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Clubs pro – CNAS : délinquance financière et déliquescence footballistique

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L’austérité, le football algérien ne la connaît pas. Des salaires à sept chiffres, des contrats faramineux mais aussi des dettes. Beaucoup d’arriérés même. La gestion approximative sur le plan financier et la sur-dépense mèneraient tous les clubs, sans exception aucune, à la banqueroute dans un pays qui se respecte.

Toutefois, les chairmen trouvent tout le temps des contorsions pour pousser la délinquance fiscale plus loin. Leur dernière demande est une aberration, un bafouillage même des lois de la constitution. Ils veulent que la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) passe l’éponge sur une dette de 100 milliards de centimes cumulés depuis 2010. Tout simplement. Impunément.

Le football est un sport créé par les pauvres. Aujourd’hui, il ne profite qu’aux riches. C’est une réalité amère. Prendre des portefeuilles des classes sociales moyennes, voire faibles, pour s’en mettre plein les poches. De surcroît quand un supporteur cotise, les clubs et leurs joueurs dribblent le fisc. De manière grossière. Le pire, c’est qu’ils ont le contre favorable.

En Algérie, on en a la preuve formelle et de manière plus insolente. Les différents teams des deux paliers professionnels doivent plus de 100 milliards de centime à la CNAS. Une somme astronomique et très conséquente qui s’est entassée depuis 2010. Le pire, c’est que les présidents ont récemment sollicité Kheireddine Zetchi, homme fort de la Fédération algérienne de football (FAF), pour qu’il demande à ce que cette créance soit effacée ! De quel droit ?

zetchi cnas reunion

Balle ronde et footballeur sans avenir

Pourtant cela devait être dans l’intérêt de tout le monde. La carrière dans un football-circus est vouée à la finalité un jour ou l’autre. Les sportifs peuvent s’assurer une retraite en «épargnant» aujourd’hui. Ainsi,  ils s’assureraient un revenu conséquent pour demain. Surtout qu’ils ont un bon pactole a chaque fin du mois et le taux de cotisations semble dérisoire devant les sommes perçues. Par ailleurs, ce contournement fiscal porte préjudice à la balance économique algérienne qui cherche des sources pour amortir le choc de l’austérité. Ce délit est condamnable d’autant plus que le citoyen algérien lambda, peu importe son salaire, voit ses cotisations à la CNAS prélevées à la source. Quelle disparité ! Surtout, quelle injustice et traitement de faveur alors que la Constitution devrait assurer l’égalité entre tous les citoyens. A moins que les pousseurs de ballons soient des extra-terrestres. En tout cas, niveau football, chercher du spectacle c’est comme explorer Mars pour y trouver des traces de la vie.

Le football totalitaire au lieu du football total

Des multimillionnaires (même si c’est en dinars) qui refusent des s’acquitter des cotisations sociales en bribes. Qui ne pensent pas à leur avenir. Ni au présent du pays. Encore moins ses lendemains qui s’annoncent durs. Des émoluments stratosphériques dans une Algérie austère. Telle est la réalité économique du football au pays des merveilles qu’on entend à tout bout de champ. Il faut dire que les patrons des clubs ne cessent de nous impressionner avec des revendications plus aberrantes les unes que les autres. La dernière est cette requête formulée lors de la réunion FAF – clubs professionnels tenue lundi dernier au Centre Technique nationale (CTN) de Sidi Moussa pour se dérober de pays 100 milliards de centimes à la CNAS. Des joueurs aux membres des différents staffs (technique, médical et administratif), personne ne verse d’argent de l’assurance sociale.

9% pour les joueurs et 26% à la charge de l’employeur

Et ce, en dépit d’un accord CNAS – LFP ont signé le 21 décembre 2016, portant sur l’application des dispositions du décret 16-152 fixant l`assiette, le taux de cotisation et les prestations de sécurité sociale de l`encadrement des clubs professionnels de football. En vertu de ce protocole, le staff technique sportif, médical et joueurs des clubs professionnels de football bénéficieront des avantages en matière de protection sociale en application du décret exécutif 16-152 du 23 mai 2016 qui fixe l’assiette de cotisation à 15 fois le SNMG (270.000  DA). Le taux de cotisation des clubs a été fixé à 34,5% (9% pour les joueurs et 26% à la charge des clubs), en plus d`un taux de 0,5%  représentant la quote-part du Fonds national de péréquation des œuvres  sociales. Rien de cela n’a été fait. L’« évasion fiscale » s’est poursuivie. En toute impunité bien-sûr. Dans un pays qui flirte avec le hors-jeu niveau économies, personne ne veut s’aligner sur la transparence et le bon sens. Un carton rouge mérité pour des magouilleurs et des unijambistes d’une société sportive par actions (gérée -généralement- de manière unipersonnelle) qui mangent la grenouille ensemble. Les spectateurs eux, ont faim de féeries sur le rectangle vert qui se déteint au fil des saisons.

Mohamed Touileb, La Gazette du Fennec

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