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Algérie : Vladimir Petkovic aux antipodes

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Vladimir Petkovic
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Arrivé en Algérie, en mars 2024, pour tourner la page Djamel Belmadi, Vladimir Petkovic devait être l’homme du renouveau. Un an et demi après sa prise de fonction, le discours de rupture s’est dilué dans la continuité : mêmes choix, mêmes visages, mêmes doutes.

Le 24 janvier 2024, Walid Sadi actait la fin de l’ère Belmadi après une CAN-2023 cauchemardesque. Le nouveau président de la FAF promettait une « véritable révolution » et un changement radical dans la gestion de l’équipe nationale.

Lorsque Petkovic pose ses valises à Alger en mars 2024, l’optimisme renaît. À sa première conférence de presse, au stade Nelson Mandela, il annonce vouloir « reconstruire depuis zéro » et présente cela comme une opportunité plus qu’une contrainte. L’Algérie croyait alors à une refondation profonde.

Des listes qui interrogent

Pour ses premiers matchs, sans enjeu, face à la Bolivie et à l’Afrique du Sud lors des FIFA Series, le Suisse mélange anciens et nouveaux : Guitane, Kendouci, Madani ou Bakrar côtoient Brahimi ou le revenant Benzia. Un dosage qui laisse entrevoir une volonté de transition.

Mais très vite, les automatismes de sélection s’installent. Petkovic rappelle à plusieurs reprises des cadres déclinants, comme Brahimi, et s’appuie systématiquement sur Benrahma, malgré ses prestations décevantes à Lyon puis son départ en deuxième division saoudienne. Un choix assumé : le sélectionneur explique vouloir leur « redonner confiance ». Mais cette fidélité interroge, surtout quand certains profils plus performants en club n’obtiennent jamais leur chance.

Les absents de marque

Le cas de Mehdi Dorval illustre ce paradoxe : le latéral de Bari, régulièrement évoqué par la presse et par Petkovic lui-même, n’a jamais été convoqué. Même constat pour des joueurs comme Titraoui ou Kadri, qui brillent en club mais restent invisibles en sélection.

À l’inverse, certains convoqués ne disputent pas la moindre minute. Sohaib Nair en mars, Ilian Kebbal en septembre : des noms qui apparaissent dans les listes, mais disparaissent du terrain. Le discours du coach « je ne peux pas faire jouer tout le monde » peine à calmer la frustration des supporters.

Des choix incompris

Le match contre la Guinée, en septembre, symbolise ces contradictions. Benrahma débute, traverse la rencontre comme une ombre et sort sous les critiques, mais demeure dans les plans du coach. Zerrouki, lui, continue d’être titularisé malgré des performances sans relief.

Les supporters s’interrogent : pourquoi insister sur des joueurs qui ne répondent plus, alors que le réservoir algérien au milieu, est l’un des plus fournis du continent ? L’impression générale est celle d’un sélectionneur qui reproduit ce que l’on reprochait à Belmadi : s’accrocher à des hommes plutôt qu’à des idées.

Mahrez, la légende et l’après

Riyad Mahrez demeure le capitaine incontesté des Verts. Sa présence n’est pas un problème, au contraire : elle récompense une légende de l’Algérie, sans doute la plus grande de sa génération. Mais derrière lui, le temps presse. La relève existe : Kebbal, Hadj Moussa, Bouanani, Belloumi ou d’autres et elle doit être préparée dès maintenant. S’enfermer dans le confort des trentenaires, Benrahma ou Belaïli compris, serait une erreur stratégique alors que la CAN approche à grands pas et que le Mondial n’est plus qu’à huit mois.

Car remplir son contrat en termes de résultats ne suffira pas à calmer les critiques. Ce que les supporters réclament, c’est un projet, une ossature, une vraie dynamique de groupe. Faute de quoi, l’Algérie risque une humiliation annoncée face à des adversaires a priori largement à sa portée. La double confrontation contre la Somalie, 200e au classement FIFA, et l’Ouganda doit être un tournant. Jouer à domicile, la rencontre face aux Somaliens est l’occasion rêvée de tester, d’oser, de donner confiance à cette nouvelle génération qui attend son heure.

Petkovic a été appelé pour construire. Désormais, il lui faut trancher et assumer.

Le staff, maillon faible ?

Au-delà des joueurs, c’est aussi le staff qui interroge. Davide Morandi, l’adjoint de Petkovic, affiche un CV loin des standards attendus à ce niveau. Son dernier poste en club remonte à 2021 avec le SC Kriens : 12 matchs, de mauvais résultats et un limogeage à la clé. Avant cela, ses expériences à Bellinzona (17 matchs) ou à Lugano se sont également soldées par des licenciements précoces. Autant dire que son parcours ne respire pas la réussite.

À ses côtés, Nabil Neghiz, bien connu du public algérien, n’apporte pas davantage de garanties. Sa première apparition dans le staff national date de l’ère Christian Gourcuff, avant de traverser les douloureuses parenthèses Rajevac et Leekens. En club, son passage le plus marquant reste celui au MC Alger… terminé lui aussi sur fond de mauvais résultats.

Avec un encadrement au CV aussi fragile, difficile d’imaginer que Petkovic soit entouré de profils capables de porter le projet ambitieux promis par la FAF.

Un contrat rempli, une identité absente

Sur le plan comptable, la mission est quasiment remplie : l’Algérie est qualifiée à 80 % pour la Coupe du monde 2026. Une victoire face à la Somalie, 200e au classement FIFA, scellerait définitivement le ticket. Mais dans le jeu, l’identité et la fraîcheur promises se font attendre.

Le constat est brutal : un an et demi après son arrivée, la sélection ressemble toujours à ce qu’elle était sous Belmadi. Petkovic est venu pour reconstruire. Pour l’instant, il ne fait que prolonger l’éternel recommencement.

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Ecris par
Yanni Abdelli -

Journaliste La Gazette du Fennec

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