La tempête qui secoue la CAF depuis quelques jours, suite à un gros scandale de corruption et de détournement d’argent, risque d’emporter dans son sillage son président, Ahmad Ahmad, ainsi que plusieurs membres influents de son comité exécutif.
Les résultats d’un audit mené par le cabinet PricewaterhouseCoopers sur les finances de la CAF ont mis à jour un véritable réseau de corruption et de trafic d’influence au sein de l’instance du football africain. Le New York Times qui s’est procuré les bonnes pages de cette enquête, révèle que des trous de plusieurs dizaines de millions de dollars ont été découverts dans la gestion de l’instance africaine. Ahmad Ahmad, déjà entendu dans d’autres affaires par la justice française, et plusieurs de ses plus proches collaborateurs sont dans de sales draps.
Selon le rapport de la PWC, des détournements à grande échelle des sommes allouées par la FIFA au fond du développement du football africains, ont été constatés. « Des éléments de mauvaise gestion et d’abus de pouvoir ont été découverts dans les domaines clés des finances et des opérations de la CAF », a mentionné la commission d’enquête dans son rapport, relayé par le New York Times.
En effet, sur 51 millions alloués par la FIFA entre 2015 et 2018, 24 millions auraient été détournés par des responsables de la CAF. Ainsi, on apprend que sur 40 paiements d’un total de 10 millions de dollars, seuls 5 transactions d’un total de 1,6 millions de dollars disposent de documents justificatifs. La commission d’enquête n’a jamais réussi à remonter la trace des autres transactions, expliquant être « bloquée » sur de nombreux dossiers « manuellement changés ».
Ahmad Ahmad déjà dans l’œil de la justice française
Ce scandale touche en premier le président de la CAF, Ahmad Ahmad, déjà suspecté dans plusieurs affaires de corruption et de trafic d’influence. Pour rappel, le Malgache avait été placé en garde à vue par la justice française qui enquête avec lui dans l’affaire Tactical Steel suite à un flux financier suspect dans les comptes bancaires du propriétaire de cette société. La justice française y voit clairement des versements de pots de vin et un mouvement d’évasion fiscale vers des comptes hébergés dans le Golfe.
Cette affaire, qui met en lumière un vaste réseau de corruption ancré dans le mode de fonctionnement de la CAF, devrait logiquement épingler Ahmad Ahmad, qui traîne déjà de nombreuses casseroles derrière lui, et plusieurs de ses plus proches collaborateurs, sauf si la FIFA décide de continuer à protéger le Malgache au nom d’une prétendue transparence.
Infantino : « l’argent de la FIFA est destiné à développer le football et non à le mettre dans les poches des dirigeants»
Deux anciens membres de la CAF, en l’occurrence Seedy Kinteh (Gambie), Kalusha Bwalya (Zambie), déjà épinglés par la FIFA pour avoir reçu des cadeaux de luxe et de l’argent de la part du président de la confédération asiatique de football, Mohamed Ben Hammam. Mais jusque là, la FIFA a fait en sorte de ne jamais s’attaquer au patron de la CAF, Ahmad Ahmad qui incarne pourtant aux yeux du monde le visage de la corruption à la CAF. Si l’on y ajoute les récentes accusations de harcèlement sexuels dont il a fait l’objet, son casier judiciaire est déjà bien rempli !
Interrogé sur le sujet, le président de la FIFA, Gianni Infantino s’est contenté de rappeler que « l’argent de la FIFA sert à développer le football dans le continent et non le mettre dans les poches des dirigeants. J’espère que le président de la CAF a réalisé que je vais être sévère contre la corruption », a-t-il dit. Mais pour autant, des sanctions vont-elles être prises contre les gros bras de la CAF, ou l’affaire va-t-elle être noyée comme toutes les autres…