Ancien joueur de Nîmes et de l’Équipe de France, élu meilleur ailier du championnat, Alain Portes (57 ans) est depuis ce printemps le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale d’Algérie de handball. Il a déjà entraîné l’Équipe de France féminine et surtout la Tunisie avec laquelle il a été champion d’Afrique en 2010 et 2012, disputant même un 1/4 de finale aux JO 2012 à Londres. Récemment il a entrainé la formation qatarie d’Al Duhail (l’ancien club de Belmadi !) où il a remporté le titre de champion d’Asie des clubs en 2019. En marge du stage des Verts qui vient de se dérouler à Tipasa, La Gazette du Fennec s’est rapproché d’Alain Portes qui nous accordé cet entretien exclusif. L’expérimenté technicien nous donne ses impressions sur le groupe et nous parle des objectifs des Verts.
LA GAZETTE DU FENNEC : Depuis quand les discutions avec la fédération algérienne ont débuté ?
Alain Portes : Depuis pas mal de temps (sourire).
Qu’est-ce qui vous a amené à accepter ce challenge ?
Je connais l’Équipe Nationale algérienne, son potentiel et celui de ses joueurs depuis mon passage en Tunisie. J’ai envie de revivre des Coupes d’Afrique. J’ai gagné les deux que j’ai disputé avec la Tunisie en 2010 et 2012. De l’extérieur, je vois bien que le Handball algérien est en souffrance. J’ai envie de l’aider à se reconstruire.
“Objectif : nous qualifier pour le prochain Mondial en 2021 en Égypte. (…) Pour remonter dans la hiérarchie, je ne connais qu’une recette : le travail. ”
Quelle est votre mission à la tête de l’équipe nationale ? Avez-vous des objectifs ?
Les objectifs sont sportifs et notamment de nous qualifier pour le prochain Mondial. A partir de là, si nous réussissons ce premier objectif, nous aurons un an pour préparer une prestation honorable lors de ce rendez-vous en Égypte en 2021. Viendront ensuite les Jeux méditerranéens d’Oran en Juillet 2021.
Avez-vous d’autres prérogatives comme la formation, les sélections des jeunes ou un regard sur la DTN ?
Non. Pas pour le moment. De toutes façons, je vais dans un premier temps, mettre toute mon énergie à préparer la CAN 2020 en Tunisie.
Avez-vous eu des garanties pour une aide des instances algériennes comme le ministère de la jeunesse et des sports ?
J’ai rencontré le Ministre le lendemain de mon arrivée à Alger. C’est un sportif de haut niveau qui connait la difficulté du challenge que je dois relever. Il semble motivé.
Quel regard portez-vous sur le handball algérien avant d’avoir accepté ?
Beaucoup de respect. J’ai souvent affronté l’Équipe d’Algérie quand j’étais joueur en Équipe de France. C’était une équipe qui nous donnait beaucoup de fil à retordre avec des joueurs exceptionnels comme Hamiche ou Benjemil par exemple. Leur entraineur, Aziz Derouaz, était un précurseur de la défense étagée. Puis, quand j’ai entrainé la Tunisie, j’ai vu une équipe talentueuse aussi, avec de beaux joueurs au mental admirable. Donc, j’ai beaucoup d’estime pour le Handball algérien.
Au vue des derniers résultats, le handball algérien n’est clairement pas à sa place, avez–vous cerné le problème ? Quels sont pour vous les solutions ?
Je ne suis pas là depuis assez longtemps pour répondre à cette question. Mais pour remonter dans la hiérarchie, je ne connais qu’une recette : le travail. Le mien sera centré sur l’Équipe Nationale. Je suppose qu’il faut travailler aussi sur les plus jeunes pour préparer la relève.
“J’ai confiance en mon adjoint Tahar Labane. Je ne suis pas pressé d’élargir mon staff”
Pour mener à bien votre mission, avec qui allez-vous travailler ? Y aura-t-il des renforts dans le staff (français ou algériens) ?
Je travaille avec les gens que je connais bien et en qui j’ai confiance. C’est le cas de mon adjoint Tahar Labane que j’ai choisi. Il m’aide beaucoup par sa connaissance du Hand algérien et ses compétences d’entraineur. L’homme est respecté en Algérie. Je suis content de mon choix.
Et je ne suis pas pressé d’élargir mon staff : je verrai en fonction des besoins qui apparaissent au fur et à mesure des stages que je fais avec l’équipe.
Vous êtes parti en Algérie cet été pour un rassemblement des joueurs locaux, comment cela s’est-il déroulé ?
Très bien. L’ambiance sur et en dehors du terrain est excellente. Et les joueurs adhèrent bien au travail que je propose.
Comment avez-vous procédé pour la sélection des joueurs? Connaissiez-vous les joueurs auparavant ? Avez-vous fait le tour des salles pour superviser? Juste à Alger ou ailleurs ?
J’ai visionné quelques matches et demandé son avis à Tahar qui m’a beaucoup aidé. J’espère découvrir encore d’autres talents. Je n’ai pas circulé encore en Algérie car je travaillais auparavant au Qatar pour le club de Duhail avec lequel j’ai gagné la Coupe d’Asie des Clubs Champions.
“Deux critères pour les expatriés : niveau de jeu et motivation sans faille pour porter le maillot algérien !”
Un autre problème du handball algérien, est de laisser en hibernation l’équipe nationale jusqu’aux prochaines échéances, sans réelles préparation. D’autres regroupements sont en vue ? Y a-t-il un programme de préparation déjà établi ? Des tournois ou des matchs amicaux en vues ?
J’ai proposé un programme de stage qui a été validé. Des stages et des matches amicaux sont prévus. Le programme reste à compléter mais il est déjà bien étoffé.
Qu’en est-il justement des joueurs hors d’Algérie ? Jusqu’à quel niveau allez-vous prospecter (seulement en ligue pro ou même niveau inférieur comme la N1 et N2)?
Je n’ai encore pas décidé. Il y a deux critères pour que les joueurs soient appelés : leur niveau de jeu et leur motivation à porter le maillot algérien qui doit être sans faille.
Avez–vous discuté avec certains professionnels ? Quels messages vous leur avez transmis ?
Oui. Le message est celui que je viens de vous donner sur la réponse précédente.
Qu’en est-il des binationaux ? Avez-vous parlé avec certains comme Mike Brasseleur ou Samir Bellahcene ?
Avec d’autres aussi…
Quelles sont vos ambitions avec l’Algérie ?
Que tout le monde prenne du plaisir à jouer dans cette équipe et à la regarder jouer. Ça passe forcément par des résultats positifs.
Aujourd’hui quelles sont les chances de l’Algérie à la prochaine CAN, voir coupe du monde si on se qualifie ?
Je ne connais pas encore assez mon équipe pour répondre à cette question.
“J’aime le jeu collectif et varié dans tous les secteurs du jeu pour pouvoir surprendre l’adversaire”
Quand on pense à l’Algérie, on pense au système 3-3. Y a-t-il un système Alain portes ? Dans quel système de jeu pensez-vous faire jouer l’Algérie ?
J’ai bien évidemment des convictions. Pour résumer, j’aime le jeu collectif et varié dans tous les secteurs du jeu pour pouvoir surprendre l’adversaire. En attaque, je fais en sorte que nous soyons dangereux à tous les postes.
En dehors des compétitions êtes-vous déjà allé en Algérie ?
Depuis le 2 Aout, j’ai fait 2 stages avec les joueurs locaux de 6 et 9 jours. Je reviendrai très bientôt pour la Finale de la Super Coupe et le début du championnat. Un rassemblement des joueurs locaux est aussi prévu.
Comptez-vous vous installer en Algérie ou vous travaillez à partir de l’étranger ?
Je ferai en fonction des besoins pour que l’Équipe soit le mieux préparée possible. Mais je passerai, c’est certain, pas mal de temps en Algérie.
Un message pour les supporters du handball algérien en général et de l’équipe nationale en particulier ?
Ils peuvent compter sur ma motivation à réussir. Je veux rendre à l’Algérie la confiance qui m’est donnée…comme je l’ai fait en Tunisie pendant 4 ans. Et partout où je suis passé.
Fateh le Coach, La Gazette Du Fennec