiakha.
“La Premier League correspond à mon style de jeu”
Ton objectif, c’est forcément l’Europe. Est-ce que tu te dis : je dois partir maintenant, ou je dois d’abord m’imposer ici ?
Pour l’instant, je reste concentré sur la fin de saison et l’équipe nationale. Les échéances approchent. Je ne peux pas encore me positionner, on verra.
Et en Europe, il y a un club ou un championnat que tu aimes ?
J’aimerais bien jouer en Angleterre. C’est un championnat qui colle à mon style de jeu.
D’ailleurs, parlons un peu de ton poste en attaque, tu es le plus à l’aise en pointe ou sur le côté ?
En équipe nationale, j’ai joué deux fois en pointe, mais la plupart du temps, j’étais ailier gauche. Avec ma vitesse, ce poste me convient bien. Mon rendement était meilleur. Franchement, je suis à l’aise sur les trois postes de l’attaque.
On sent que la formation en Algérie commence à prendre une vraie place, avec de plus en plus de clubs qui s’y mettent sérieusement, t’en penses quoi ?
Franchement, c’est très bien. Former les joueurs, leur donner une bonne base dès le début, c’est indispensable. C’est comme ça qu’on construit des générations solides.
Je te laisse le mot de la fin Mohamed ..
Le Paradou donne vraiment leur chance aux jeunes. Même si tu te trompes, tu as droit à une deuxième chance. Pour l’instant, je pense à la fin de saison avec l’équipe nationale. Si le club voit qu’un transfert cet été serait bon pour moi je ne dirai pas non ..