Invité de l’émission “C’est vous l’Expert“, Mohamed Belkacemi nous a raconté avec beaucoup d’émotion son passage à l’USM Alger et le travail de formation qu’il y a effectué. Une aventure humaine extraordinaire qui a marqué l’ancien cadre de la FFF au plus profond de lui même mais qui lui aura aussi permis de déceler les lacunes de football algérien. Propos recueillis lors de son passage à notre antenne.
“J’ai eu la chance de rencontrer Boudjema Mohamedi, manager de l’USMA, qui m’a offert la possibilité de travailler là-bas. Je l’en remercie encore parce que il a fait plus que m’amener à l’USMA, il m’a soigné. J’ai fais un travail de fond, je travaillais 10 à 13 heures par jour et j’ai rencontré des gens extraordinaires. J’étais DTS (Directeur technique sportif). Je devais mettre en place un centre de formation à l’USMA, apporter un projet de jeu. J’ai fais tout du départ” nous explique l’ancien formateur à la FFF.
Révolution de l’école de football en 3 mois…
“À l’école de football, j’ai eu 1000 gamins tous les samedis sur un seul terrain. Pour vous dire l’impact que ça a eu lorsque les gens ont su que ça travaillait. Le manager et le président (NDLR: Haddad) m’ont donné les rennes et ne se sont jamais immiscés dans mon travail. J’ai donné le maximum de moi-même et je ne pouvais pas les décevoir. J’ai fais un gros travail de formation. Toutes les semaines je prenais chaque entraineur et je travaillais avec eux. Je demandais qu’on m’amène toutes les séances par écrit. Peu importe s’ils écrivaient bien ou pas. Ce que je voulais c’est qu’on reste dans la philosophie du programme que j’avais mis en place“.
“Ça s’est bien passé parce que quand je suis parti, les 21 ans terminent 2nd au classement, les 20, 18 et 17 ans terminent premiers, les 15 ans finissent quatrième, tous qualifiés en Coupe d’Algérie. Ils jouaient tous de la même manière en 4-3-3 avec une philosophie de jeu. J’étais très content je prenais du plaisir à les voir jouer alors qu’au début la culture tactique n’était pas ancrée chez nous. On a bien cadré les jeunes, pas qu’au niveau footballistique mais également en dehors du football. Quand vous voyez les gamins avec les yeux qui s’ouvrent et qu’ils ont la banane parce qu’ils jouent, vous êtes fiers. Je suis une âme sensible je peux rigoler avec eux mais également pleurer avec eux parce que je suis passionné“.
Une Super coupe d’Algérie avec les A en bonus !
“J’ai eu l’occasion de récupérer l’équipe A après le départ de Cavalli. Le président a voulu que je coache avec Mustapha Aksouh pour le match contre le Mouloudia d’Alger. Les frères ennemis on ne pouvait pas se rater. Boudjema m’a dit qu’il n’y avait que moi pour faire ça. J’ai pris le match en main après seulement 4 entrainements. Je remercie Cavalli parce qu’il avait fait un gros boulot l’équipe jouait bien, j’ai juste un peu changé le système tactique. Avant le match, j’ai fais un gros travail sur le mental, j’ai reçu les joueurs un par un dans ma chambre et j’ai mis une grosse pression pour cette rencontre“.
“Comme j’avais eu l’occasion de voir le match de championnat au cours duquel ils avaient perdu 2-0 j’ai rectifié quelques détails. Les joueurs m’ont montré beaucoup d’engouement, d’envie. Ils ont gagné 2-0. Des souvenirs mémorables. Bien sur que ça m’a donné envie de reprendre l’équipe mais en 2 mois changer 3 entraineurs c’était trop et puis je pense que pour prendre une équipe en Algérie il faut venir avec son staff“.
Des lacunes à combler de toute urgence…
“Il y a des mauvais côtés bien évidemment. Au niveau organisationnel ce n’est pas évident il faut toujours être derrière. Il faut aussi insisté sur les valeurs éducatives dans le sport où là il y a des défaillances. Il y a aussi beaucoup de violences autour du terrain qui font un peu peur. Il y un gros travail à faire quand je vois qu’il n’y a pas de portique de sécurité. Niveau infrastructure on a rien… J’étais aller voir un match de jeunes à Kouba, le soir. A un moment donné il n’y avait plus de lumière. Un côté du terrain était éclairé et l’autre non, on ne peut pas travailler comme ça. Et puis au niveau des sanitaires tout ça c’est pareil…“
Un avenir à la FAF ? Comment faire pour restructurer le football national.
“Il faut vraiment qu’il y ait un vrai projet. Avec des locaux et des gens de l’extérieur. Je pense qu’il faut arrêter de faire du neuf avec du vieux. Les instances du pays prennent leur responsabilité et des gens compétents, qui ont la fibre, qui connaissent, qui ont envie de donner au pays pour restructurer et qui ne viennent pas pour l’oseille. Il y a des hommes en Algérie, il faut croiser les compétences, les histoires. On a des gens au Canada, en Allemagne, en Belgique, en France, qui font des choses extraordinaires moi je le vois tous les jours. Je me dis que c’est dommage d’avoir des talents perdus qui restent sur le côté alors qu’ils ont vraiment envie. On parle de la refonte de l’EN. La pyramide chez nous est à l’envers, il faut d’abord poser les fondations et monter petit à petit pierre par pierre pour arriver en haut“.
“L’État doit être responsable. Il doit mettre en place un vrai projet financier sur le plan des infrastructures et de la formation. Un projet suivi, supervisé et accompagné. Pourquoi est-ce que à l’USMA ça a bien marché ? Au début c’était pas évident mais quand ils sentent qu’on est là pour eux ils ont envie de donner le maximum d’eux mêmes. Honnêtement j’avais des soldats. Les résultats que j’ai donné avant ce n’est pas les résultats de Mohamed mais celui du staff, la coupe gagnée c’est le président, le manager, le staff… La victoire se gagne à plusieurs… A un moment donné il faut que ça parte d’en haut. Que l’Etat prenne le bébé dans ses mains il n’y a pas d’autres alternatives“.
L’émission en intégralité à écouter ici :
Synthèse Yahia S. du passage de Mohamed Belkacemi
dans l’émission “C’est vous l’Expert”