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Kraouche : “Ma plus grande fierté, c’est l’image que j’ai laissée aux Algériens”

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Brillant à en crever les écrans pendant près d’une décennie sous les couleurs de l’EN, Nasreddine Kraouche a fini par disparaitre des radars pour ne plus faire parler de lui. Ou presque. Pourtant, à lui seul, il incarne l’engagement, la loyauté et l’amour, celui du maillot vert, à une époque où les joueurs binationaux ne se bousculaient pas au portillon de la FAF au début des années 2000. Grand espoir du FC Metz, Kraouche crée un scandale au sein de la FFF quand il refuse une convocation de l’Équipe de France Espoir pour attendre celle de l’Algérie. Sélectionneur de l’époque, Raymond Domenech a d’ailleurs bien failli s’étrangler. En termes de carrière, de faits d’armes, de sacrifices et d’anecdotes, l’ancien milieu de terrain de la Gantoise et des Verts (38 sélections de 1999 à 2005) a de quoi écrire un livre ! C’est qu’il incarne à lui seul tout ce qu’aime chez un footballeur le supporter algérien lambda. Générosité dans l’effort et loyauté à toute épreuve. Pour un joueur qui a tiré sa révérence trop jeune, c’est juste un réel bonheur de le « redécouvrir » le temps d’une interview flashback réalisée par notre confrère Naïm Beneddra.

> L’entretien avec Kraouche à écouter en audio :

Les meilleurs passages de l’entretien :

Dans le cadre d’une saga passionnante retraçant l’historique des participations de l’Algérie à la Coupe d’Afrique des Nations de 1968 à 2017, notre confrère Naïm Beneddra qui collabore avec Goal s’est longuement entretenu avec l’inoubliable Nasredine Kraouche pour parler de la CAN 2002 au Mali.

“La CAN 2002, c’est une grosse déception sur le plan collectif et personnel”

Parlons de cette CAN 2002. Vous souvenez-vous dans quel contexte vous l’avez abordé ? Dans quel état d’esprit étiez-vous avec les nombreux changements d’entraineurs ?

Oui, Rabah Madjer est venu juste avant le tournoi. Il avait peu de temps pour préparer un groupe comme il le souhaitait. Vous savez, quand on prépare une grande compétition, il faut que les joueurs et le staff soient en osmose. Donc, ce n’était pas évident. Et c’est vrai qu’on sortait d’une campagne de qualification pour le Mondial 2002 où cela ne s’est pas très bien passé. On était dans un groupe extrêmement difficile avec l’Egypte, le Maroc et le Sénégal. Le groupe de la mort. Et on est aussi tombés dans un groupe difficile dans cette CAN avec le Mali, le pays organisateur, le Nigeria et le Liberia. On a commencé la compétition avec un peu de doute, mais aussi la volonté de faire des bons résultats. Mais c’est sûr qu’on ne l’a pas abordée dans les meilleures conditions.

Le premier match c’est face au Nigeria, l’un des favoris. Vous perdez 1-0 après un match plutôt correct. Vous êtes titulaire, racontez-nous un peu cette rencontre… La défaite n’était-elle pas un peu rageante ?

C’est l’un des matches de ma carrière de foot où j’ai eu le plus de regrets à la fin. Par rapport à la physionomie du match. On fait face à une très grande équipe du Nigeria, avec des joueurs exceptionnels et qui avait une attaque de feu. On s’est dit qu’on va jouer notre va-tout. Et cela s’est joué à peu de choses près. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de regrets, car je pense qu’il y avait mieux à faire. On a eu aussi des possibilités de marquer et on ne l’a pas fait. Et c’est vrai qu’ils nous ont battus un peu contre le cours du jeu. Et pendant ce match-là, il y a aussi eu un fait majeur : Omar Belbey, l’un de nos joueurs, se blesse gravement après un coup pris à la tête. Tout ça, cela a influé sur le cours du match. Ça a joué dans nos têtes, la mienne notamment, car c’était un joueur qui jouait à mes côtés depuis de longues années et avec qui je m’entendais bien. C’était donc un peu spécial. quand il a eu ce choc, j’étais à deux mètres de lui. Quand il est retombé à terre, j’ai dû lui retirer la langue de la bouche, parce qu’il n’arrivait plus à respirer. Et c’est vrai que pendant un match c’est extrêmement perturbant. Mais c’est un fait de match, ce n’est pas nécessairement à cause de ça qu’on a perdu même s’il nous a déstabilisé. On a eu des occasions qu’on n’a pas réussi à concrétiser.

Et la même chose s’est produite lors de la troisième rencontre contre le Mali avec Abdelhafid Tasfaout…

Exactement. Et on a fait une Coupe d’Afrique très compliquée. On a joué avec nos armes, et je pense que si on avait eu tous les éléments en notre faveur et plus de chance, je pense qu’on aurait pu sortir du groupe. C’est dommage.

Le deuxième match, face au Libéria, vous êtes menés deux fois et vous revenez chaque fois au score. Vous marquez personnellement le but d’égalisation. C’était un match à gagner à tout prix pour espérer continuer. À la fin, vous êtes plutôt frustrés ou soulagés vu le scénario de la partie.

Non, on est extrêmement frustrés. Parce qu’on ne s’attendait pas à être menés au score. Et on pense avoir fait le plus difficile en revenant à la marque et ils nous en mettent un deuxième. Mais, par contre, c’était un match moins abouti que celui contre le Nigeria. Les deux équipes jouaient leur survie dans le groupe, sachant qu’une défaite ou même nul nous condamnait presque à l’élimination. Mais je pense que c’était un match à notre portée et on aurait dû le gagner. Moi, j’égalise à la fin du match, et j’ai deux sensations différentes à ce moment-là. Car en ayant pris un carton jaune, je sais que je suis suspendu et que je ne jouerai pas le dernier match de groupe contre le Mali. Je sais donc que si on ne passe pas, ma CAN est terminée. Mais je me dis aussi dans ma tête que ce n’est pas grave et j’essaye de faire le maximum pour que mon équipe passe et j’égalise donc avec cette frappe de loin. Ça nous ramène à 2-2 et nous laisse l’espoir d’une qualification avec peut-être une issue favorable contre le Mali. (…) Finalement, ce match-là, c’est celui qui nous donne le moins de regrets car on est tombés sur une équipe plus forte que nous. Bien préparée sur tous les plans et avec le public derrière lui. Et il n’y a même pas la peine d’évoquer l’arbitrage, ils n’en avaient pas besoin pour gagner. Donc on finit sur cette défaite, mais qui est logique.

“L’Olympique Lyonnais suivait deux joueurs : moi et Mahamadou Diarra durant cette CAN”

Au final, que retenez-vous de cette CAN personnellement ? Il y a du positif malgré tout ?

Je dirais que c’est une grosse déception. Vous ne savez pas le mal que ça peut nous faire de perdre un match avec l’équipe nationale. Du moins, je parle personnellement. Quand j’étais dans le bus, je pensais aux millions de spectateurs qui étaient devant leur écran et qui nous ont vus perdre. Pour nous, il y a cette défaite, qui extrêmement usante physiquement et mentalement et en pensant aux fans cela rajoute à notre déception. Cette CAN-là m’a vraiment touchée. Il y avait beaucoup mieux à faire. J’en suis ressorti extrêmement frustré. En plus, je vais vous raconter une anecdote, avant cette CAN j’étais en contacts très avancés avec un grand club français, qui est l’OL. Ils étaient très intéressés. Et ils avaient deux “6” dans le viseur. Moi et Mahamadou Diarra, qui jouait à l’époque aux Pays-Bas. Le troisième match, celui d’Algérie-Mali, je le rate donc à cause d’une suspension, et Diarra, lui, fait un superbe match de son côté. Et c’est ce qui fait que les dirigeants lyonnais l’ont finalement choisi lui, plutôt que moi. Après la CAN, il a signé à Lyon. Peut-être que si j’avais joué contre le Mali, l’histoire aurait été différente.

“La CAN 2000 a été exceptionnelle pour moi ! Avec ce tournoi on a redonné de l’espoir aux gens”

J’imagine que vous gardez de bien meilleurs souvenirs des CAN 2000 et 2004…

Bien sûr. La CAN 2000 a été une CAN exceptionnelle pour moi. J’étais nouveau en sélection, même si j’ai joué des matches amicaux avant. Ça a été une aventure personnelle avant tout. Où j’ai appris à connaitre des gens, où j’ai représenté mon pays. On perd en quarts-de-finale contre le Cameroun, mais en faisant un bon parcours. À mon avis, cette CAN a relancé cette équipe nationale. Avant cela, on avait des résultats difficiles. Le pays aussi sortait d’une période difficile. Donc ce tournoi a redonné de l’espoir aux gens, et l’envie de regarder de nouveau cette sélection. Ça a été une CAN charnière dans l’évolution de l’équipe. Et pour ce qui est de la CAN 2004, ça aurait pu être un aboutissement dans ma carrière en équipe nationale. Avec des moments exceptionnels vécus notamment contre l’Égypte. Contre le Cameroun aussi, où on fait match nul et Samuel Eto’o vient nous féliciter dans le vestiaire après la rencontre. Et ce quart contre le Maroc, où on gagne, avant de se faire égaliser à la fin puis céder en prolongation (1-3). Les gens ont ressenti du bonheur en nous regardant, même si on perd en quart de finale. Je pense que les Algériens ont été fiers de nous.

“En 2004, on avait une équipe qui avait envie de représenter dignement le pays”

Vous avez rallumé la flamme en quelque sorte…

Exactement. Et je pense que si on était passés contre le Maroc, on aurait pu être en finale. Et je pense qu’on avait une équipe avec un potentiel pour pouvoir la gagner. Et c’est la seule fois où je l’ai senti par rapport à 2000 et 2002. Mais, encore une fois, j’ai senti de la fierté chez les Algériens. Encore au jour d’aujourd’hui, beaucoup m’en parlent. Parce qu’on avait surtout une équipe qui avait envie de représenter dignement le pays. Ça, les Algériens le savent et le reconnaissent. Ils vont préférer un joueur qui est moins bon, mais qui se donne à fond, à une star, mais qui ne court pas sur le terrain. Ça, c’est les Algériens et ils ont cette mentalité-là. Et je respecte ça.

“J’ai joué en EN avec des joueurs phénoménaux comme Meçabih plus forts qu’en Europe”

Qu’est ce qui a manqué à votre avis à cette génération pour réussir un grand accomplissement. Je parle de cette équipe que vous avez côtoyée entre 1999 et 2005. Car sur le papier, il y avait de bons éléments. Je pense à vous, Dziri, Meçabih, Ghazi, Tasafout, Belbey, Merakchi…

Ah oui, il y avait des joueurs exceptionnels. Moi, j’en ai connus pendant ma période. Et qui étaient même beaucoup plus forts que ceux que je connaissais en Europe. Comme Ali Meçabih, par exemple. Lui, c’est un attaquant exceptionnel. Bilel Dziri aussi. Des joueurs phénoménaux. Tasfaout, Saib… Saib, c’était un honneur de jouer avec lui, alors que j’étais fan de lui en étant jeune. Ça a été un modèle. Et aujourd’hui, j’en parle avec fierté à mes enfants. Jouer avec lui, cette CAN 2000, c’était exceptionnel. Et pour revenir à votre question, sans faire injure aux attaquants qu’on avait à l’époque, et qui se battaient avec leur cœur, et le maximum qu’ils pouvaient, je pense qu’il nous manquait des attaquants de classe internationale. Comme il y en a aujourd’hui avec Mahrez, Slimani ou Soudani… Tous ces joueurs-là qui sont venus après. Je crois qu’avec ces joueurs-là, on aurait pu, surtout en 2004, aller au bout. Parce que quand tu fais le parallèle avec l’attaque du Maroc, où il y avait Chamakh ou Hadji, je pense qu’il nous a manqué ça sans faire injure à mes anciens coéquipiers.

kraouche maroc zairi

Peut-être aussi un manque de chance ? Voire de moyens, qui ne sont assurément pas les mêmes qu’aujourd’hui ? Ces facteurs-là n’ont pas influé sur les résultats ?

Oui et non. Certes, en 2000, il n’y avait pas de moyens, mais en 2004 avec Khalifa Airways, on en avait. Et on ne peut pas dire que les moyens jouent sur une compétition en elle-même. Ils peuvent jouer sur la préparation, mais pas le tournoi. À partir du moment, où tu endosses le maillot de l’équipe nationale et que tu rentres sur le terrain pour une CAN, t’oublies tout. Tu oublies que c’était difficile les transports, les hôtels et tout ce qui va avec… Donc ce n’est pas une raison. La chance ? Oui, on en a manqué aussi. Et on a aussi eu beaucoup de changements d’entraineurs. Et vous savez très bien, que pour réussir dans une compétition, il faut une équipe stable et le staff qui est stable. Je prends exemple sur l’Équipe de France, où Raymond Domenech et Didier Deschamps sont restés de très longues années en poste. Malgré les échecs, ils sont restés en place. Et nous, dès qu’il y a un échec, on change rapidement de coach. On dit qu’il est le fautif. Et la fédération ne se remet jamais en question. Il n’y a pas une réflexion globale et avec du recul, pour savoir c’est quoi le problème. Il n’y a pas de continuité. Donc, il y a ça et le manque de chance. Mais malgré tout, on a redonné aux gens le désir de regarder de nouveau l’équipe nationale. À un moment donné, les Algériens avaient même boycotté la sélection. Avant la CAN 2000, on jouait des matches à Alger, avec seulement 2000 ou 3000 spectateurs. Et on a aussi redonné le goût aux joueurs algériens qui évoluaient en France de venir en sélection. Ça, c’était très important. Ce changement de mentalité, ça a compté.

“J’ai rendu fier ma famille en France, et celle en Algérie. Ça, ça vaut tous les titres”

Sur le plan personnel Nasredinne Kraouche, quand vous vous retournez aujourd’hui, comment évaluez-vous vos six années passées en sélection ?

Si on parle du bilan comptable et des statistiques, j’ai fait beaucoup de sélections. Je n’ai pas réussi à me qualifier pour la Coupe du Monde, mais j’ai joué deux quarts de finale de CAN. En regardant que les chiffres, ça peut peut-être donner des regrets. Mais moi, ce n’est pas ce que je retiens. Moi, j’ai vécu une aventure exceptionnelle en équipe nationale. J’ai rencontré des gens, j’ai rendu fier mes parents. J’ai rendu fier ma famille en France, et celle en Algérie. Je vais vous raconter une petite anecdote. Il y a quelques années, j’étais en vacances en Algérie. Du côté de Mostaganem où mes parents, qui sont originaires de Chlef, ont acheté une maison. Un jour, je vais à la plage avec ma famille et j’y reste toute la journée. De 10h à 18h. Je voyais des gens qui me regardaient et me reconnaissaient, mais personne ne m’avait abordé. Et quand je repars, j’arrive au parking et qui est pratiquement plein. Et des gens sont venus me voir pour me demander des photos. Et je leur ai dit “mais pourquoi vous n’êtes pas venus quand j’étais sur la plage, on aurait pris des photos avec des meilleures vues ?“. Et ils m’ont dit : “On a beaucoup de respect pour toi, pour le joueur et la personne que tu es, et c’est pour ça qu’on n’a pas osé te déranger alors que t’étais en famille. Et on a attendu que tu partes, pour te prendre à part et faire une photo avec toi. Parce que t’es un joueur qui nous a rendu fier“. Ça, ça vaut tous les titres. Avant de commencer avec la sélection, j’avais notamment refusé l’Équipe de France. Je pense que ça a marqué les gens. Je ressens ça quand je recroise les gens en Algérie, et c’est ça ma plus grande fierté. Autres que les chiffres ou les CAN disputées. Avoir laissé une image très positive au peuple algérien, c’est ma plus grande fierté.

“Saâdane m’a contacté pour jouer la Coupe du Monde 2010. Ça a failli se faire, mais je n’ai aucun regret”

Il n’y a pas un petit regret de ne pas avoir pu étirer encore plus loin ce parcours en sélection ? L’histoire s’est arrêtée assez tôt, alors que t’avais à peine 26 ans…

Non, parce que je pense que, de toute façon, il y avait une nouvelle génération qui était là, qui était prête et je pense avec de meilleurs joueurs. Moi je suis quelqu’un de très honnête, et je pense que la génération qui est venue après nous était meilleure que la nôtre. Sur tous les plans. Donc, quoi qu’il arrive, je pense que je n’aurais pas pu faire d’autres sélections parce que des joueurs étaient meilleurs que moi. Tout simplement. Donc, je n’ai aucun regret par rapport à ça.

Est-ce qu’en 2010 Nasreddine, en voyant cette équipe algérienne atteindre la Coupe du Monde, tu ne t’es pas dit que j’aurais pu et dû y être. Car il y avait beaucoup de gars avec qui tu as évolué comme Ziani, Yahia, et Saïfi qui est presque la même génération que toi ?

Oui, oui, Saïfi, on a d’ailleurs commencé nos parcours en sélection ensemble en 1999. Il était vraiment de ma génération il a commencé un ou deux matchs avant moi. Et pour vous répondre, figurez-vous que j’avais eu Rabah Saâdane au téléphone quand l’équipe nationale s’est qualifiée pour le Mondial en Afrique du Sud. J’avais de très bons rapports avec lui. Il m’a appelé et il voulait me faire signer dans un club algérien pour ensuite me prendre avec lui en Coupe du Monde. Un appel privé, en quelque sorte. On a regardé si c’était faisable. Lui, en tous cas, il aurait vraiment aimé me prendre avec lui. Mais cela ne s’est pas fait finalement. J’étais en contacts avec un club algérien. Mais ça aurait pu. Si j’avais retrouvé un club à ce moment-là, en Algérie, et me préparer encore six mois, qui sait ? Après non, je n’ai pas de regrets. J’ai regardé cette Coupe du Monde à la télé, comme des millions de personnes et j’étais heureux pour eux. Pour Ziani, Yahia, Rafik… Je ne suis pas quelqu’un de rancunier, ou qui se dit j’aurais pu être à leur place. Pas du tout ! J’étais heureux que l’équipe nationale retrouve aussi la Coupe du Monde.

“J’ai un projet que je rêve de réaliser : mon histoire avec l’EN n’est peut-être pas terminée”

Vous avez beaucoup donné pour la sélection, vous avez fait des sacrifices, avec des choix forts notamment en refusant notamment l’Equipe de France et vous avez été le premier a l’avoir fait à l’époque. Est-ce qu’il n’y a pas ce sentiment de ne pas avoir eu la récompense espérée en retour ? Ou pensez-vous avoir vécu suffisamment de moments forts et d’émotions ?

Aujourd’hui, j’ai 39 ans. Je suis jeune encore. Moi, la vie du football, je n’ai pas encore mis de croix dessus. J’ai beaucoup de projets pour la suite. Des projets concrets dans le monde du football. On en parlera peut-être un jour quand on aura plus de temps. Je suis en train de commencer à les monter. Je pense que l’aventure avec l’équipe nationale n’est pas terminée. (…) On ne peut pas dire exactement que j’ai coupé avec le milieu du football. Ce n’est pas parce qu’on est en retrait du monde du football qu’on l’a totalement supprimé. A un moment, il faut juste trouver sa place. Toutes ces dernières années, avec une nouvelle génération qui est venue, il y avait une nouvelle dynamique. Et c’était positif. Je n’avais tout simplement pas ma place. Il faut savoir où se situer. Comme on dit, chaque chose en son temps. Il faut préparer les choses. On m’a appelé pour l’équipe nationale à un moment, mais j’ai refusé parce que moi-même, je n’étais pas prêt. L’équipe nationale c’est sacré, et on n’y vient pas juste comme ça, pour une mission de courte durée, où on s’occupe pendant un an des Olympiques par exemple. Si on veut ramener quelque chose de concret à la sélection, il faut être prêt dans sa tête et il faut avoir des choses sérieuses à proposer. Et on n’y vient pas parce que je m’appelle Kraouche Nasredine, que j’ai 50 sélections et que j’ai fait 3 CAN. Non, ce n’est pas comme ça. L’équipe nationale, ça se respecte. J’ai des choses dans ma tête, et ça va se monter tout doucement. Et comme je l’ai dit, je suis encore jeune, il n’y a pas lieu de presser les évènements. Ce sont des choses nouvelles, un peu innovantes que je prépare depuis un bout de temps.

Entretien réalisé par Naim Beneddra, journaliste indépendant

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