Faisant face à une fronde intérieure nourrie par les récentes protestations citoyennes au Maroc, appelant au boycott de la CAN 2025 et réclamant un meilleur système de santé et d’éducation, Fouzi Lekjaa semble avoir trouvé son bouc émissaire préféré : l’Algérie. Comme souvent chez les dirigeants à court de solutions, le président de la Fédération royale marocaine de football a choisi la vieille recette politique de l’ennemi extérieur pour tenter de calmer la fronde interne.
Dans un long monologue alliant fausse fermeté et sarcasme mal déguisé, Lekjaa s’est lancé dans une tirade accusatrice, reprochant à l’Algérie un supposé complot après que le Maroc a obtenu l’organisation de la CAN 2025. Une sortie qui, sous couvert d’exploit retentissant, trahit surtout un embarras politique. Le patron du football marocain a multiplié les déclarations grandiloquentes, vantant les vertus touristiques et économiques que représenterait pour le royaume l’accueil d’un tel événement, ce qui aurait pu faire office d’argumentaire tenant plus ou moins la route devant la bronca de la population, s’il ne s’était pas amusé à accuser l’Algérie de tous les maux qui lui donnent des céphalées, comme si le simple fait d’invoquer l’Algérie allait resserrer les rangs.
En effet, il aurait pu défendre cette même idée sans avoir à convoquer le voisin algérien dans un récit de rivalité obsessionnelle. D’autant que nul n’a oublié les conditions opaques dans lesquelles le Maroc a été désigné pays hôte : un processus où l’Algérie, faut-il le rappeler, avait retiré son dossier de candidature après que Lekjaa lui-même eut annoncé au parlement l’attribution du tournoi… plusieurs mois avant le vote officiel du comité exécutif de la CAF. Si c’est cela qu’il appelle de la manipulation, à la bonne heure !
La presse algérienne, qualifiée de « chiens errants » par le dirigeant marocain, n’a fait que souligner ce que beaucoup dénoncent déjà au sein du continent : une CAF affaiblie, devenue une coquille vide, où règlements et équité sportive sont piétinés au gré des intérêts politiques.
Au lieu d’enfiler le costume du tribun nationaliste, Lekjaa aurait mieux fait de s’attaquer à la crise intérieure par des réformes structurelles et une gestion budgétaire plus transparente. En s’enfermant dans une rhétorique de confrontation, il ne fait que confirmer une obsession maladive vis-à-vis de l’Algérie, un pays qu’il s’emploie à ériger, à chaque occasion, en ennemi juré.
Ironie du sort, le même matin, c’est un Lekjaa plus rationnel qui prenait la parole au parlement pour essayer de trouver une solution à la crise des bonbonnes de gaz. Là, il était dans son rôle. Le soir venu, il a choisi l’escalade verbale et la diversion politique. L’image même d’un dit responsable politique qui préfère s’attaquer à l’Algérie qu’il dit « isolée sur le plan régional » pour masquer les fissures de son propre édifice.
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