À l’approche de sa réélection à la tête de la CAF, le bilan de Patrice Motsepe suscite la division. Diplomate habile et orateur convaincant, le dirigeant sud-africain est critiqué pour des promesses non tenues et une gouvernance parfois opaque. Malgré des réformes annoncées, les doutes grandissent sur sa capacité à porter le football africain vers un avenir plus solide.
Depuis son élection à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF) en 2021, Patrice Motsepe a su manier l’art de la diplomatie et du discours lisse pour se faire une place sur le trône du football africain. Mais derrière ce masque de politesse et de réformes annoncées se cache un bilan qui laisse sceptique, nourri de contradictions et de décisions controversées. Alors que son premier mandat touche à sa fin, sa candidature pour un second tour de piste s’effrite au gré des scandales et des promesses non tenues.
Des paroles dorées, des réalités ternies
Patrice Motsepe, milliardaire sud-africain et président de la CAF, est souvent perçu comme un leader charismatique, porteur de discours ambitieux sur l’égalité et la modernisation du football africain. Cependant, certaines de ses déclarations peinent à se traduire par des actions concrètes.
Interrogé sur le grand nombre de matchs auxquels les joueurs sont soumis, Motsepe a répondu, en septembre 2024, sur BBC Afrique : “Nous ne voulons pas qu’ils jouent plus qu’ils ne devraient, ce n’est pas bon pour le football, ni pour le succès à long terme du sport.” Pourtant, cette déclaration survient après qu’il ait déjà signé, en 2021, la création de la Ligue africaine de football, un projet officiellement lancé en 2023. Ce projet, soutenu par Gianni Infantino depuis 2019, n’a rencontré aucune opposition de la part de Motsepe, malgré les préoccupations exprimées concernant la surcharge des joueurs. Ce deal fait passer l’argent au dessus de la santé du footballeur africain. L’essence de la tenue de ce tournoi réside dans les énormes retours financiers qui dépasseront la barre des 100 millions de dollars, ce qui soulève des interrogations sur les priorités de la CAF.
Cette contradiction illustre une gestion où les paroles ambitieuses ne se concrétisent pas toujours sur le terrain. L’approche de Motsepe semble davantage axée sur le maintien des équilibres politiques que sur la prise de décisions fermes pour répondre aux besoins
Une gouvernance mise à mal
Des dysfonctionnements internes ont également mis en lumière certaines failles de gouvernance au sein de la CAF. Face à ces difficultés, Motsepe a souvent choisi le silence diplomatique plutôt qu’une communication transparente. Cette stratégie a alimenté des doutes quant à sa capacité à mener une réforme profonde de la confédération. L’affaire du match entre l’USM Alger et la RS Berkane en est un autre exemple. La réaction prudente de la CAF face au port d’un maillot controversé a suscité des critiques. Plutôt que de trancher fermement, Motsepe a semblé privilégier le compromis afin d’éviter des tensions politiques. L’affaire est actuellement en cours au TAS, en attente de délibéré.
Diplomate ou manipulateur ?
En interne, on n’hésite plus à décrire Motsepe comme un maître dans l’art de dire ce que chacun veut entendre. Cette forme de diplomatie, lorsqu’elle est détournée, devient une arme redoutable pour entretenir le statu quo. Sur le continent, les critiques l’accusent de préserver les intérêts de quelques élites plutôt que de faire avancer le football africain dans son ensemble. Des promesses de transparence et d’éthique ? Elles se heurtent à une opacité grandissante. Une modernisation des infrastructures ? Le continent attend toujours des résultats tangibles. Motsepe excelle à endormir ses auditoires de sourires et de discours policés, mais sa présidence a souvent été marquée par des absences stratégiques.
