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Yacine Brahimi : “La seule chose qui m’intéresse, c’est de gagner le championnat”

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L’international algérien Yacine Brahimi s’est longuement confié au magazine Onze Mondial dans un entretien exceptionnel réalisé en deux parties. On vous propose ici la 2ème partie où le Fennec s’exprime à cœur ouvert sur sa personnalité et l’Algérie.

Personnalité

Personnalité
Credit Photo – Hugo Lebrun / Hans Lucas

Si Brahimi devait présenter Yacine, il dirait quoi ?

Je suis quelqu’un de très généreux, très famille. Quand j’aime, je donne tout. Mes proches représentent tout, c’est pour eux que je fais tout ça chaque jour. Je suis simple. Le foot ne me fera jamais changer. Il peut tout m’arriver, ça ne me changera jamais.

Comme tous les Algériens, tu dois être orgueilleux aussi ?

C’est clair, j’ai ma fierté. La dignité, c’est plus important que tout. Il y a des choses que je ne pourrai jamais faire par dignité, par fierté.

Tu as dit : “Je préfère un entraîneur qui te regarde dans les yeux et te dit ça, ça, ça plutôt qu’on me fasse les choses par derrière“. On t’a déjà fait des choses par derrière ?

Ah bah ça… (il souffle). C’est sûr. Je ne peux même pas te citer un exemple, mais c’est bien dans le sens où ça t’apprend sur la vie. Il faut que tu aies des petites galères dans ta vie. Si ta vie est toute rose, toute tranquille, pfffff. Sinon, des galères, j’en ai déjà eu plein (rires). Des gens qui te mentent, te promettent d’aller à tel endroit alors que cette histoire est fausse depuis le début. Ça, c’est le monde du foot. Je pourrais te raconter des choses comme 10 000 joueurs de foot. Quand ça t’arrive, il faut être solide, avoir ses armes pour pouvoir rebondir et rester droit.

Tu as des amis dans le foot ?

Ouais. J’ai de bons bons amis. Le foot m’a permis de connaître de vraies personnes comme Walid Mesloub. Je m’entends aussi super bien avec Moussa Marega, Riyad Mahrez. En sélection, il y a Aïssa Mandi, Nabil Bentaleb, des gars que j’apprécie beaucoup en tant qu’hommes. Moi, je n’apprécie pas un type sur ses qualités footballistiques. Je l’apprécie pour ses valeurs humaines.

On dit aussi de toi que ton envie de bien faire te joue des tours sur le terrain.

C’est vrai. Justement, ça reflète certaines choses. Parfois, j’ai envie de trop bien faire, c’est peut-être là où je vais faire la touche de trop et ça va me desservir, desservir mon équipe. À chaque fois, je dois trouver le juste milieu pour être au top.

Est-ce que à 16 ans, tu t’imaginais te retrouver ici à 28 ans ?

C’est clair que je n’imaginais pas connaître autant d’étapes dans ma carrière. Mais, je suis heureux. Je ne m’imaginais pas dans un club en particulier, mais quand tu as 16 ans, tu es un peu naïf. Tu vois ta situation, celle d’autres gars, tu entends certaines choses et tu te dis que ça va le faire. Mais, le destin fait que ça ne se passe pas comme ça.

Tu te dis que tu aurais mérité mieux ?

Non, je ne dis pas ça. J’ai fait de bons et de mauvais choix, je ne regrette rien. Aujourd’hui, je suis heureux. J’ai mes enfants, ma femme, ma famille et ça, c’est ma plus grande réussite. Et si Dieu veut, il me restera encore pas mal d’années devant moi.

On dirait que tu n’aimes pas tirer la couverture sur toi. Pourtant, ton jeu peut laisser croire le contraire.

Pour briller, j’ai besoin de mes coéquipiers même si je réalise parfois des choses qui sortent un peu de l’ordinaire. Plus tu es dans une bonne équipe, plus c’est facile. C’est logique. Jamais je ne pourrai tirer la couverture sur moi, car je ne suis personne si ce n’est le père de mes enfants et le fils de mes parents. Je suis un homme comme tout le monde, je n’ai rien fait de plus ou de moins, à part exercer mon métier.

Le fait d’avoir été rapidement marié, puis père de famille a-t-il eu un impact sur ton jeu ?

Sur mon jeu, non, mais sur ma vie, oui.

C’est quoi une journée type de Yacine Brahimi ?

Cette année, on joue tous les trois jours, je ne suis pas très souvent à la maison. On a tout le temps une mise au vert donc c’est deux jours d’absence à chaque fois. J’emmène mes enfants à l’école le matin, je rentre, je mange, je reste avec ma famille. Mes amis et mes parents viennent régulièrement. Je fais beaucoup la sieste pour me reposer. Et vu qu’on a la chance d’avoir un super cadre de vie, on sort se promener sur la plage, on fait les magasins, on mange au restaurant. Disons que le quotidien est un peu répétitif.

Algérie

Algérie
Credit Photo – Icon Sport

Chez les Bleuets, tu étais le joueur phare avec Ryad Boudebouz. Comme par hasard, vous vous retrouvez aujourd’hui en sélection algérienne…

Comme j’ai dit, ma décision était prise depuis un moment. Ça a été un choix du cœur donc ça n’a pas été un choix compliqué à faire. Voilà. Franchement, je suis super fier.

On entend souvent : “Ils ont la plus belle génération du football algérien“. C’est quoi une génération dorée ?

Le problème, c’est que… (Il coupe). Pour moi, il y a deux choses différentes : on a de supers joueurs, ça, c’est clair. Après, je pense qu’on sera la plus belle génération si on gagne des choses. Ce qui fait de toi le meilleur, ce sont les titres. Si tu ne gagnes pas, tu n’existes pas. J’espère dans un premier temps qu’on va se qualifier pour la Coupe d’Afrique 2019 et derrière tout faire pour la gagner. Le but est de remporter un titre avec cette génération.

C’est quoi le hic ? Pourquoi vous avez échoué comme ça ?

(Il souffle). Franchement, c’est compliqué. On sort d’une Coupe du Monde 2014 extraordinaire. On a été en huitième de finale, c’était historique. On perd contre les champions du monde en prolongation. Ensuite, on reprend bien. Avec Christian Gourcuff, tout se passe hyper bien. Bon, c’est vrai qu’on ne gagne pas la Coupe d’Afrique, on perd en quart de finale contre la Côte d’Ivoire, le futur vainqueur. Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première Coupe d’Afrique. Et la CAN, on sait tous comment c’est. Ce n’est pas facile. Après, il y a une succession d’entraîneurs, quatre en une année. Ça, ça fait mal à la sélection. L’instabilité n’a pas aidé l’équipe nationale. Après, nous aussi, joueurs, avons notre part de responsabilité parce que nous sommes sur le terrain. Comme à la dernière Coupe d’Afrique, c’est nous qui avons merdé. Maintenant, je pense qu’on a un groupe… (Il coupe). Je ne dirais pas qu’il est en train de se reconstruire mais, mentalement, il est en train de repartir. On a de plus en plus l’expérience africaine. J’espère qu’on répondra présent lors des prochaines échéances.

En sélection, vous êtes considérés comme les enfants du peuple. Vous vous rendez compte de ça ?

Oui, on s’en rend compte. Et c’est le plus dur à gérer, il y a tellement d’attente autour de nous. Parfois, les gens ne se rendent pas compte que nous avons encore plus envie qu’eux. On représente notre pays, on représente 40 millions de personnes, on représente nos familles. Donc c’est sûr que ce n’est pas facile. Pour eux, comme pour nous. Mais, bien sûr que je les comprends. Franchement, avec l’équipe qu’on a, même nous, on se demande ce qu’il se passe. Parfois, il n’y a pas d’explications. Comme la dernière Coupe d’Afrique, si tu me demandes, je ne saurais même pas te dire pourquoi on n’arrivait pas à jouer, pourquoi on n’arrivait pas à gagner un match. Parfois, il y a des choses qui ne s’expliquent pas et ça rend fou. Là, on a un nouvel entraîneur, les deux derniers rassemblements se sont plutôt bien passés, donc il faut apprendre de nos erreurs. On connaît un peu plus l’Afrique. Il faut prendre nos responsabilités et les assumer.

Tu viens de dire : “On connaît un peu plus l’Afrique“. C’est si particulier ?

C’est dur de jouer en Afrique. On ne va pas se mentir. Celui qui me dit que ce n’est pas dur de jouer en Afrique, c’est un menteur. Surtout pour nous.

Quand tu dis “nous“, tu parles des joueurs de talent ou des Algériens ?

Non, non, non, nous les Algériens. On ne va pas désigner quatre joueurs et voilà. Non, non, on est une équipe, on est tous ensemble. C’est dur. Parfois, il fait 40 degrés, la plupart du temps, les terrains sont catastrophiques. Mais voilà, on fait partie de l’Afrique, on se doit de représenter notre pays en toutes circonstances.

Comment as-tu accueilli la nomination de Rabah Madjer ? Il a été joueur de Porto, vous devez avoir une relation spéciale…

On a eu deux rassemblements avec lui. Les deux se sont super bien passés. Il est vrai que j’ai eu la chance de le voir une ou deux fois sur Porto, à l’époque. Ici, il est très très apprécié. Pour le FC Porto, c’est l’un des plus grands joueurs de l’histoire. C’est sûr qu’il y a un petit rapprochement par rapport à ça.

Ton plus beau souvenir avec l’Algérie ?

(Direct). La Coupe du Monde 2014. La qualification et la phase finale. C’était un truc de fou.

L’élimination a dû être terrible à digérer…

Laisse tomber. Au-delà de l’élimination, c’est la manière.

Quel regard portes-tu sur l’équipe de France aujourd’hui ?

Ils ont une super génération pétrie de talent. Ils ont de grands joueurs. Je pense que dans les années à venir, ils vont faire très mal. Peut-être dès cette Coupe du Monde.

Tu aurais eu ta place dans cette belle génération ?

Je ne sais, je ne sais pas (sourire). En tout cas, ils ont une très, très bonne équipe.

Évoquons Riyad Mahrez. À chaque mercato, il vit un peu la même chose que toi ou Faouzi Ghoulam. Il y a un problème avec la cote des joueurs algériens ?

Je ne sais pas s’il y a un problème avec la cote des joueurs algériens. La seule chose que je peux te dire, c’est que les deux exemples que tu as pris, Riyad Mahrez et Faouzi Ghoulam… (Il coupe). Bon après, c’est un peu différent.  Faouzi joue quand même dans un grand club, Naples. Même si je pense qu’il peut jouer dans un plus grand club. Concernant Riyad Mahrez, il a prouvé et démontré qu’il pouvait jouer dans un grand club. C’est tout. Tout ça, c’est clair.

Il y a un problème avec les joueurs algériens donc.

Non, non, il ne faut pas dire ça. Il ne faut pas rentrer dans cette paranoïa-là. D’une, je ne me suis jamais posé cette question. De deux, je ne veux pas rentrer dans ces considérations là. Ce n’est pas bon. La seule chose que je peux dire, c’est que Riyad a prouvé qu’il pouvait jouer dans un top, top, top, top club. Et Faouzi Ghoulam qui est déjà dans un grand club mérite encore mieux. À son poste, Faouzi Ghoulam est l’un des meilleurs d’Europe voire du monde. Je dis la vérité. Je ne dis pas ça parce que je suis Algérien.

Tu as compris la réaction de Riyad Mahrez après son nouveau vrai-faux départ ?

Bien sûr. C’est très dur de t’imaginer dans un club et de ne pas y aller. Après, je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement.

Conclusion

Conclusion
Credit Photo – Icon Sport

Tu aurais fait quoi si tu n’avais pas été footballeur ?

Franchement, je ne sais pas du tout. C’est une question que je me pose encore. Après je peux te donner des kiffs.

Comme ?

Ouvrir une entreprise avec mes proches, ouvrir un super restaurant… Tu vois ? J’ai envie de faire quelque chose en tant qu’homme. En dehors du foot, j’ai envie de me lancer dans une start-up, dans des technologies… J’ai envie de faire des choses.

Tu as des rêves ?

(Il réfléchit). Dans le foot, gagner le plus de trophées parce que je n’ai encore rien gagné. Collectivement, j’ai envie de soulever des coupes. J’ai envie de remporter des trophées parce que c’est ça qui écrit l’histoire d’un joueur.

Tu pourrais boucler la boucle à Porto sur un trophée…

J’espère gagner le maximum de titres avec Porto. On est encore en course en Coupe du Portugal et en championnat qui reste l’objectif principal.

Ce sera quoi le prix de Yacine Brahimi cet été ?

Je ne sais pas et franchement, je n’y pense pas. C’est la vérité. Beaucoup me disent : “Ouais mais non, Yacine, il faut penser comme ça ou comme ci”. Regarde, la seule chose qui m’intéresse, c’est de gagner le championnat, c’est tout. Ça, ça ne sort pas de ma tête et ça ne sortira pas de ma tête jusqu’à la fin de la saison. Je veux vraiment, vraiment, vraiment gagner des titres avec Porto.

Tu as vite quitté la France. Un retour en Ligue 1, ça ne te dit rien ?

J’ai grandi en France, en région parisienne. La France, pour vivre, c’est terrible. J’y ai encore toute la famille de ma mère, tous mes potes. La France, pourquoi pas ? Peut-être un jour.

Tu as été beaucoup annoncé à l’OM. C’était vrai ?

Non, non, moi, comme je t’ai dit, il n’y a rien. Ce sont des rumeurs, des “on dit”. Je n’ai jamais été en contact avec l’OM.

Tu n’aurais pas été intéressé ?

Franchement, je ne me suis jamais posé la question. Depuis ma première discussion avec le coach cette année, c’était sûr que j’allais rester à Porto. Et quand j’ai quelque chose en tête, je ne me mets pas autre chose en tête. Je suis heureux à Porto, je suis heureux dans ce grand club, j’ai envie de gagner.

Tu te vois faire quoi après le foot ? Tu te vois rester dans le foot ?

Franchement, je ne sais pas. En tout cas, j’espère faire quelque chose qui me permette de rester très proche de ma famille. Parce qu’aujourd’hui, je suis régulièrement loin de ma famille. J’espère avoir la chance de faire ce que j’ai envie de faire.

Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?

La santé pour ma famille et moi.

Tu voulais évoquer d’autres choses ?

Non, je pense qu’on a tout évoqué. On a parlé de tout. Je veux juste préciser que je n’ai aucun problème avec mon ancien conseiller, François Gil. Au contraire même, c’est lui qui m’a accompagné tout au long de ma jeunesse.

Entretien réalisé par Rafik Youcef, pour ONZE MONDIAL

>> Retrouvez également la 1ère partie sur ce lien :

Brahimi : “Je ne m’invente pas des vies”

 

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