Un nouveau supplice footballistique. C’est ce à quoi on a eu droit samedi 7 octobre 2017 à Yaoundé lors de la défaite (2/0) de l’Algérie face au Cameroun. On aura beau essayer de desceller la genèse de la révolution footballistique, on n’y a pas trouvé de traces. Un nouveau naufrage collectif. Une envie de bien faire mais une manière de jouer et des choix tactiques toujours sujets à contestations. Lucas Alcaraz, le driver des Verts, a – encore une fois – failli tactiquement.
Le jeu : un 3-5-2 poreux et foireux
Même dans un match sans enjeu, l’équipe était hors du jeu. On n’a pas eu droit à des phases de jeu bien construites. De part et d’autre même puisque les deux réalisations camerounaises étaient intervenues sur des contres bien exploités après des erreurs individuelles algériennes (transversale ratée de Bensebaini et lecture du jeu hasardeuse de Cadamuro qui rate son contrôle). Pour nos « Fennecs », les trois compartiments étaient à la rue. On n’a jamais senti ce lien entre les trois secteurs. Pas de transmissions fluides. Pas de justesse. Le 3-5-2 pour lequel a opté le driver espagnol n’était pas le bon face à des attaquants du Cameroun très rapides quand il s’agit de se projeter vers l’avant. Derrière, les défenseurs ont souffert. Surtout quand ils étaient sur le reculoir. La vitesse n’est pas le fort du trio Mandi – Cadamuro – Bensebaïni. On aura rarement eu droit à la mutation en 3-4-3 lorsque l’EN possédait le ballon. Quand on sait que Sofiane Hanni, qui a souvent tenté de bonifier les ballons, et consorts ont rarement eu la possession, cela se comprend.
Les joueurs : les ratés de Soudani et l’entrée rafraîchissante de Bennacer
Samedi à Yaoundé, il était difficile d’émerger du lot dans une équipe près du naufrage. Néanmoins, Ismaël Bennacer a essayé, tant bien que mal, de tirer les siens vers l’avant lorsqu’il est rentré sur le terrain en remplacement de Saphir Taïder dans un jour sans. Trente minutes durant lesquelles l’ancien joueur de la réserve d’Arsenal a cherché à ramener l’explosivité nécessaire pour bouger la défense des « Lions Indomptables ». Une demi-heure de jeu pendant laquelle l’Algérie a pu jouer près de la surface du portier Fabrice Ondoa et mettre à contribution l’arrière-garde des Champions d’Afrique sortants.
Parallèlement, il y a eu des éléments à la rue. Remuant mais très maladroit, l’expérimenté Hillal Soudani a mangé la feuille de match avec ses multiples occasions ratées. On citera aussi Sofiane Feghouli qui est passé à coté de son match ainsi que Ramy Bensebaïni coupable d’une relance fatale qui a amené l’ouverture du score de N’jie. Pour Liassine Cadamuro, il a, de nouveau, montré ses limites. L’ex sociétaire de la Real Sociedad aurait même pu voir rouge à 36e minute pour un tacle les deux pieds décollés mais le referee s’est montré clément avec lui. Sur le second but sa lecture du jeu laisse à désirer et il n’a pas pu survivre à la feinte de Pangop. On retiendra enfin le retour de Belfodil, souvent précieux dans le duel et la conservation du ballon, et les premiers pas difficiles de Farès.
Le facteur X : Benguit a gratté des ballons et des points
Parmi les rares satisfactions, il y a eu Raouf Benguit qui a limité la casse lorsqu’il est revenu défendre notamment. L’Usmiste était bon dans le repli mais n’a pas pu donner de la verticalité au jeu algérien. Cela dit, pour sa deuxième titularisation avec l’équipe « A », le milieu de terrain de 21 ans n’avait pas peur d’aller au charbon en dépit de son gabarit assez frêle. Il s’est dépensé sans compter et a brillé sur le plan défensif grattant quelques ballons. La seule chose qu’on pourrait lui reprocher c’est de ne pas avoir été présent dans la moitié de terrain camerounaise sauf après l’entrée de Bennacer qui a permis au siens d’évoluer plus haut. Suffisant pour gagner définitivement sa place en sélection ? Pas sûr mais celui qui a fait ses classes au Paradou AC pourrait dépanner. Ce qu’il devra améliorer ? La relance et la prise de risque afin de tenter de fissurer les lignes adverses avec des passes jouées vers l’avant. Cela requiert de la confiance qu’il engrangerait en jouant souvent.
La stat’ : 4
4ème défaite dans ces éliminatoires après 5 journées. Jeu contre productif dit forcément attaque stérile. En effet, l’Équipe nationale n’a inscrit qu’un seul but lors de ses trois derniers matchs dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2018. C’est la première fois que l’EN reste muette deux rencontres de suite. Cela ne s’est pas produit depuis la CAN 2013. Pire encore, le bilan numérique dans les « qualifiers » du Mondial illustre à lui seul l’impuissance des camarades de Saphir Taïder. Notre sélection a la 2ème pire attaque (3 buts) après le Mali (1 but) et la plus mauvaise défense en compagnie de la Libye (10 buts concédés) tous groupes confondus. Lucas Alcaraz, qui a aligné un troisième revers de suite dans cette campagne, concurrence la médiocrité.
La décla’ : Hugo Broos (sél. du Cameroun)
« Il n’y a pas d’âme dans cette équipe algérienne. C’est une question de mentalité. Le problème c’est les joueurs. Il faut être franc peut-être et laisser l’entraîneur travailler jusqu’à la CAN 2019 »
La question : hasta la vista Señor Alcaraz ?
Si Lucas Alcaraz a eu le soutien de son homologue Hugo Broos, il faut dire que sa position a été encore fragilisée après ce nouveau revers. Dès lors, son avenir et celui de la sélection sont sujets à de nombreuses interrogations. On ne sait pas vraiment ce qui ne va pas dans la maison Algérie. On a donné l’Espagnol partant au mois de novembre prochain après le match face au Nigéria. Cette défaite pourrait précipiter son départ d’autant plus qu’une réunion d’urgence aura lieu mardi au Centre technique nationale (CTN) de Sidi Moussa entre les membres du bureau fédéral que dirige Zetchi. Un conclave qui pourrait sceller le sort de l’ancien driver de Granada FC. Un licenciement qui coûtera 1.1 millions d’euros sachant que le technicien ibérique n’est pas consentant et veut aller jusqu’à la CAN 2019 qu’il envisage de… remporter. Et ce n’est pas une blague. D’autant plus que la situation de notre sélection ne prête pas à rire.
https://www.youtube.com/watch?v=draFyNn7GAY
La fiche technique : Cameroun 2-0 Algérie
Éliminatoires Coupe du Monde 2018 – 5e journée, Groupe B
Samedi 7 Octobre 2017 – 17h00 – Stade Ahmadou Ahidjo – Yaoundé
Buts : Njie (25′), Pangop (88′)
Avertissements : Fai (52′) – Cadamuro (36′)
Cameroun : 1-Ondoa – 19-Fai, 5-Ngadeu, 4-Teikeu, 22-Leuko – 3-Angissa, 15-Siani, 18-Olinga (11-Ngamaleu, 82′) – 7-N’Jie (20-Pangop, 87′), 13-Bassogog (14-Mandjeck, 72′) 10-Aboubakar / Entr. : Broos
Algérie : 23-M’Bolhi – 3-Cadamuro, 2-Mandi, 21-Bensebaini (7-Ferhat, 71′) – 10-Feghouli (18-Ghezzal, 75′), 8-Taider (11-Bennacer, 59′), 14-Benguit, 12-Farès – 15-Soudani, 19-Belfodil, 9-Hanni / Entr. : Alcaraz
Rempl. non utilisés : 1-Salhi, 16-Moussaoui, 6-Chafai, 5-Bedrane, 13-Bendebka, 20-Daham, 22-Meziane.
Le résumé complet du match :
https://www.youtube.com/watch?v=oZtyP2Gs-ys
Mohamed Touileb, La Gazette du Fennec