Dans une interview accordée au média français LCI, Roland Courbis est revenu sur les coulisses des contacts qu’il a eu avec l’Algérie. Bonne lecture!
En mai, dans Le Parisien, vous disiez “n’importe quel entraîneur rêve d’être sélectionneur de l’Algérie”…
(il coupe) Un “rêve”, non, mon propos a été déformé, mais oui, le poste m’a intéressé. Disons qu’aller en Algérie serait un plaisir.
Le poste est vacant depuis le 11 octobre. N’avez-vous pas été contacté ?
Si, j’ai rencontré le président de la Fédération algérienne (Mohamed Raouraoua, ndlr) à Paris il y a une dizaine de jours. Je faisais partie des quatre ou cinq possibilités pour eux. Mais mon nom, contrairement à ceux de mes concurrents, revient depuis sept ans pour ce poste. Ça s’était joué entre Vahid (Halilhodžić) et moi (en 2011, ndlr), ça a été Vahid. Ensuite, c’était entre (Christian Gourcuff) et moi, ça a été Gourcuff (en 2014, ndlr). Et puis Gourcuff est venu me remplacer à Rennes (cet été), je pensais qu’on allait faire une sorte d’échange : moi qui lui fais un bilan sur les joueurs rennais, et lui sur les Algériens, ce qui me paraissait tout à fait logique. Mais il n’a pas eu besoin de me le faire puisqu’ils ont pris le Serbe (Milovan Rajevac, ndlr). Et derrière, ça n’a pas marché…
Vous pensiez donc que votre tour était venu ?
Les sondages des grands quotidiens algériens pour le poste de sélectionneur me placent en tête. Les joueurs sont favorables à ma venue. Les journalistes aussi. Mais l’affaire ne se fera pas. Alors que mon contrat avec RMC et BFM me permet de prendre en charge une sélection…
Pourquoi ne se fera-t-elle pas ?
Parce qu’ils en choisissent un autre !
Ce n’est pas lié au fait que préfériez aller à Lorient ?
Non, pas du tout. Les discussions avec Lorient ont commencé il y a seulement trois jours, après la défaite (1-0) contre Dijon. L’Algérie avait la priorité. En plus, sélectionneur et entraîneur sont deux métiers totalement différents. Quelque part, c’était à moi de choisir le challenge. Mais je n’ai même pas eu à choisir, parce que le plan A des dirigeants algériens, c’était (Marc) Wilmots, le plan B, c’était moi, et le plan C, c’est (Georges) Leeskens (qui devrait être intronisé ce jeudi, ndlr). En ce qui me concerne, les discussions se sont terminées il y a quatre ou cinq jours. Je leur ai souhaité bon courage et bonne chance. Parce que, avant la CAN, il y a quand même un déplacement périlleux au Nigeria. Le calendrier et les adversaires à affronter m’ont fait réfléchir. Mais pas au point de refuser le poste.
Si vous étiez le plan B, pourquoi est-ce le plan C qui va finalement obtenir le poste ?
À partir du moment où j’ai su que je n’étais pas le plan A… Je ne suis pas susceptible, mais j’ai aussi ma petite fierté. Sur pas mal de points, je suis un peu algérien, ou méditerranéen, sur les bords. De temps en temps, je me formalise un peu. Ça ne veut pas dire que Wilmots était une mauvaise idée. Je leur ai d’ailleurs dit que j’étais désolé que ça n’ait pas marché avec lui. C’était une très bonne idée.
Ils sont donc revenus vers vous après son refus…
Mais moi je n’ai pas eu besoin de refuser. Je leur ai dit que c’était dommage pour Wilmots, et que j’étais en train de discuter avec Lorient. Ensuite, je n’ai pas pu me libérer de mon contrat avec RMC, parce qu’une clause m’autorise juste à prendre une sélection. Je pensais qu’on trouverait une solution à l’amiable mais je me mets à leur place : ils m’ont mis sur les grilles de RMC, BFM et SFR. J’ai cette faculté de pouvoir passer d’un plateau à un autre. Je suis peut-être un peu difficile à remplacer.
Finalement, vous n’avez pas eu de chance, pour une simple histoire de timing, vous n’aurez ni l’Algérie, ni Lorient…
Je ne suis pas prétentieux comme Mourinho dans mes déclarations, mais bon, qui a le moins de chance dans cette affaire ? Est-ce que c’est vraiment moi ? Si l’Algérie et Lorient trouvent une meilleure solution, j’en serais ravi et je regarderai ça avec beaucoup de curiosité.
Si vous aviez eu le choix, quelle équipe auriez-vous choisie ?
Difficile à dire. Les deux challenges étaient passionnants. C’est du 50-50.
L’activité de sélectionneur, que vous ne connaissez pas, ne vous tentait-elle pas plus ?
J’ai eu une expérience avec le Niger (en tant que conseiller technique, ndlr), qui avait une petite équipe sympathique, à la CAN (en 2012, ndlr). L’objectif était de ne pas être ridicule dans un groupe horrible, avec le Gabon chez lui, le Maroc et la Tunisie. On a fait un parcours honorable. Pour revenir à l’Algérie, le calendrier est vraiment compliqué. Alors, en plus, voir que je n’étais pas en tête de liste… Je l’accepte, mais qu’on accepte aussi que je ne me sente pas en totale confiance. Les sélectionneurs en ont besoin aussi ! Être un plan B, ça ne fait pas sauter au plafond.
Vous restez adulé à Alger après votre passage à l’USMA (en 2012-13)…
Ah mais moi, quand je suis à Alger, je n’ai pas l’impression d’être à l’étranger (rires). Attendez, ça ne fait pas une semaine, ça fait sept ans qu’on cite mon nom pour la sélection. Eh bien qu’il continue de circuler ! En revanche, j’insiste sur le fait que je reste un fervent supporter de l’équipe nationale algérienne. Ma susceptibilité ne change rien à mon affection.