Les sélections marocaines, toutes catégories et genres confondus, connaissent une franche réussite ces dernières années. Cela est le dur labeur d’une stratégie (plutôt qu’une politique) que la Fédération royale marocaine de football (FRMF), que préside Fouzi Lekjaâ, a mis en place. Fier de voir les choses fonctionner et porté par l’éclatant titre des U20 du Maroc lors de la Coupe du Monde 2025, jouée au Chili (27 septembre – 20 octobre) de la catégorie, le patron de la FRMF n’a pas manqué d’envoyer une pique vers l’Algérie, son rival politico-sportif.
En position de force, Lekjaâ a complètement le droit de se targuer d’avoir conquis des terres qu’on pensait inatteignables pour les voisins il y a quelques années de cela. Surtout qu’au début de la deuxième décennie du nouveau millénaire, les Fennecs semblaient avoir de l’avance sur les Lions de l’Atlas. Mais ça, c’était avant. Depuis 2009, le Maroc a décidé de lancer l’Académie Mohamed V à Casablanca. Lekjaâ a débarqué aux commandes de la FRMF en 2012. Et il a commencé à rouler sa bosse et tisser son réseau au sein de la Confédération africaine de football (CAF) profitant notamment du départ d’Issa Hayatou en 2017 et la redistribution des cartes après le départ de certains As qui dicter les lois du jeu.
Du lobbying mais pas que…
A partir de là, le lobbying marocain s’est intensifié. Cependant, le plan ne se reposait pas seulement que sur l’influence au sein de la CAF. La FRMF a aussi lancé ses tentacules pour prospecter large et convaincre sa diaspora de footballeurs de représenter la sélection dans les différentes classes. Et quand on a une académie locale qui sort un bon produit et des jeunes d’ailleurs qui présentent un attachement “viscéral” à leur pays d’origine, on fini par avoir des équipes de jeunes performantes qui ambitionnent d’aller décrocher les étoiles. Sans parler des “seniors” de Walid Regragui qui ont brisé le plafond de verre pour l’Afrique en atteignant la demi-finale de la Coupe du Monde 2022.
Cela a “décomplexé” les autres catégories. Le Maroc a eu droit au bronze du foot aux Jeux Olympiques Paris 2024 après avoir décroché la CAN U23 en 2023 puis la Coupe du Monde 2025 des U20 en clou du spectacle. On peut aussi évoquer le football féminin avec le place de finalistes des Marocaines à la CAN 2024 ainsi que les clubs locaux qui réalisent des bons parcours en Ligue des Champions et Coupe de la Confédération CAF.
« On fête les victoires »
Il est évident que tout n’est pas dédié à la sélection première et que la culture de la gagne est administrée à tous les niveaux. « On est plus le Maroc qui fête les qualifications, on fête les victoires », a déclaré Lekjaâ face aux U17 qui vont disputer le Mondial “cadets” au Qatar (03 -27 novembre) pour les galvaniser et les inciter à marcher sur les traces de leurs ainés. Il ajoutait, « Vous l’avez remarqué, il y’a quelques semaines, l’équipe nationale A s’est qualifiée à la Coupe du Monde, il n’y a rien eu. Pour les marocains c’est tout à fait normal et c’est une évidence. »
Beaucoup y ont vu une insinuation faite sur l’Algérie et une allusion à la réception des joueurs par le Président de la République Abdelmadjid Tebboune après la date FIFA d’octobre et la validation du billet pour la Coupe du Monde 2026. Que ce soit le cas ou pas, Lekjaâ s’est donné les armes pour envoyer ce genre de missiles. C’est tout ce qu’il y a à retenir. A l’Algérie de faire autant pour rééquilibrer cette rivalité sempiternelle dans laquelle la Fédération algérienne de football (FAF) a clairement perdu du terrain. L’instabilité au niveau du cockpit “fafien”, avec le passage de 4 présidents depuis 2017 et l’absence d’une feuille de route claire, y est pour quelque chose.
