La séquence a été massivement relayée sur les réseaux sociaux. Des joueurs de l’équipe nationale, notamment des anciens, qui s’agitaient sur le bord du terrain dans les derniers instants du match Guinée – Algérie (0-0) pour demander à l’arbitre de siffler la fin de la rencontre. Cette image est le reflet d’un traumatisme persistant de cette nuit du 29 mars 2022 dont les démons sont toujours là plus de trois années après. Ce blocage est peut-être aussi l’une des raisons qui font que l’EN déjoue en se retrouvant proche de conjurer le sort. Psychanalyse.
Riyad Mahrez et ses coéquipiers se (re)mettent à sentir la Coupe du Monde. Ce sentiment, ils l’ont déjà connu sous les ordres de Djamel Belmadi. Un rêve volé. Un cauchemar lancinant. Le 29 mars 2022, dans ce qui était supposée être leur citadelle imprenable de Mustapha Tchaker, les Fennecs ont capté l’odeur du festin planétaire avant que Karl Toko-Ekambi ne vienne fourrer sa tête pour renverser le banquet. Le résultat : une élimination indigeste qui reste en travers de la gorge et des… têtes.
Petkovic n’a pas le même vécu… et ça change la perception
Le traumatisme est difficile à surpasser. La rémission a des instants fréquents de perdition. Et le fait qu’ils surviennent à l’approche d’acter la qualification relève de l’alarmant. La manière est souvent absente. El-Khadra se cherche toujours sous les ordres d’un Vladimir Petkovic qui manage au jour le jour sans donner l’impression qu’il travaille avec une longue portée à sa projection.
Pour lui, la priorité est d’assurer la présence en Coupe du Monde. Peu importe ce qu’on voit sur le rectangle. Le déphasage est là. Et il a peut-être une explication à cela. Le sélectionneur et certains de ses joueurs, des cadres particulièrement, n’ont pas la même approche des événements. Le successeur de Belmadi, qui a vu ses troupes rechuter lourdement à la CAN 2023 avec une nouvelle élimination précoce sans proposer grand-chose, n’a pas connu la commotion face aux Indomptables Lions. A partir de là, il est délicat de trouver la même longueur d’ondes même si l’objectif est commun : se qualifier à la Coupe du Monde.
Trop craintifs et peu réceptifs ?
Dès lors, il est difficile pour lui de comprendre ce que ses protégés ont traversé ou la profondeur de la lésion. C’est pourquoi ses idées, combien même elles peuvent être remarquables, se heurtent à des problèmes d’assimilation ou de mise en application. Qu’on se le dise clairement : certains éléments jouent avec cette hantise qui alourdit les jambes et altère la vision dans les duels où les attentes sont là tout comme la pression.
Pour rebâtir, il est normal que Petkovic privilégie les joueurs expérimentés. Cependant, contrairement aux jeunes et aux nouveaux, les briscards ont cet épisode noir dans les têtes. Voire même dans leur subconscients même s’ils essayent de se persuader qu’ils ont dépassé ce crash. C’est pourquoi injecter du sang neuf aurait pu permettre d’aborder l’avenir avec fougue qui chasse les démons du passé. Après tout, il faut bien penser à l’avenir. Et, sur le banc, il y a la matière pour bâtir. Pour cela, il faut oser et mettre de l’ordre dans le chantier.