Après l’Iran et le Cap Vert, l’Équipe nationale s’est une nouvelle fois inclinée, cette fois au Portugal (3-0). C’est de pire en pire à chaque rencontre. Alors, est-ce la défaite de trop pour la sélection de Rabah Madjer ?
Dans le football, on peut analyser deux choses : le résultat et le contenu. En s’inclinant 3-0 au Portugal, les Verts ont donc connu, une nouvelle fois, la défaite. Mais ce n’est pas tout. Que dire du contenu ? Catastrophique.
Pas de collectif
Encore une fois, on aura vu une équipe nationale désorganisée, sans idée directrice, mais aussi et surtout sans envie, sans état d’esprit, sans collectif. Alors, à qui la faute ? Évidemment, les joueurs ne peuvent pas être exonérés de tout. Quand on ne montre même pas un début d’envie, de combativité, il n’y a aucune excuse. Derrière, que ce soit Chafai – Mandi ou Bensebaini – Mandi, ça ne va pas. Il manque un leader, un guerrier, un Halliche. Mais ça manque aussi de coordination, de lecture de jeu. D’ailleurs, en début de rencontre, on ne sait même pas si Medjani jouait en défense central, dans une défense à cinq, ou s’il jouait au milieu de terrain en sentinelle. Sur les côtés, Benmoussa a été dépassé et Ferhat a sûrement réalisé son plus mauvais match en sélection. A sa décharge, il ne joue jamais au même poste, et surtout jamais au poste auquel il s’est révélé comme le meilleur passeur décisif (20 passes décisives) de Ligue 2.
Au milieu, Bentaleb a erré toute la rencontre. Est-ce la perte du brassard ? On espère que non. A ses côtés, Madjer avait décidé de muscler l’entre-jeu avec Medjani. On n’a jamais compris quel était son poste, son rôle. Et même dans la combativité, il a été absent, dépassé par la vitesse des Portugais, et pourtant, ils n’ont pas forcé. Enfin, Boukhenchouche a passé la rencontre à mettre des coups sans jamais toucher le ballon.
Devant, Slimani n’a pas existé et l’EN a commencé à se créer des occasions avec l’entrée de Bounedjah. Brahimi n’a pas été bon mais il a fait ce qu’il a pu. Oui, il a parfois tendance à abuser des touches de balle, mais c’est dû aussi au manque de mouvement autour de lui. Et au moins, lui, ne se cache pas et montre de l’envie. Puis, il y a Mahrez. A quand remonte son dernier bon match avec les Verts ? Il ne fait aucune différence, s’entête dans des actions individuelles qui ne débouchent sur rien. Mais il est titulaire, intouchable. Et on ne va même pas parler des gardiens, c’est le néant total.
Madjer doit partir
Mais évidemment, le premier responsable de tout ça, c’est Rabah Madjer. Le sélectionneur algérien avait pris à témoin les journalistes portugais. Il paraît qu’on s’acharne sur lui alors qu’il n’a disputé que des matchs amicaux. Mais en dehors des résultats, qu’a proposé son équipe en terme de contenu ? Rien.
On aimerait savoir quelles sont les consignes, et même, s’il y en a. On aimerait savoir ce qu’il veut voir de son équipe. Même l’organisation, on ne comprend pas. En 3-4-3, en 4-2-3-1, on ne sait pas. Tous les systèmes ont été essayé sans aucun résultat ni progès. Ce soir, c’était encore pire avec un Medjani perdu entre un poste de troisième défenseur central et de sentinelle.
Défensivement, c’est catastrophique avec six buts encaissés sur les deux dernières rencontres. Offensivement, c’est pareil. Des joueurs livrés à eux-mêmes, qui tentent chacun leur tour des exploits individuels sans réussite.
Que fait cette équipe à l’entrainement ? Quels étaient les objectifs de ces matchs amicaux ? On n’a pas vu d’essai réel. On n’a pas vu un projet de jeu se mettre en place. Mais surtout, on a, aujourd’hui, une équipe rejetée pas ses supporters et on a même l’impression qu’elle est rejetée par ses propres joueurs. Ces derniers auraient voulu tout faire pour accélérer la chute de Madjer qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. On nous a survendu une génération dorée. Mais ça n’existe pas. Une équipe, c’est un tout : des joueurs, des dirigeants et un coach. S’il suffisait d’aligner les joueurs, tout le monde serait entraineur.
Stopper la chute, et vite
Madjer a grillé tous ses jokers, la fin doit être actée. Oui, M. Madjer, on n’apprend pas à être entraineur sur les plateaux télé et juste parce qu’on a fait une très belle carrière de joueur. Oui, M. Madjer, on n’entraine pas une équipe avec son égo et on ne se cache pas derrière des soi-disant matchs amicaux. L’équipe nationale ne vous appartient pas et elle est aujourd’hui prise en otage entre des dirigeants qui ne veulent pas voir la vérité en face, un sélectionneur qui se pense indispensable, et des joueurs qui semblent venir par obligation plus que par envie. Sept mois d’humiliation, de défaite, de non-match, c’est trop.
La FAF doit désormais se pencher sur le profil du prochain sélectionneur et remettre l’équipe nationale au-dessus de tous les joueurs. Parce que nos dirigeants sont également responsables. Responsables des choix des derniers sélectionneurs. Responsables de laisser les joueurs se moquer des supporters et du maillot. Et responsables d’avoir nommer un homme sans diplôme comme Rabah Madjer et de l’avoir laissé se comporter de la sorte à chaque sortie, comme si l’Algérie c’était lui.
Oui, notre équipe nationale mérite autre chose. Elle a un véritable lien avec l’histoire de notre pays. Elle ne peut plus être instrumentalisée par des joueurs capricieux, par des dirigeants incompétents, et par un sélectionneur à l’égo démesuré qui se pense au-dessus de tout. En équipe nationale, il n’y a pas d’intouchables, juste des joueurs au service d’une sélection. Ceux qui n’acceptent pas cela doivent rester chez eux.
C’est l’avenir de notre football qui est en jeu, mais aussi la fierté à rendre à tout un peuple. Tous les progrès effectués entre 2009 et 2015 ont été balayés. L’Algérie est à un niveau qu’elle n’avait plus connu depuis 2008. L’EN creuse depuis trop d’années. Malheureusement, dans ce trou-là, on ne risque pas de trouver du pétrole.
Une contribution de Yacine Hamened,
Chroniqueur de l’émission “C’est vous l’Expert” pour LGDF
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