Natif de Bobigny en région parisienne l’élégant Rachid Aït Atmane (23 ans) fait parler de lui cette saison en Liga du côté du Sporting Gijon. Milieu défensif clairvoyant avec un touché de balle tout en finesse le grand Rachid (1m90) a retracé pour La Gazette du Fennec, qui l’a rencontré à Valence, son parcours difficile qui l’a amené en Espagne. Ambitieux et très attaché à son pays, le protégé d’Abelardo rêve de faire carrière avec l’Algérie et disputer notamment les prochains JO à Rio de Janeiro !
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Tu devais jouer la CAN avec les U23 au Sénégal, finalement cela ne s’est pas fait, pourquoi?
Cela ne s’est pas fait parce que ce n’était pas une date FIFA, et le dernier mot revient au club. Moi je voulais faire la CAN à tout prix mais le club ne voulait pas, ils avaient besoin de moi, donc j’étais obligé de rester là.
Finalement, n’était ce pas un mal pour un bien puisque depuis ce moment, tu n’as pas cessé de progresser et de grignoter des minutes avec Gijon ?
Exactement, comme tu l’as dis je commence à prendre mes marques et je commence à prendre un peu plus de confiance et j’espère que ça va continuer, et on verra pour la suite. Je sais que les U23 ont les Jeux Olympiques cet été, je ne sais ça sera quand exactement, mais si je peux aller aider ça me ferait plaisir.
Donc tu serais prêt à aller donner un coup de main à la sélection olympique?
Bien sur, c’est très important, c’est mon pays, je serais toujours prêt à aider.
Mis à part les U23, je te parle de l’équipe A, 2017 va être une année très importante pour le football algérien, avec la CAN mais surtout les éliminatoires de la Coupe du monde 2018. Est-ce que dans un coin de ta tête tu y penses ?
Pour l’équipe A en fait, tout va dépendre de moi. Si je commence à, comme maintenant, prendre mes marques et continuer à faire des bons matchs avec mon club, ça viendra tout seul. Après comme tout algérien, tout le monde à ça dans un coin de sa tête mais c’est pas le plus important. Moi j’essaye de donner le meilleur de moi même en club et on verra comment ça se passera.
“Mon rêve c’est l’Algérie, et ça a toujours été l’Algérie !”
On voit que tu as les idées bien claires, ton pays c’est l’Algérie. Tu attends de jouer pour l’équipe d’Algérie. Par contre il y a des joueurs qui hésitent un petit peu, dont Benzia et Ounas par exemple, est-ce que tu les comprends ? (NDLR: entretien réalisé en février)
Je ne vais pas parler à leur place. Je ne peux parler à la place de personne, je pense qu’il vaudrait mieux leur demander à eux. Après personnellement, pour moi ça a toujours été clair c’était l’Algérie. Si avant certaines personnes pouvaient dire que l’Algérie n’était pas une très bonne équipe, maintenant ça y est on est une équipe nationale, on fait partie des plus grands, donc il n’y a vraiment aucun argument. Donc pour moi, personnellement, c’est l’Algérie et ça a toujours été l’Algérie.
A quand remonte le premier contact que tu as eu avec l’équipe d’Algérie, même en jeune?
Je crois que c’était quand j’avais 17 ou 18 ans (ndlr: il a aujourd’hui 23 ans) j’avais eu un rendez vous à Paris, juste avant la CAN des U20, je crois. C’était mon premier contact avec eux. Nobilo ne m’avait pas appeler, mais bon j’étais parti blesser mais c’est pas grave.
Pour les personnes qui ne connaissent pas forcément ton parcours assez atypique pour un joueur né en France, tu as quitté la France assez jeune pour l’Espagne, pourrais-tu nous résumer un peu tout ça en deux phrases ?
En deux phrases ça va être difficile, en gros on m’a toujours mis des batons dans les roues, comme à plusieurs personnes. Mais après je ne leur en veux pas, ils ont fait leur choix et pour moi aujourd’hui, le plus important c’est d’être présent en Espagne. Ici je m’épanouie et c’est ça le plus important. InchaAllah j’irais encore plus loin qu’où j’en suis aujourd’hui.
On ne va pas rentrer dans les détails mais on t’a mis des batons dans les roues dans le championnat français. Aujourd’hui tu t’épanouies en Espagne, mais tu as du souffrir pour en arriver là ?
Exact, j’ai du partir de chez moi à 10 ans, j’habite à Paris et je suis parti à l’âge de 10 ans pour aller jouer à Lens dans un centre de formation. J’étais tout seul, j’ai du quitter mes amis, ma famille, j’y suis resté jusqu’à mes 19-20 ans où j’ai décidé de faire mes bagages et venir en Espagne et tant mieux.
Tu as été formé à Lens avec Varane, Kondogbia …
Exact, Varane, Kondogbia, Masuaku, Thorgan Hazard, le frère d’Eden…
Es-tu toujours en contact avec eux ? Comment vois-tu leur trajectoire ?
Je suis toujours en contact avec Kondogbia, Masuaku je parles encore avec lui quelques fois, mais Varane pas trop. Je l’ai vu la dernière fois, mais on garde toujours des souvenirs de tout ça. On a passé 10 ans ensemble et ça ne peut pas s’effacer.
Pourrais tu nous parler de tes qualités, parce que le public algérien ne te connais pas encore. Tu es plutôt milieu offensif, défensif ou polyvalent ? Que peux tu nous dire sur ton style de jeu, et à quel joueur tu ressemblerais ?
A quel joueur je ressemblerais, je ne sais pas mais je sais que dans mon style de jeu je suis un petit peu un milieu 8, avec des passes, de la technique… Après en Espagne on a pas trop ce style de jeu, on joue plus à l’Anglaise, avec de l’intensité et tout ça, donc après moi je m’adapte.
Ton entraineur nous a confié qu’il te faisait beaucoup travailler sur le plan défensif, c’était l’une de tes lacunes. Parles nous de ta relation avec Monsieur Abelardo qui était un grand joueur..
La relation que j’ai avec lui est très simple, le premier jour, quand je suis arrivé en Espagne, c’est souvent ce que je dis à la presse espagnole, je ne connaissais pas trop le Sporting de Gijon mais je savais que j’allais avoir un coach qui s’appelait monsieur Abelardo. Et ça c’est vrai que ça a beaucoup joué dans mon choix et quand il te donne un conseil, tu ne peux que l’écouter avec la carrière qu’il a eu et moi ce que j’ai c’est beaucoup de respect pour lui.
On a une info qui n’a pas encore été officialisé mais on le demande aujourd’hui : il y aurai eu une demande de Zizou pour que tu intègres la réserve du Réal Madrid à l’époque, qu’en penses-tu?
Ça je ne sais pas encore. C’est sur que ça fait plaisir, mais après je ne sais pas si c’est vrai, il faudrait lui demander. Mais si c’est vrai ça ne peut que faire plaisir, venant de Zizou.
Sais-tu que Gijon est aussi la ville où l’Algérie a réalisé son plus grand exploit au football ? (NDLR: Coupe du Monde 1982, Algérie-Allemagne 2-1)
Oui je le sais et on me l’a souvent dit (rire).
As-tu une relation avec les Algériens d’Espagne? On pense à Feghouli, Lacen, etc.. est-ce que tu les côtoies, les connais-tu?
Si je les côtoies, non je ne les connais pas, mais à chaque fois que je les croise sur le terrain ils prennent toujours un moment pour moi. On échange les maillots, on prends un petit peu de temps pour parler et ça me fait super plaisir. Je suis fier de tous les Algériens qui réussissent.
“Feghouli est un très grand joueur. Je suis fier de ce qu’il réalise en Liga !”
Un mot sur Feghouli justement qui est un joueur très respecté en LIGA, que penses-tu de Sofiane?
C’est un grand joueur, c’est un très grand joueur, ce qu’il fait en ce moment c’est incroyable! Là il s’est blessé récemment mais ce qu’il faisait avant c’était incroyable. Je suis fier qu’il soit en équipe d’Algérie et qu’il représente les Algériens comme ça.
On imagine que tu as hâte de le rejoindre en sélection A ?
Exactement, ça c’est sur!
As-tu eu des contacts avec Christian Gourcuff ou son adjoint Yazid Mansouri ?
J’ai fais un stage avec les Olympiques en Algérie pour un match en Tunisie où je ne suis pas aller finalement. J’ai passé une nuit à Sidi Moussa, ils étaient concentrés mais j’ai parlé vite fait avec Mansouri il me semble, mais Gourcuff, non jamais.
Tu regardes la concurrence qu’il y a à ton poste en sélection A, avec notamment Bentaleb, Taider ?
Non pas trop, mais je sais que c’est des bons joueurs, des très bons joueurs. Après nous on est là on va essayer de faire notre trou.
D’où es-tu originaire en Algérie ?
De Béjaia.
Tu y vas souvent ? Tu y es attaché?
Oui j’y suis attaché mais c’est vrai que ça faisait un bon petit moment que je n’étais pas allé en Algérie mais comme tout Algériens on a nos attaches.
Aurais-tu un mot à dire aux supporters algériens?
A tous les Algériens, continuez à nous supporter, on est fier de vous et on essaye de vous représenter le mieux possible.
Entretien réalisé par Mohamed Saâd à Valence,
pour La Gazette du Fennec