Il est la tête de gondole du projet de l’USM Alger. Un premier revers en Supercoupe d’Algérie face au CR Belouizdad (2-1), et voilà qu’Anthar Yahia, manager général, est sous pression. L’ancien international algérien se retrouve confronté aux premiers symptômes du « dégagisme » maladif de la balle ronde Dz. A la charge de l’ex-Fennec, des choix managériaux pointés du doigt. A sa décharge, le peu de temps passé aux affaires pour pouvoir le juger et le condamner. Et puis, il y a ce fait, malgré toute sa bonne volonté, il est déjà au milieu du brasier.
Dans la confusion et l’incident Ciccolini, entraîneur éphémère des Rouge et Noir, qui a fait l’objet d’une express éviction, Yahia essaie, tant bien que mal, de maîtriser un feu au fort potentiel propagation. Le boss usmiste « a l’impression qu’on a joué 20 matchs et qu’on en a perdus 18 ». C’est pour dire que la marge de manœuvre est déjà réduite.
Celui qui avait qualifié l’Algérie à la Coupe du Monde 2010 avec son but à Omdurman (Soudan), a indiqué qu’ « une terrible pression est exercée sur les joueurs » et trouve que « ce n’est pas normal. Ce qui me déçoit encore, c’est que ma transparence, à travers le service de communication du club, a eu des répercussions négatives ».
Le Vert à la retraite annonce que « face à cette situation, je prendrai de nouvelles mesures pour protéger le club, mais aussi nos jeunes joueurs qui ne sont pas encore prêts à supporter une telle forte pression.» Clairement, Yahia prend tout sur lui. Il monte au front pour aspirer la colère et desserrer l’étreinte. Pas l’approche la plus sure.
Ciccolini, divorce prématurée et prévisible
Les bases qu’il a mises pour reconstruire la maison USMA semblent fragiles. Tellement fragiles qu’elles n’ont pas résisté aux premières averses. Qui dit « socle » en football pense, bien évidemment, à l’entraîneur. Et le profil de François Ciccolini ne semblait pas trop coller dans un environnement footballistique trop souvent conflictuel en Algérie.
Un désaccord avec l’adjoint en fin de match, une défaite et un refus inexpliqué de monter récupérer la médaille du vaincu et voilà le bouton, si sensible, du siège éjectable qui est activé. Celui qui s’est occupé de la préparation des Usmistes pendant 2 mois a été remercié fatalement et fort logiquement. Le motif officiel c’est qu’il a « enfreint les règles du protocole en s’abstenant à monter à la tribune officielle pour recevoir sa médaille ».
Néanmoins, il se murmure que les prémices d’un divorce expéditif étaient déjà-là. Et avec son caprice protocolaire, le Corse connu pour être ingérable s’est tout simplement tiré une balle dans le pied et donné une raison pour son employeur afin de le remercier. Anthar Yahia et les autres dirigeants se sont -manifestement- rendu compte de l’erreur de casting et ont préféré faire l’ablation et tenter de contenir l’hémorragie par la suite. Manœuvre risquée.
Mercato : Ellafi en point de discorde
En arrivant au poste de Directeur sportif, Yahia a décidé de faire le ménage afin de mettre ses bases à lui. L’entreprise étatique Serport, propriétaire du club, lui a donné carte blanche pour ce qui est des achats et des libérations. Que ce soit pour recruter ou rompre les contrats de certains éléments, il a fallu puiser sérieusement dans la trésorerie en n’hésitant pas également à blinder les jeunes éléments les plus prometteurs de l’effectif.
Au total, 9 éléments qui étaient là lors de la saison 2019-2020 ont été appelés à quitter le club. Il s’agit de Redouane Cherifi, Lyés Oukkal, Adem Redjehimi, Ilyes Yaiche, Hichem Belkaroui, Mohamed Walid Tiboutine, Mustapha Kheiraoui ainsi que Mohamed Rabie Meftah et Muaid Ellafi. Ces deux derniers faisaient partie de l’ossature.
Si Meftah (35 ans) avait clairement fait son temps, Ellafi (24 ans) était adulé du public unioniste. Du moins une bonne partie qui a trouvé que c’était une grosse perte pour eux. Et ce, même si celui qui a rejoint le Wydad Casablanca (libre !) n’a pas apporté grand-chose quand on check les statistiques de l’attaquant libyen depuis qu’il a rejoint les Gars de Soustara. Au total, c’est 38 apparitions pour 6 buts et 9 passes décisives. C’est pas nul mais ce n’est pas prodigieux non-plus. Au delà de sa libération sans contre-partie financière, synonyme de mauvaise gestion pour certains, c’est son remplacement par des joueurs anonymes qui a agacé les fans habitués à des noms plus ronflants comme l’exige la tradition du club.
Les recrues ou l’intrigue économico-sportive
Cependant, il fallait bien trouver quoi reprocher à Yahia qui ne veut, le défenseur qu’il était, pas être trop offensif se sachant en mauvaise posture. « Qui ne se trompe pas ? Qui ne se trompe pas sur le recrutement d’un joueur ou d’un entraineur ? Mais le bilan ne se fait pas au bout de trois mois et un seul match officiel », rappelle-t-il au moment où le niveau de certaines de ses 10 recrues est déjà pointé du doigt. La somme de signature est, lui aussi, sujet à nombreuses spéculations.
La moitié d’entre eux proviennent des championnats de seconde zone en France (CFA ou National). Arrivés libres ou avec indemnités ? Rien n’a fuité sur les montants de ces recrutements. Ce qui a ouvert la porte à des rumeurs souvent fausses qui disent que le portier Alexis Guendouz aurait coûté une fortune en indemnité de transfert et en salaire. Ce qui serait une anomalie pour un keeper sans renommée véritable. Pourtant, là encore, il est bien trop tôt pour juger.
Une com’ à revoir ?
En tout cas, ce revers face à un sérieux rival de la capitale aura laissé des séquelles et entamé le crédit de Yahia en tant que premier responsable du volet sportif. L’homme aux 53 capes avec el-Khadra dénonce le fait qu’il « y a des gens autour du club qui attendent la moindre erreur pour parler. Il y a des avantages qui ont disparu » avant d’ajouter que « certains parlent de ma situation. Je suis un salarié et je travaille. Combien d’entraineurs étrangers sont venus et ont gagné beaucoup plus d’argent que moi dans ce club ? Vous n’en aviez jamais parlé ».
En d’autres termes, la carte de nationalisme est sortie pour sauver les meubles. Mais l’immunité d’international algérien ne peut pas marcher à tous les coups. Surtout que là, il s’agit de gérer un club avec des valeurs bien spécifiques. D’ailleurs, certains inconditionnels n’ont pas trop gobé la formule utilisée : “Le respect des hautes institutions de l’État est une ligne rouge à ne pas franchir” avancé comme argument pour rompre le bail avec Ciccolini. Il y a même eu une banderole déployée à Hydra par le fameux groupe de supporters “Ouled El Bahdja” sur laquelle on pouvait lire : “L’Usmisme est inacquérable. Nos valeurs, l’unique ligne rouge”.
Le message est fort et il est à l’endroit d’Achour Djelloul, PDG de l’entreprise publique Serport et président du CA de l’USMA, qui a martelé que le licenciement de François Ciccolini était en rapport direct avec le fait qu’il ait fait une volte-face aux membres du Gouvernement présent dans la tribune pour remettre les médailles et le trophée de la Supercoupe. En décrypté, la « chita » n’est pas tolérée chez les inconditionnels et les Ultras du club algérois auteurs du fameux chant contestataire de la “Casa d’El Mouradia”. Sinon, c’est le coup de balai. Le choc face à l’ES Sétif, prévu samedi à 16h00, en ouverture du championnat devient alors crucial pour retrouver un peu de sérénité. Bouziane Benaraïbi, qui secondait Ciccolini, dépêché en pompier, devra éteindre le feu ou plutôt… redresser la barre du navire.
>> Anthar Yahia : “Qui ne se trompe pas ?”
https://www.facebook.com/USMAofficielle/videos/129595955377217/
Programme de la 1ère journée :
Vendredi 27 novembre :
CS Constantine – WA Tlemcen à 14h30
NA Hussein Dey – MC Oran à 14h30
RC Relizane – Paradou AC (match télévisé) à 15h00
JS Kabylie – CA Bordj Bou Arreridj (match télévisé) à 16h00
Samedi 28 novembre :
O Médéa – JS Saoura 14h30
NC Magra – ASO Chlef à 14h30
US Biskra – JSM Skikda (match télévisé) à 15h00
USM Alger – ES Sétif (match télévisé) à 16h00
Reportés :
USM Bel Abbès – MC Alger
AS Aïn M’lila – CR Belouizdad