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“COUP-FRANC : l’édito du Fennec” – CHAN 2018 : Kayen la pâte ?

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Nouveauté sur La Gazette du Fennec, la rédaction vous proposera régulièrement, en fonction de l’actualité, un sujet de réflexion sous forme d’édito rédigé par un membre de notre équipe. On commence par un article après l’élimination sans gloire de la sélection des joueurs locaux face à la Libye. Un coup dur pour le projet Zetchi et sa volonté de réhabiliter le joueur du cru…

L’héroïsme selon Zetchi

Depuis des années, les observateurs algériens de la balle ronde ont créé un faux problème en tendant à instiller dans l’esprit des Algériens que les joueurs locaux étaient marginalisés. Pour eux, eu égard au niveau qu’ils ont, comparativement aux joueurs évoluant dans les championnats professionnels, ils méritaient de figurer sur les différentes listes établies par les coachs qui se sont succédés à la barre de l’EN. Ceci étant la version édulcorée, tout le monde se souvient de la version plus proche de la réalité, plus crue, plus violente. Les « hadou li men lhih » (ceux de là-bas), les sans patriotisme qui ne jouaient pas avec le cœur si la moindre contre-performance guettait et, pire encore, l’invective la plus abjecte, certains niaient leur Algérianité sur des plateaux de télévision. Nous ne tomberons pas dans ce piège qu’il est bon de rappeler comme une piqure à ceux qui faisaient de la haine leur pain quotidien. Nous nous limiterons, pour notre part, à l’aspect technico-tactique, au professionnalisme, bref simplement au niveau des joueurs. Dans cette optique, peut-on affirmer « kayen la pâte ! » comme ils le répètent à satiété depuis des années ?

Au match aller, pour le coach national, le problème était surtout physique. En réalité, la production technique de joueurs était catastrophique. Incapables d’appliquer une tactique de jeu, de poser le ballon et d’être efficaces dans les transitions, ces lacunes récurrentes dont souffre le joueur local ont entraîné une défaite amère mais logique. Ces lacunes ont été soulignées par tous les coachs nationaux. Vahid Halilhodzic ne disait-il pas de Djabou, certainement l’un des plus talentueux joueurs de ces 10 dernières années, qu’il est un joueur de « 10 minutes » ? Certains y voyaient de l’exagération voire de l’arrogance, mais ce n’était que pure vérité technique. Gourcuff, lui, disait ne pas avoir le temps « d’apprendre la tactique aux joueurs ». Hélas, c’est ce qui s’est produit encore lors de la double confrontation algéro-libyenne. Il ne s’agit donc pas de hogra, ni de volonté d’abaisser le joueur local dans sa dignité comme certains l’ont fait volontiers à l’endroit du joueur professionnel. Ces techniciens ont simplement pointé des faiblesses évidentes. Un autre mal s’ajoute depuis peu, il s’agit de la complaisance. Celle qui consiste à faire de l’équipe la mieux nantie et qui est éliminée sans gloire au tour préliminaire, des héros. Des héros sans gloire, mais des héros amenés à constituer le vivier de la future EN !

Quel avenir pour El Khadra ?

Le projet de la FAF version Zetchi est clair et l’objectif en soi est noble: réhabiliter le joueur local. Lui donner la primauté dans tout et à terme, en faire 90% de l’ossature de l’EN qui ne serait renforcée que par les meilleurs professionnels. Au jour d’aujourd’hui, cette politique semble irréaliste car non seulement la formation est du ressort des clubs et non de la FAF mais en sus, tout projet de formation ou d’académie porte ses fruits sur le long terme (6, 8, 10 ans). Or, nous aurons entre temps des échéances importantes qui se présenteront et pour lesquels les Verts ne peuvent se permettre d’être absents.

Doit-on sacrifier le pragmatisme pour le dogme ?Aujourd’hui, qui peut affirmer avec sincérité que les joueurs qui évoluent au Paradou ou au NAHD sont meilleurs que ceux qui évoluent à Shalke 04, au SSC Napoli, à Leicester FC, au LOSC ou Monaco ? Doit-on convoquer un joueur local parce que local ? Evidemment non, on le convoque car ses prestations et son niveau le lui permettent comme Benghit ou Abdellaoui par exemple. En creusant encore plus la logique, est-il sensé de laisser à la maison des joueurs comme Djabou, champion d’Algérie, qui a l’expérience d’une CHAN réussie en 2011, d’une Coupe du Monde réussie en 2014, pour prendre des joueurs quelconques simplement parce qu’ils évoluent au Centre du pays ?

Enrayer le copinage

Alcaraz l’a compris, il a tenté d’apporter les correctifs pour la seconde manche. Seulement, le mal figurait dans une liste surprenante des 23 dès le départ ainsi que les choix tactiques de l’Espagnol. L’erreur fondamentale de la FAF a été de croire qu’il suffisait d’avoir un coach ibérique pour imprimer un jeu ibérique. Or, l’Italien Prandelli ou le Français Rudi Garcia sont beaucoup plus proches de cette idée de jeu que les Espagnols Alcaraz ou Marcelino. Le fait est que ce n’est donc pas la nationalité qui importe mais plutôt la philosophie de jeu. Etait-ce la seule erreur de la FAF?
Les événements ayant entourés la préparation de ce match n’ont pas été de nature à imprimer la sérénité. Si des voix sages ont dénoncé la guéguerre entre le Président de la FAF Kheireddine Zetchi et le Président de la LFP Mahfoudh Kerbadj, il faut bien constater que les premières flèches ont été lancées par le boss de la FAF. Maladroitement, il a demandé des explications par communiqués sur l’absence de son homologue de la LFP à une réunion et qualifié la gestion de son prédécesseur de : «catastrophique». A tort ou à raison, un responsable ne règle pas des problèmes de cette nature par communiqués de presse, de même qu’il ne s’abaisse pas à invectiver des responsables du football de : « menteurs » au risque d’embarquer toutes les sélections dans un bateau de médiocrité… Cette bataille larvée a sans doute déstabilisé la concentration des joueurs déjà bien entamée par la fausse bonne idée de déménager au Marriott de Constantine. Cela ajoute un plan de vol et exige une mobilisation de moyens logistiques et humains supplémentaires pour un coût qui avoisinerait les 1,2 milliards de centimes ! Autant d’éléments qui n’offrent pas la sérénité nécessaire pour une préparation de haut niveau sans compter les vas et viens à Sidi Moussa, devenu un véritable moulin à vent ! Enfin, les visites incessantes du ministre de la Jeunesse et des Sports Ould Ali qui apparaît de plus en plus comme un Président de la FAF-bis ainsi que les nombreuses interférences néfastes constatées çà et là des Vice-présidents et du milieu journalistique s’agglutinant autour de la FAF ont ajouté de la confusion à la confusion. Le comble de la démagogie, est de laisser croire à l’opinion sportive algérienne qui a pourtant visionné ces deux matchs, que les Verts ont été héroïques. Alors fêtons nos héros, nous sommes éliminés… !

Réda Kaboura, La Gazette du Fennec

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