Le Breton n’aura pas duré. N’étant plus dans son élément dans le difficile contexte algérien où règne trop de violence, Christian Gourcuff a expliqué au journal L’Equipe les raisons de son départ. Parlant de “gâchis” le désormais ex-sélectionneur des Verts explique essentiellement que le travail au quotidien lui manquait pour continuer sa mission en Algérie où il n’exerçait au final qu’à mi-temps, contrairement à ce qui était prévu au départ. Les raisons d’une cassure…
En résumé, Christian Gourcuff n’a plus de temps à perdre en Algérie. Après avoir fait perdre deux ans à la sélection nationale pour la quitter à mi-chemin, l’ex-sélectionneur des Verts a expliqué que la principale raison de son départ se liait à son envie de retrouver son métier d’entraineur au quotidien alors que cela lui avait été promis par la FAF au départ.
“Quand j’y suis allé, c’était pour m’occuper de l’équipe nationale, qui était la priorité, mais aussi impulser une politique technique globale pour aider au développement du football algérien. explique clairement Christian Gourcuff avant de poursuivre. “Ce que j’avais fait à Lorient, j’avais pour ambition de le définir au niveau d’une fédération. J’ai habité à Alger la première année. Avec l’équipe nationale, ça s’est globalement bien passé (…) en parallèle, j’ai donc mené un travail sur la formation générale et celle spécifique des cadres qui est restée dans les tiroirs. Tout ce volet sur la formation ne s’est jamais mis en place”.
Un dessein très vite confronté à la réalité du football local où les obstacles ont rendu impossible ce projet entre la violence dans les stades, l’absence de formation dans les clubs et les changements répétitifs d’ entraineurs au sein des clubs. “Cela ne permettait pas de structurer, d’organiser quelque chose” vouant ainsi à l’échec ce volet de sa mission qui “est donc vite tombé à l’eau”.
“Avec la presse, je me sentais en décalage”
Interrogé sur ses rapports difficiles avec la presse, considérés à tort par de nombreux observateurs comme la raison principale de son départ, Christian Gourcuff explique ses rapports difficiles. “Il y’a eu une dégradation dans l’environnement de l’équipe nationale. Ce n’est pas un problème de pression. Mais à un moment donné, je ne cherche pas la gloire, l’argent et je ne suis pas imperméable à la bêtise. Il y’a eu des trucs complètements aberrants au niveau médiatique. La presse et le vice, ça compose un drôle de cocktail même si ce n’est pas spécifique à l’Algérie. De manière générale, je ne me retrouvais pas du tout dans ce contexte. Je me sentais en décalage. A l’automne dernier, il y’a eu une forme de rupture”.
“Un travail à mi-temps qui ne pouvait me satisfaire”
Alors qu’il n’évoque pas les sifflets du stade du 5 Juillet qui l’ont profondément vexé, Gourcuff explique qu’il a dès lors pris la décision de quitter son domicile à Alger pour ne pas y rester à rien faire. “J’ai quitté mon domicile à Alger et je ne me rendais en Algérie que pour les rassemblements. C’était donc un peu un travail à mi-temps qui ne pouvait pas me satisfaire.”
“2018, trop loin pour surmonter les frustrations quotidiennes”
Faisant part de ses regrets de quitter une équipe aussi talentueuse et avec qui des liens forts se sont pour tant créés, Gourcuff confesse. “La sélection a récemment franchi un cap. C’est une équipe qui a du talent et qui est très attachante. sur le plan relationnel et dans l’application à l’entrainement, c’était un régal. Malheureusement, je n’avais que trois entrainements lors de chaque rassemblement. Pour moi qui a vécu ce métier au quotidien pendant vingt-cinq ans, c’est peu.” explique-t-il avant de poursuivre de manière assez égoïstement “L’objectif, c’était la Coupe du monde 2018. C’est dans deux ans, j’aurai soixante-trois ans et ça me paraissait trop loin pour surmonter toutes les frustrations quotidiennes.” avant de résumer sa pensée en restant beaucoup trop vague. “En Algérie, il y’a un tel contraste entre cette richesse humaine vécue au quotidien et la violence rencontrée dans le football…le football est pris en otage.”
“Oui, c’est un gâchis…”
Enfonçant encore le clou sur ce manque de travail au quotidien, le technicien français explique les raisons profondes de son départ malgré le soutien affiché par son vestiaire. “Mon départ a constitué un crève-coeur. De ce coté là oui c’est un gâchis. Reste qu’on ne peut pas faire abstraction de tout un environnement. Les rassemblements, c’était toujours sympa et enrichissant. Mais comme je l’ai dit aux joueurs, eux, après les stages, retrouvaient leur quotidien en club. Moi, à soixante et un ans, je n’ai plus de temps à perdre, je n’ai plus de temps à attendre.”
“Je veux juste un environnement qui me convienne”
En conclusion, fidèle à ses principes, le technicien breton admet qu’il prend un risque en quittant l’Algérie tout en affirmant qu’il ne fonctionne qu’à l’affectif et à la passion et non pas à la pression qui visiblement l’insupporte. “Si je quitte l’Algérie, c’est aussi lié à ma frustration dans mon implication. J’ai besoin d’être à 100% pas à 30%. Je ne me fixe pas de limite. Je veux juste un environnement qui me convienne, car je pense que pour être bon il faut être heureux. J’ai eu la chance dans ma carrière de pouvoir partir quand je n’étais pas bien. Là encore, je le fais. Ca peut-être contre mes intérets car cette équipe d’Algérie peut faire quelque chose de grand à la Coupe du monde dans deux ans. Mais de toute manière, plus qu’un palmarès, j’ai besoin de me sentir bien au quotidien. Pour moi, c’est ça qui compte”.
Yassin Benarbia, La Gazette du Fennec,
résumé des propos accordés à L’Equipe.