Observateur avisé de l’Équipe Nationale, le coach Nabil Medjahed a décortiqué pour nous le match des Verts face à l’Iran. Système de jeu, compositions des équipes, l’entraîneur du RC Kouba a passé tout en revue. Pour ce détenteur du diplôme UEFA A pro, la sélection algérienne continue à payer cash la faiblesse de sa défense. Décryptage.
L’EN s’est inclinée lors de son deuxième match de préparation face à l’Iran (2-1), que vous a inspiré la prestation d’ensemble des Verts ?
On a eu beaucoup de difficultés, notamment lors des vingt premières minutes. Le sélectionneur a changé son dispositif tactique en revenant à quatre défenseurs derrière, dans le but, sans doute, de trouver un meilleur équilibre. Mais l’axe central a fait preuve d’un manque de cohésion flagrant. On a changé le gardien, les centraux et les latéraux. Ce secteur a connu beaucoup de chamboulements ces quatre dernières années. Il ne fallait pas s’étonner, par conséquent, que ça ne fonctionne pas tout de suite. Ça nous a coûté deux buts en l’espace de vingt minutes à peine.
Est-ce à dire qu’il aurait plus judicieux de continuer à jouer en 3-4-3 dans le but justement de travailler cette cohésion ?
Je pense qu’il aurait été plus judicieux de travailler dans la continuité de ce qui a été fait en 2014. Il fallait surtout penser à reconduire le même système de jeu qui a montré toute son efficacité. Il suffisait juste d’insister sur les difficultés que nous avons au niveau de l’axe central et le flanc droit de la défense. Trouver les bonnes combinaisons et apporter les réglages nécessaires. Sans plus…
Donc pour vous, le problème majeur de l’Équipe Nationale aujourd’hui est sa défense ?
Oui. Et ça ne date pas d’aujourd’hui. C’est un problème qui persiste depuis quelques années. Sous l’ère Gourcuff déjà, la défense de l’EN a montré toute sa fragilité. Mais lui, a réussi à compenser ça par une animation offensive extrêmement efficace. Le fait aussi d’avoir écarté autant de cadres en même temps a fait qu’on a encore du mal à reconstruire une défense solide.
Quelle serait, pour vous, la meilleure composante défensive, en prenant compte naturellement des données et des moyens humains actuels ?
Je ne veux pas spéculer sur ça. Je pense que le sélectionneur et ses assistants sont mieux placés pour décider de qui doit jouer en défense.
Après quatre matches, comment jugez-vous le rendement de l’EN sous l’ère Madjer ?
Si l’on se contentait de son bilan comptable, il est plutôt positif. Le sélectionneur n’a eu de cesse de répéter que son objectif est de relancer le joueur local. Je pense qu’il est en train de mettre les joueurs dans des conditions psychologiques idéales. Mais il faudra enchainer les matches avec des équipes plus aguerries pour pouvoir juger réellement le potentiel de cette équipe.
Vous avez évoqué plus haut l’importance de maintenir un système qui a montré son efficacité en 2014 ; donc pour vous le 4-3-3 est l’organisation de jeu qui sied le plus à l’EN ?
Le 4-3-3. Le 4-1-4-1, aussi. Mais sûrement pas une défense à trois !
Le public algérien est frustré de ne pas voir Mahrez jouer comme avec Leicester City. On a l’impression qu’il se recherche constamment. Qu’est-ce qui cloche avec lui ?
Mahrez reste le meilleur joueur algérien. Ceci est incontestable. Son problème c’est qu’il a acquis des automatismes avec des joueurs qui ne sont plus convoqués aujourd’hui. Il a besoin, du coup, de temps pour parfaire ça.
Carl Medjani a dit à la fin du match face à la Tanzanie que l’EN devait élever son niveau de jeu face à l’Iran. Au-delà du résultat qui a sanctionné les débats, avez-vous eu à un moment ou un autre l’impression que l’EN a élevé son niveau ?
Comme je l’ai dit, notre début de match a été très compliqué. Mais par la suite, le jeu s’est équilibré. Mais dans l’absolu, je trouve que l’Iran ne nous a jamais été supérieur au cours de ce match.
Le résumé du match en HD :
Entretien réalisé par Nabil Boughanem,
pour la Gazette du Fennec
