La conviction est intime quand la spéculation est publique. Les propos et les faits sont épiés dans l’espoir d’y apercevoir la lueur. Cette lueur qui laisse croire aux scénarios parfois illusoires. Les vraies interrogations affrontent les faux espoirs. Certains, comme Ryad Boudebouz ou Nabil Bentaleb, se jettent à corps perdu sans se soucier de l’éperdu et les pertes. D’autres viennent ici ou partent ailleurs à contre-courant et contrecœur. C’est le tiraillement et l’hésitation entre le choix sportif et le choix du cœur. Le dilemme entre la patience de jouer pour la France ou la passion de représenter l’Algérie. C’est ce qu’est arrivé avant et c’est ce qui se passe avec Maghnes Akliouche et Rayan Cherki.
Ils ne sont pas les premiers. Et ils ne seront probablement pas les derniers. Akliouche et Cherki sont nés et ont grandi de l’autre côté de la rive. Pour eux, entre la France et l’Algérie, il n’est pas simple de faire dans l’ablatif. Avant toute chose, il s’agit de perspectives. Le plan de carrière doit être établi selon des critères qui la laissent sur une courbe évolutive.
L’amour tardif est-ce vraiment de l’amour ?
Avant eux, Karim Benzema avait assuré avoir choisi les Bleus juste pour l’aspect sportif. Pour sa part, Houssem Aouar avait même porté le maillot de la France pour – par la suite – venir jouer pour les Verts. Au moment de faire cette transition, il avait notamment déclaré « je sais que certaines personnes diront que c’est un choix par défaut, mais ce n’est pas le cas parce que j’aurais pu attendre l’âge de 27 ans pour annoncer mon arrivée en équipe nationale. Il y a longtemps que j’avais cela en tête ».
En effet, El-Khadra peut sembler être un choix par défaut. Surtout pour ceux qui se croient forts. Jouer pour la France est – aux yeux de pas mal d’Algériens à la vision la plus extrême – un acte de haute trahison. L’affront suprême. L’Algérie est une voie basse pour laquelle ils se retrouvent à déclarer la flamme quand l’étincelle bleue devient blême. Sauf que là surgira un problème : ce rejet sempiternel qui s’imposera de lui-même.
Mahrez a démontré que l’Algérie n’est pas un boulet
Bon nombre de binationaux n’ont pas le courage de trancher dans le vif quand il sont interrogés sur le sujet. Ils préfèrent temporiser dans l’espoir de voir Didier Deschamps les solliciter. Après, il faut savoir que quelques uns, à l’instar de Cherki, se servent de l’intérêt de l’Algérie tout en pensant, dans un coin de la tête, que jouer pour l’Algérie pourrait le désavantager. De l’autre côté, il y a Akliouche qui préfère se présenter au mercato avec l’estampe d’internationale d’espoir français pour signer dans un club huppé. A vrai dire, toutes ces manœuvres sont nourries par des idées reçues.
En effet, jouer pour l’Algérie n’a jamais empêché Riyad Mahrez de devenir superstar de football et faire parti du cru. En définitif, ceux qui aiment le succès et ses gages iront jouer pour la France. Ceux qui veulent la gloire et l’éternelle gratitude viendront en Algérie. Certes, il y a probablement moins de prestige et de trophées à gagner. Mais ils y trouveront l’amour d’un peuple qui leur donnera des ailes au lieu de les casser. Les Fekir, Benzema, Nasri et d’autres savent bien ce qu’il en est car l’ingratitude et le rabais, ils l’ont expérimenter. A méditer.