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L’incroyable destin des trois frères Bouhraoua

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Une histoire franco-algérienne passionnante. Nés en France et originaires de Souk El Ténine non loin de Béjaia les frères Bouhraoua sont liés par le sang et l’amour du rugby. L’ainée, Boris (31 ans), qui évolue en Nouvelle-Zélande, est la star de la sélection algérienne, le cadet, Terry (28 ans), est le capitaine et maillon fort de l’Équipe de France à VII qu’il a qualifié aux JO 2016 à Rio de Janeiro, alors que le benjamin, Lou (23 ans) est l’étoile montante du rugby algérien.

Bien plus qu’une victoire 16-6 face à la Tunisie. Sous les yeux de leur frère Terry, Boris et Lou Bouhraoua ont joué le tout premier match de rugby de l’équipe d’Algérie sur son sol, la semaine dernière, à Oran. Récit signé L’Echo Républicain.

Bonneval, la ville d’origine. L’Algérie, la terre des ancêtres. Celle de Brahim, le grand-père paternel qui coule des jours paisibles à Châteaudun. « Il est de Souk El Ténine, ce qui signifie “marché du lundi”, à l’est de Béjaïa », précise Terry, le cadet.

Grâce à leur aïeul et pour lui, les trois frères Bouhraoua, liés par le sang et le rugby, ont retrouvé le pays de leurs racines, la semaine passée. Ils y ont partagé un moment historique : le tout premier match officiel de l’équipe nationale d’Algérie sur son sol, gagné 16-6 face à la Tunisie.

Cette rencontre à part s’est jouée à Oran, devant plus de 5.000 spectateurs. Terry, le capitaine de l’équipe de France de rugby à VII, y a assisté depuis les tribunes. Boris, l’aîné, et Lou, le benjamin, tous les deux “Fennecs” (le surnom de la sélection), y ont participé sur le terrain. De chaque côté, les émotions furent très fortes.

« On a bien ressenti que ça allait au-delà du sport »

« Pour rien au monde, je n’aurais manqué ce rendez-vous. C’était quelque chose d’exceptionnel, une journée hors du commun pour le rugby algérien. L’hymne, le drapeau porté en triomphe… Il s’est passé un truc. Tout a été parfait », raconte Terry.

« Des gens comme Sofiane Benhassen ou Azzouz Aïb se sont battus pendant dix ans pour que la Fédération soit créée et pour que cette rencontre existe. Pour eux, c’était hyper important. Nous, notre mission, c’était de jouer. Mais on a bien ressenti que ça allait au-delà du sport, confie Boris. Il n’y avait qu’à voir le nombre de photographes pour le comprendre. » « Je n’avais jamais vu ça ! », ajoute Lou.

Les précédents matches auxquels les deux Bouhraoua avaient participé, notamment ceux disputés à l’occasion d’une mini-tournée en Malaisie, s’étaient déroulés dans un relatif anonymat. Depuis ses débuts en 2007, la sélection, qui évoluait sous l’égide d’un club, n’était pas reconnue par les autorités du pays ni par la Fédération internationale…

les frères Bouhraoua

Les Bourahoua en famille au retour du match d’Oran

Rendez-vous fondateur, le match d’Oran a eu droit à bien d’autres égards. « Il était diffusé en direct à la télé sur la première chaîne, confie Boris. Médiatiquement, il y a eu un gros tapage. Ça devrait permettre au rugby de se faire connaître. Le sport comme ses valeurs. La mixité, l’ouverture… Ça peut correspondre au peuple algérien. Dans les stades de foot, la discipline reine, il n’y a quasiment que des hommes. À Oran, on a joué devant des familles. Des enfants d’Algérie ont vu du rugby… »

Aujourd’hui, au pays il n’existe qu’une dizaine de clubs et une image pas encore bien nette de ce qu’est l’ovalie. « Avant le match, on m’a souvent demandé si je portais un casque et des protections. Les gens croyaient qu’on allait faire du football américain », s’amuse Lou. Le lendemain, plus de confusion mais une nouvelle notoriété à assumer.

« La France et l’Algérie font partie de notre histoire »

« Toute la semaine, on s’était promené sans trop susciter la curiosité. Là, ce n’était pas ce qu’on cherchait, mais quand on a voulu aller prendre un café, on a été sans cesse arrêté pour des photos ou des dédicaces », confie Boris. « Même au retour à Paris, à l’aéroport et dans un bar, on nous a parlé du match », souligne Lou.

Comme la grande majorité des éléments d’une sélection valant une bonne Fédérale 1, les Bouhraoua sont des binationaux. Chez les jeunes, en universitaire ou au rugby à VII, ils ont même joué sous les couleurs tricolores avant d’opter pour le vert et blanc. « Moi, je suis fier d’avoir porté les deux maillots, affirme Boris. Ils sont tous les deux exposés dans ma chambre. La France et l’Algérie font partie de nous, de notre histoire. »

« On est en 2015, il faut aller au-delà des antagonismes, balance Terry. C’est une force pour la France de compter des habitants de diverses origines et c’est une force pour l’Algérie d’avoir des joueurs qui évoluent dans l’Hexagone. Avant que des “locaux” ne prennent le relais, ce sont eux qui doivent contribuer au développement du rugby. Et je suis heureux que mes frangins participent à cette très belle aventure. »

Brahim, lui, peut être très fier de ses petits enfants qui n’ont pas oublié d’où ils venaient. Bonneval et l’Algérie…

>> les trois frères Bourahoua à Oran:

Boris Bouhraoua : 31 ans, né le 4 mai 1984. Demi de mêlée, joue en Nouvelle-Zélande, dans la province de Napier. Est passé par Brive, Agen, Stade Bordelais, Limoges et Bobigny. International algérien. Ancien international tricolore en -18 ans, universitaire et rugby à VII.

Terry Bouhraoua : 28 ans, né le 29 août 1987. Demi de mêlée ou libéro. Capitaine de l’équipe de France de rugby à VII, qualifiée pour les JO de Rio. Anciens clubs : Ussel, Brive, Stade Français (Top 14) et Béziers.

Lou Bouhraoua : 23 ans, né le 3 novembre 1992. Demi de mêlée ou ailier. Joue à Bergerac (Fédérale 1). Est passé par Racing Métro 92, Albi et Montluçon. International algérien. Ancien international tricolore en universitaire et rugby à VII.

Franck Thébault pour L’Echo Républicain

>>Voir également l’entretien en Malaisie :

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