Pascual Calabuig Santamaria est journaliste à Superdeporte, le quotidien le plus lu dans la Comunitat Valenciana, cette région passionnée de foot qui s’étend de Castellon jusqu’à Elche en passant par Valence et Alicante. Pascual suit Feghouli depuis ses premiers pas à Valence. Il a été le premier à l’appeler “l’Algérien” alors que la presse espagnol le qualifiait de joueur français du FC Valence. Il est aussi l’un des rares à s’intéresser au football algérien et nos footballeurs qui sont passés par la Liga. Véritable guide durant notre séjour en Espagne, il nous en parle dans cette contribution.
Il n’y a pas que la Méditerranée avec son climat aussi accueillant que ses gens qui unit ma chère terre valenciane à l’Algérie. Il y a aussi le football. En 1988 Mestalla a été la destination du premier joueur algérien à rejoindre la Liga espagnole : Rabah Madjer. Curieusement, c’est dans l’antre du Valencia CF, où évolue son compatriote Sofiane Feghouli, l’un des trois joueurs algériens qui brillent aujourd’hui dans la planète foot avec Yacine Brahimi, ex-Granada et un certain Riyad Mahrez, qui avec ses nombreux buts maintient Leicester en haut de la Premier.
L’Algérie, une passion entre Valence et Porto
Aujourd’hui, la situation du numéro 8 de Valence n’est plus aussi resplendissante dans un club où on a préféré investir avec les pieds plutôt qu’avec la tête faisant que la situation du club va de mal en pis. Toutefois, très peu de gens peuvent mettre en doute qu’à ses 26 ans, Soso est devenu l’Algérien avec la plus large et la plus consolidée trajectoire au sein un grand d’Europe depuis ce coup de génie de Madjer qui avait offert la Coupe d’Europe à Porto lors de l’inoubliable finale face au Bayern.
Madjer, Saïb, Feghouli, les 3 Algériens du FC Valence
En attendant que se concrétise dans les prochaines semaines la prolongation de son contrat, Feghouli est déjà à sa sixième saison avec le maillot noir et blanc. Rien à voir avec les 14 matchs de Madjer à Mestalla avant de retourner à son cher Porto lors de la saison 1988/89. Une ville qui a récupéré sa passion pour les Algériens grâce à Yacine Brahimi, un autre formidable manipulateur de ballon. Habile et génial, il a laissé Granada avec le titre de meilleur footballeur africain de la Liga 2013/14. Une distinction récupérée cet hiver par l’ailier droit de Valence.
Ironie du sort, le même nombre de matchs que l’artiste Madjer avait joué à Valence, 14, apparaissent dans l’historique de Moussa Saïb dans la compétition espagnole. Grâce à son ascension fulgurante et au talent qu’il possède, Feghouli a eu un cheminement plus long malgré les critiques féroces envers tous ceux qui ne sont pas nés ici et qui ne sourient pas aux caméras. L’aventure de Saïb fut éphémère au FC Valence lors de la saison 1997/98. Son football technique ne correspondait pas au sang chaud réclamé par l’Italien Claudio Ranieri qui, en lui demandant de défendre, n’a fait que le pousser vers la Premier League et Tottenham dès le mercato d’hiver. Il a finalement duré un peu plus que son chantre, Jorge Valdano dans ce FC Valence explosif avec Romario, Ortega, Mendieta, Angloma ou Zubizarreta.
Feghouli, Lacen et les autres…
A 20 ans à peine, Soso a abandonné Grenoble pour signer dans un club qu’il regardait remporter des Ligas, des Coupes d’Europe et des Supercoupes quand il était adolescent. Aujourd’hui, dans ce même club et dans le meilleur championnat du monde, il en est à 150 matchs et 22 buts. Un succès qui a fait de lui une référence à Valence et dans la sélection de son pays où il a brillé de mille feux lors du dernier mondial. En pleine maturité, son prochain défi c’est la conquête de titres.
De Belmadi à Ghezzal, des passages éclairs pour les Algériens
Une plus grande régularité que celle de Feghouli avec toutefois moins de glamour, a été offerte à l’Espagne par Mehdi Lacen. Professionnel, c’est le mot que définit le mieux l’ex-capitaine de la sélection algérienne qui a, dix ans durant à Alavès, Santander puis Getafe, toujours été à la hauteur avec la précision d’une montre suisse. Dans la modeste équipe de Madrid, il est encore une pièce importante. Avec le même engagement que Lacen, Abdelkader Ghezzal, Nabil Ghilas ou Liassine Cadamuro, aujourd’hui sans club, auraient brillé un peu plus en Espagne. D’autres joueurs sont passés en Espagne sans laisser une trace indélébile à l’instar de Ali Benhalima (Champion de D2 avec Leira), Djamel Belmadi (Celta Vigo), Kamel Ghilas (Celta Vigo, D2), le frère du joueur de Levante ou Hassan Yebda (Granada). Le dernier de la file, le très jeune Rachid Aït Atman du Sporting de Gijón est bien parti pour faire mieux. Il promet beaucoup.
Les joueurs Algériens passés en Liga:
Rabah Madjer (FC Valence, 14 matchs, saison 1988-89), Ali Benhalima (UE Leida en D2, 77 matchs, 1990-93) Moussa Saïb (FC Valence, 14 matchs, saison 1997/98), Djamel Belmadi (Celta Vigo, 10 matchs, saison 1999-00), Medhi Lacen (Alavès, Santander, Getafe, depuis 2005), Sofiane Feghouli (FC Valence, depuis 2010), Hassan Yebda (Granada, 28 matchs, 2011-14), Yacine Brahimi (Granada, 64 matchs, 2012-14), Liassine Cadamuro (Real Sociedad, depuis 2011), Abdelkader Ghezzal (Levante, 12 matchs, 2012), Nabil Ghilas (Cordoba CF, Levante UD, depuis 2014), Foued Kadir (Bétis Séville, depuis 2014), Carl Medjani (Levante UD, depuis 2016).
Pascual Calabuig Santamaria, journaliste à Superdeporte
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