“Transféré” en équipe d’Algérie, le fleurettiste Victor Hamid Sintès, ancien membre de l’équipe de France d’escrime, s’est facilement qualifié ce jeudi à Alger pour les Jeux olympiques de Rio sous les couleurs algériennes. Après avoir nettement dominé le tournoi de qualification olympique de la zone Afrique, le tireur de 35 ans a une pris une revanche sur son sors et son ancien entraineur en Bleu qui l’avait traité de “traitre” et “alcoolique”. Rien que ça !
En dominant nettement tous ses adversaires durant la phase de poule à Alger (6 victoires écrasantes), Victor Sintès, champion du monde par équipes 2005 et médaillé de bronze individuel aux Mondiaux 2011 sous les couleurs françaises, a gagné son ticket pour Rio en remportant la finale face au Sénégalais Babacar Kadam 15 à 4. «Je ne suis pas surpris car je me sens fort ces derniers temps et je me voyais favori aujourd’hui, a expliqué le tireur de Rueil-Malmaison. Il fallait juste que je ne fasse pas d’erreurs. Ça a été le cas».
Sintès : «Je ressens une immense satisfaction»
Âgé de 35 ans, l’escrimeur français né à Caen détient un passeport algérien depuis octobre 2014 étant le petit-fils d’un ancien footballeur algérien des années 40′. Kinésithérapeute dans le civil, Sintès a repris la compétition avec l’Algérie après trois ans d’absence suite à ses démêlés avec la Fédération française d’escrime. En janvier 2013, il avait ainsi été exclu de l’équipe de France, en raison des critiques formulées publiquement à l’encontre de l’encadrement technique des Bleus après une débâcle aux Jeux de Londres en 2012.
Marcelin : «La chambre de Sintès était un vrai bar»
En réponse, son entraineur de l’époque s’est exprimé très sévèrement en l’accusant publiquement dans la presse. “Dès 2000, alors que Victor était au CREPS de Châtenay-Malabry, on m’avait alerté. Sa chambre était un vrai bar. Il aimait déjà faire la fête. Sauf qu’à l’époque, il parvenait à atteindre les objectifs. Il dit qu’il sortait fatigué de mes stages, mais chacun sait ce qu’il faisait à côté et pourquoi il était fatigué. En avril, au retour de notre stage au Japon, il était décalqué dans l’avion ! Mon tort a été de fermer les yeux. Je ne voulais pas casser la cohésion de l’équipe avant les Jeux. Nous visions une médaille”. Expliquait par ces mots Stéphane Marcelin dans L’Equipe pour régler ses comptes avec Sintès.
“J’ai le sentiment d’avoir été trahi. Qui l’a maintenu à l’INSEP quand je subissais des pressions pour l’écarter ? D’autant que Victor est loin d’avoir la valeur d’un Brice Guyart ou d’un Erwann Le Pechoux, qui ont été capables de faire gagner l’équipe. Lui a réussi à nous placer en position de le faire. Mais il a parfois été aussi celui qui entraînait la défaite. Après l’individuel à Londres, j’avais donné quartier libre pour la journée. Durant plus de 24 heures, on n’a pas su ce que Victor était devenu… On me rapportait que des escrimeurs étaient très présents au Club France. À Londres, Victor a trahi. À cause de son mode de préparation, disons extrasportif.”
Opportuniste ou revanchard Sintès rêve d’une médaille à Rio !
Trois ans après cette histoire Victor Hamid Sintès a donc bénéficié du droit de changer de nationalité sportive pour participer aux prochains JO de Rio 2016. Rancunier, le bureau de la fédération française a même opposé une fin de non-recevoir à la demande de libération anticipée de l’athlète en octobre dernier au moment de la délivrance de son passeport algérien. Autorisé à tirer pour l’Algérie depuis le 1er mars grâce aux efforts de la dynamique Fédération algérienne d’escrime, Victor Sintès a donc obtenu sur le fil sa qualification pour Rio où il affiche désormais ses ambitions.
«Je ressens une immense satisfaction ce soir par rapport au contexte de ces dernières années. Maintenant, je vais essayer de donner raison à la présidente de la fédération française (Isabelle Lamour) quand elle disait que ce serait la risée de tous si je venais à battre un de ses athlètes aux JO. Voire plus : créer la surprise et revenir médaillé de Rio». Une médaille avec l’Algérie pour mieux narguer la France, Victor Sintès ne manque pas de motivation. On trinque à sa santé !
Yassin Benarbia, La Gazette du Fennec