Ce samedi 20 décembre restera dans les annales du football en Afrique. En effet, la Confédération africaine de la balle ronde (CAF), que préside Patrice Motsepe, a pondu, depuis Rabat (Maroc) des décisions surprenantes. Elles touchent au cycle de la CAN. L’épreuve en question se déroulera désormais toutes les quatre années avec – tenez-vous bien – les deux éditions 2027 et 2029 qui vont se tenir à une année d’intervalle avant d’attendre jusqu’en 2032 pour le retour de la messe continentale. Motsepe prétend que la décision est en faveur du sport roi de son continent avec des retombées plus conséquentes. Cependant, la démarche cache aussi une “annexion” de la structure continentale par la FIFA. Son patron, Gianni Infantino, se sert – d’une manière de plus en plus flagrante – de l’Afrique pour faire un calendrier sur-mesure privilégiant d’autres tournois. Détails.
Motsepe parle d’harmonisation pour cacher la vassalisation et l’aplaventrisme sans précédent à la CAF. Le Sud-Africain, qui a réussi à garder son poste grâce à l’appui d’Infantino face à des agitations internes qui pouvaient lui coûter son siège, explique que cette résolution fera en sorte que “le calendrier dans le monde soit davantage harmonisé.”
Deux CAN en 1 an, le pari insensé
Au profit de qui ? Certainement pas de l’Afrique. L’avocat ne défend pas vraiment l’intérêt de son continent pour le coup. Quand bien même il annonce des nouveautés (plutôt une transposition) comme la Ligue des nations CAF qui sera similaire à la Ligue des nations UEFA. “Après la Coupe du monde des clubs de la FIFA en 2029, nous aurons la première Ligue des nations africaines… avec plus de prize-money, plus de ressources, plus de compétition”, vante-il.
L’argent. Toujours l’argent. Et les miettes pour l’Afrique. En effet, Motsepe parle de la Coupe du Monde des clubs FIFA 2029. Et on la prendra comme repère. En effet, dans le cycle actuel, qui est censé être maintenu jusqu’en 2029, il resterait 2 CAN biennales : celles qui verra l’organisation commune entre la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya à l’été 2027 et la séquence 2029 qui n’a pas encore de terre d’accueil. Mais pour cette dernière séquence, le plus important à savoir c’est qu’elle sera avancé d’une année. C’est à dire qu’elle se tiendra – si tout se passe bien – à l’été 2028.
La machine Afrique empoche des miettes
Evidemment, cette précipitation sert à dégager la voie pour la CDM des clubs 2029 d’Infantino. Histoire de ne pas encombrer l’agenda de l’Italo-Suisse qui voit en l’Afrique une… machine à fric. Des retombées desquelles elle ne profite pas ou n’aura que des miettes. Paradoxalement, Motsepe vante un montant qui passera de 7 à 10 millions de dollars pour le vainqueur de la CAN. L’idée est de faire croire qu’on a quelque chose à y gagner. Sauf qu’il est plus rentable de gagner deux CAN en 2 ans à 7 millions de dollars qu’une à 10 millions de dollars sur 4 ans.
Le constat est affligeant. Infantino manipule des marionnettes en Afrique. On parle là d’un continent géant qui reste un pourvoyeur par excellence de footballeurs pour les meilleurs championnats en Europe considérée comme la Mecque du football. La considération est au plus bas. La condescendance au plus haut. L’Afrique, quant à elle, se retrouve au milieu de la discrimination avec une relégation au rang de faire-valoir en nette dévalorisation du soi.
