Il a fallu choisir. Mais y avait-il vraiment un dilemme pour lui ? Probablement pas. Houssem Aouar est né en France. Il a joué pour les catégories jeunes de l’équipe de France et sera, dans le prolongement, international français. Même s’il a des origines algériennes. Pas le premier, il ne sera, probablement, pas le dernier à être confronté à ce cas de figure. La France, pays formateur par excellence, gardera toujours la main face à une Fédération algérienne de football (FAF) qui partira, à chaque fois, avec un handicap dans la marge de manœuvre.
Recruter est difficile. Même à l’international parce qu’il n’y a pas vraiment de motivations financières qui pourraient décider de la destination. La FAF a semblé impuissante dans le “dossier Aouar” dont l’arrivée était, avec du recul, mort-née. Mais, ce n’est pas pour autant que Djamel Belmadi, driver des Fennecs, n’a pas tenté le coup ou cacher l’intérêt.
Le « très bien » qui balaie le doute
Le talent d’Aouar ne pouvait pas passer inaperçu. Essayer de le convaincre était donc recommandé. C’est ce que le coach de l’EN a fait. Sans pour autant donner l’impression que persuader le Gone était une obsession. Ainsi, Kheireddine Zetchi, patron d’instance fédérale, et l’entraîneur d’El-Khadra ont pris attache avec le Lyonnais afin de sonder sa volonté de représenter l’Algérie dans l’avenir.
Belmadi avait déjà annoncé la couleur. « Si on sent qu’il a l’envie de jouer pour son pays d’origine on avancera d’un pas, mais s’il ne se sent pas concerné, on passera à autre chose », avait-il prévenu en notant que « bien-sûr, on souhaite qu’un joueur comme Houssem, qui est une valeur ajoutée, soit avec nous.» En décrypté, le premier responsable de la barre technique Dz savait d’avance que le risque que cette arrivée ne soit pas possible était là. Surtout qu’il y a eu des épisodes similaires par le passé avec Nabil Fékir qui a opté pour l’EDF sur le fil alors que tout le monde l’annonçait en Algérie.
Plus illustratif encore, l’architecte du sacre africain en Égypte était presque expéditif en rappelant qu’: « Aouar est difficilement sélectionnable si on regarde le passé. A part les joueurs de la glorieuse équipe du FLN, y’a -t-il eu un joueur qui a dit ‘j’arrête l’équipe de France. Je fais la démarche et je vais jouer en Algérie’? Ça n’a jamais existé. Donc là,n si ça se fait, ça serait une première. Disons que ce n’est pas impossible». Le successeur de Madjer a aussi assuré que le concerné « sait très bien que nous sommes intéressés. Je dis bien ”très bien”.» Des mots qui prouvent très bien que l’entraîneur l’a approché.
Posture impuissante
On ne peut donc pas reprocher grand-chose au responsable de notre football si ce n’est attendre toujours qu’un produit made in France avec la matière première algérienne se manifeste pour courir le solliciter. A ce jeu, il est difficile de prendre les devants par rapport aux Tricolores qui ont la priorité pour intégrer les joueurs issus de leurs centres de formations avant qu’ils ne soient détournés vers d’autres cieux.
Tant qu’il y aura de la dépendance, il ne sera pas évident de s’attirer les footballeurs d’excellences. Surtout quand ils se révèlent très tôt comme Aouar (22 ans) qui joue au plus haut niveau depuis 3 saisons maintenant. Cependant, cela ne nous a pas empêchés de bénéficier de l’apport des Mahrez, Bennacer, Feghouli et les autres grâce à la promptitude de l’ancienne équipe dirigeante de la structure fédérale.
Bennacer, pioche inouïe
Depuis l’arrivée de Bennacer, les rangs des Guerriers du Désert n’ont pas plus vue un binational d’un certain talent débarquer. Toutefois, il faut noter que le Milanais avait été approché avant que sa carrière en club ne puisse réellement décoller. Il évoluait pour la réserve d’Arsenal quand il avait opté pour la tunique de l’Algérie alors que le Maroc le voulait aussi.
A ce sujet, certains peuvent croire que la nationalité sportive algérienne peut être un frein dans l’évolution du plan de carrière. Bennacer et Mahrez ont bien montré que ce n’était pas tout à fait le cas puisqu’ils jouent pour le Milan AC et Manchester City qui ont une certaine renommée.
L’EN n’est pas un boulet
En revanche, pour le prix de vente, il est clair qu’être labellisé France pèse. Il n’y a qu’à voir le prix du bon de sortie d’Aouar qui oscille entre 60 et 70 millions d’euros contre les 16 millions d’euros représentant le coût de l’arrivée de Bennacer (et c’était parce qu’il est jeune, champion d’Afrique récent et MVP de la CAN-2019) en Lombardie ou les 68 millions d’euros dépensés par les Citizens pour Mahrez. Ce dernier aurait certainement coûté plus de 100 millions d’euros s’il était Frenchy ou autre.
Ainsi, penser que jouer pour l’Algérie altérerait les capacités footballistiques est de la fiction. En tout cas, pas depuis cet été 2019 durant lequel Hichem Boudaoui, cédé pour 4 millions d’euros bien qu’ayant fait toutes ses classes dans son pays natal, & cie se sont assis sur le trône de l’Afrique. Une ligne du palmarès prestigieuse. Même si elle reste insuffisante pour faire du Club Algérie une destination prisée et… principale.