Exilé au Qatar, l’ancien entraineur du Mouloudia d’Alger, Bernard Casoni, est revenu sur son expérience en Algérie dans un entretien accordé à Actufoot. Limogé l’été dernier après le fiasco de l’élimination en phase de poules de la Ligue des Champions africaine, le technicien français de 57 ans a livré quelques confidences sur son passage sur le banc du MCA.
“Un an en Algérie, dans le même club, ce n’était pas facile. Surtout au Mouloudia d’Alger, c’était un exploit. J’ai eu cette possibilité au Qatar, si on peut travailler, il ne faut pas laisser passer l’opportunité (…). En tant qu’entraîneur, on est là pour s’adapter. N’importe quel pays où je suis allé, je me suis adapté” a expliqué l’ancien défenseur Champion d’Europe avec l’Olympique de Marseille en 1993.
“En Algérie, on jouait devant 50000 personnes, ici devant tout juste trente personnes. Il y a une grosse différence au niveau du public, mais il y a toujours cette pression en tant qu’entraîneur. Il faut gagner, on entraîne de la même façon pour arriver à cet objectif. Il faut juste voir, et faire avec les joueurs que l’on a. Même en Algérie, le travail qu’on a pu faire au Mouloudia, c’est assez fantastique. Je n’ai pas toujours connu ça en France. Quand on arrive à faire travailler les joueurs, et les amener là où on veut, c’est ça la satisfaction d’un entraîneur. C’est ce que j’ai vécu avec mon adjoint Hakim Malek en Algérie, le vrai métier d’entraîneur c’est ça“.
“En Algérie tout se fait au dernier moment”
Interrogé plus en détail sur son expérience sur le banc de touche du club le plus populaire d’Algérie (18 victoires, 11 nuls et 15 défaites), Bernard Casoni a exprimé un sentiment assez critique sur l’état d’esprit général qui caractérise le championnat algérien. “Quand on part entraîner en Algérie, souvent tu es là pour deux, trois mois à peine. Quand on voit le championnat actuel, sur 16 équipes, 10 entraîneurs ont déjà été licenciés. Nous, on a tenu un an, c’était un exploit. Il y avait vraiment un public extraordinaire, qui était conscient du travail que l’on faisait avec Hakim Malek. Mais on n’a pas pu aller au bout pour d’autres raisons. Des gens du staff nous ont mis en difficulté, c’est comme ça quand on veut prendre votre place. C’est vraiment dommage, les choses n’ont pas été faites dans le bon ordre. Mais c’est l’Algérie, tout se fait au dernier moment là-bas. Ça reste un pays de vrais passionnés“.
“Ce qu’il manque à ce pays c’est simplement la formation”
Concernant le potentiel du football algérien, le technicien français a révélé que de nombreux joueurs du championnat algérien ont le niveau pour évoluer en Europe. “Bien évidemment. Ce qu’il manque à ce pays, c’est simplement de la formation. Mais pour ça il faut former des éducateurs compétents. Il y a beaucoup de qualité, mais on ne les fait pas travailler, ou alors dans de mauvaises conditions. Il y a de gros progrès à faire là-dessus, tout comme sur la gestion d’un club. Il faut structurer tout ça“. Limogé partout où il est passé (Marseille, Auxerre, Bastia, Club Africain, Valenciennes, Lorient), l’actuel entraineur d’Al-Khor ne serait sans doute pas contre un retour en Algérie à moyen terme.
Yassine Benarbia, La Gazette du Fennec