Désigné meilleur espoir de la saison écoulée par les supporters de l’OGC Nice, l’international algérien entend bien confirmer tous les espoirs placés en lui par ses dirigeants. Avec l’arrivée d’un nouvel entraineur en la personne de Christophe Galtier et une concurrence renforcée à son poste, le Champion d’Afrique 2021 compte redoubler d’effort pour gagner sa place. Le natif de Béchar s’est confié sur le site officiel de son club à l’entame de la nouvelle saison.
« L’année dernière, quand je voyais la caméra, je partais en courant. » Le grand sourire et la pointe d’humour avec lesquels Hicham Boudaoui contemple le temps qui passe en disent assez long sur son évolution. Sur son recul, aussi, et sur un quotidien où, comme sur le terrain, son naturel fait sa force. A 21 ans et avant sa 3ème saison à Nice, Hicham court toujours, vite et longtemps, mais plus quand il voit la caméra du club, ni quand on lui tend un micro. Ça tombe bien : avant de quitter Divonne-les-Bains, il s’est arrêté un bon moment pour nous parler du Gym, de sa vie et de ses ambitions.
Avec lui tout a un sens. Les mots, qui ne sont plus si rares, comme ses silences, qui ne sont plus si présents. Tout, y compris le ton de sa voix et le rythme de ses phrases. La manière dont il les cisèle, les travaille, les laisse cheminer avec douceur et tomber avec fermeté. A 21 ans, « le Prince de Béchar » ne se sent « plus jeune depuis un moment ».
Sur le terrain, sa jeunesse disparue saute aux yeux. Champion d’Afrique en 2019, il compte 42 matchs avec le Gym, 5 buts et 5 passes décisives, à l’aube de son 3ème exercice dans le Comté : « Ce n’est pas assez, de son propre avis. Je dois faire plus, faire mieux. » Derrière cet objectif sourd un petit silence. Hicham l’accueille avec plaisir. Son message est passé sans fioritures, comme une bonne passe claquée. Lorsqu’on lui argue, en retour, que certaines de ses prestations de la saison passée (Lens, Paris, Rennes, Marseille, Montpellier…) ont été unanimement saluées, il reprend la parole sans se détacher de son sourire serein. « Dans ma tête, je sais que je peux faire mieux. Je dois marquer plus, être plus décisif, et surtout tout faire pour éviter les blessures et pouvoir enchaîner sur toute la saison. Ça passe par beaucoup de travail et ça tombe bien, j’adore travailler. Le seul match où j’étais 100 % à l’aise depuis mon arrivée, c’était à Rennes. Là, je me suis senti comme au Paradou, où j’enchaînais ce genre de prestations. Sur tous les autres, je t’assure qu’il y avait mieux à faire. »
« En Algérie, personne ne me parlait de physique »
Au Roazhon Park, le 26 février dernier, l’Espoir Crédit Agricole des deux dernières saisons avait éclaboussé de son talent les débats remportés par les Aiglons (1-2). Le coach Ursea salua, au sortir de la rencontre, « un match tout simplement monstrueux ». En 8, dans une position de relayeur qui ressembla sur certaines phases à celle de deuxième attaquant, il plana sur la rencontre, tant défensivement qu’offensivement, où il alla provoquer le pénalty transformé par Amine Gouiri.
Attaquer, défendre, ne lui demandez d’ailleurs pas de choisir : Hicham « aime les deux, du moment que je sors du terrain épuisé… » Une remarque qu’il complète par une précision. « J’aime les deux et j’aime l’axe du terrain. 6,8,10 : peu importe, mais c’est vraiment là où je me sens bien. J’ai appris sur le côté lors de ma première saison à Nice, mais ce n’était pas un poste que je connaissais. Au coeur du jeu, c’est autre chose… » Le cœur du jeu, royaume où son coffre – loué par tous les préparateurs du Club – lui offre la lucidité pour créer des différences. « En Algérie, tu sais, on ne m’a jamais parlé de physique, s’amuse-t-il. J’étais juste un joueur technique. C’est ici qu’on a commencé à me dire que j’avais de bons résultats aux tests. Les gens ont peut-être retenu ça car la première année, je n’étais pas à l’aise avec le ballon. J’avais du mal à m’adapter. Alors pour compenser, je donnais tout, car c’est la moindre des choses. Attaquer, défendre, courir : dès que je suis monté avec les U21 du Paradou, j’ai commencé à le faire naturellement. Ça m’est venu comme ça, je ne peux pas trop te dire pourquoi. »
« On n’a pas le droit de faire une mauvaise saison »
Sélectionné avec l’Algérie au mois de juin, Boudaoui a connu une reprise adaptée. Il a rejoint le groupe à Divonne dimanche 18 juillet. Et intégré directement les séances collectives. Il y a découvert le coach Galtier et sa méthode. « Les entraînements sont très différents, précise le milieu. Beaucoup de choses ont changé, à commencer par le système qu’on travaille, qui n’est plus le 4-3-3 mais le 4-4-2. On bosse beaucoup le pressing, les retours, la manière de coulisser. Il y a énormément de tactique, le coach demande beaucoup d’agressivité et d’intensité. »
Ce vendredi, le groupe quitte Divonne pour l’Autriche, où l’attend son 5ème match de préparation face à l’Union Berlin (coup d’envoi samedi à 16h). Le premier pour lequel Boudaoui sera « à la disposition du coach » depuis son retour. Suivront une ultime répétition générale face au Milan AC (le 31 juillet à l’Allianz Riviera), puis le retour de la L1, le 8 août à la maison contre Reims. « J’espère vraiment qu’on va faire une bonne saison. D’ailleurs, on n’a le droit d’en faire une mauvaise. L’année dernière, ce n’était pas assez. Il faut qu’on ait de gros objectifs et, personnellement, encore une fois, j’espère enchaîner pour aider l’équipe à les atteindre. En tout cas, je fais tout pour. »
Derrière cette ambition, déclamée avec simplicité, la caméra se baisse, le micro se coupe. Hicham reste encore de longues minutes sur la terrasse du Domaine de Divonne, à parler de tout et de rien. De ses amis, de sa famille, de sa maison – dans laquelle il vit depuis plusieurs mois, après avoir partagé l’appartement de Youcef Atal -, du chef qui s’occupe de ses repas, de la sélection, de la CAN, de la Coupe du Monde, du Gym, de Nice. Au détours de ses échanges informels, on lui fait remarquer que l’année passée, au même endroit, dans une interview à Nice-Matin, il avait déclaré ceci : « Je me sens bien ici. Sincèrement, j’aimerais bien faire toute ma carrière à l’OGC Nice ». Il nous répond avec les yeux qui brillent. « Un an après, je pense toujours la même chose. Je pourrai rester ma vie ici. Je suis chez moi. J’ai envie de travailler ici. Je suis bien, c’est la chose la plus importante. »
Derrière ces deniers mots, le silence. Boudaoui se lève et regagne sa chambre, après avoir salué tout le monde avec humilité. Tourné vers l’avenir avec sagesse, confiance et détermination.