Pour une découverte, c’est une sacré découverte que La Gazette du Fennec vous propose en exclusivité ! Un attaquant algérien de 17 ans vient tout juste de s’engager au sein de la prestigieuse équipe de l’Inter de Milan. Mohamed Menaour Belkheir, originaire de Mostaghanem et débarqué en Italie à l’âge de 14 ans à l’Hellas Verone, a tapé dans l’œil des recruteurs Nerazzurri qui lui ont fait signer son premier contrat professionnel de 3 ans. Tout heureux de rejoindre un “club de classe mondiale” comme l’Inter, le jeune attaquant promis à un grand avenir nous a parlé de ses ambitions et de son parcours qui l’a amené jusqu’aux portes de la Serie A italienne. Entretien découverte avec une pépite qui a l’Algérie dans le cœur !
Bonjour Mohamed et bienvenue sur La Gazette du Fennec. On te laisse le soin de te présenter au public algérien désireux de te connaître…
Bonjour à tous je m’appelle Mohamed Menaour Belkheir. Je suis né le 2 janvier 1999 en région parisienne à Ivry sur Seine dans le 94. J’évolue au poste d’attaquant et je mesure 1m80.
Quels sont tes atouts sur le terrain ?
Ma technique de balle, ma vitesse et ma finition devant le but.
Tu évolues en Italie et on apprend que tu viens de signer ces derniers jours un contrat avec la prestigieuse équipe de l’Inter de Milan. Comment on débarque à l’Inter ? Décris-nous un peu ton parcours à partir des jeunes jusqu’à aujourd’hui…
J’ai commencé le foot à l’âge de 6 ans au CFFP à Orly (94) jusqu’à mes 14 ans. Ensuite, j’ai eu plusieurs propositions de clubs dont l’Hellas Verona en Italie. J’ai préféré m’exiler et partir là-bas très tôt puisque je viens d’entamer ma 3ème année ici en Italie. En tout, j’ai fait une année avec les U17 et une année avec la Primavera (équipe réserve). A la fin de la saison plusieurs équipes se sont manifestés dont l’Inter qui me suivait depuis un bon bout de temps. J’ai préféré rejoindre l’Inter parce que pour moi c’était l’occasion de signer dans un grand club que j’ai toujours aimé et regardé depuis tout petit.
Repéré à l’âge de 14 ans par l’Hellas Verone, Belkheir a quitté sa famille très jeune
Tu n’es donc pas passé par un centre de formation en France ?
C’est cela. Mes deux dernières saisons au CFFP étaient très bonnes. Si bonnes que j’ai même eu des propositions de clubs français mais les dirigeants de l’Hellas Verona ont très vite montré énormément d’intérêt à mon égard. Ils sont venus discuter avec ma famille, mes proches et tout s’est bien passé. Les choses se sont faites naturellement.
Tu es franco-algérien et le sentiment de partir assez jeune de France pour tenter de réussir une carrière dans un pays étranger que tu ne connais pas ça ne t’a pas fait peur ou frustré au départ ?
Non pas du tout, aucun sentiment de frustration. Bien au contraire, en Italie je pouvais et je peux aujourd’hui encore travailler mieux sur le terrain. Passer professionnel plus rapidement aussi. C’est surtout pour ça que j’ai opté pour l’Hellas Verona à l’époque.
“Mon arrivée en Italie à l’âge de 14 ans était
très difficile au début…”
Raconte-nous comment s’est passée ton adaptation à l’Italie. Comment as-tu géré ce changement de vie ?
Au départ c’était très dur. Quand on arrive en Italie à l’âge de 14 ans on ne peut pas jouer directement. Il faut attendre d’avoir 15 ans. J’arrive donc en août à l’Hellas Verona et il a fallu attendre 7 mois car une fois la date de mon 15ème anniversaire passé il fallait aussi que ma licence arrive pour que je puisse enfin jouer. En gros, j’ai passé 7 mois sans jouer, seulement des entraînements et certains tournois amicaux. Le fait d’être loin de ma famille c’était un peu dur au début. On m’a mis un professeur d’italien à disposition, j’ai dû apprendre la langue et l’Hellas Verona, contrairement à l’Inter, c’est un club dans lequel il y a très peu d’étrangers chez les jeunes.
A-t-il fallu attendre un intérêt de l’Inter pour que les dirigeants de l’Hellas Verona se décident à te garder ou bien ce club te proposait quelque chose depuis un certain temps ?
Durant mes deux années à l’Hellas Verona le club a changé de directeur sportif trois fois. Malgré cela les dirigeants m’avaient déjà préparer une offre bien avant que l’Inter ne m’approche. Ils voulaient me faire signer un contrat professionnel malgré mon jeune âge mais j’ai préféré attendre et cela a porté ses fruits puisque l’Inter est venu me recruter.
Tu as signé pour combien de temps avec l’Inter ?
J’ai signé un contrat professionnel de trois ans.
Hormis l’Inter, quels autres clubs étaient intéressés pour te recruter ?
Le Milan AC et l’OGC Nice, essentiellement.
Belkheir (17 ans) lors de son passage à l’Hellas Verone
Tu aurais pu prendre une belle revanche en revenant en France à l’OGC Nice ?
Non car l’année où j’ai signé à l’Hellas Verona j’avais des propositions qui auraient pu me permettre de rester en France mais j’ai préféré l’Italie. Il est vrai que durant ma première année difficile à l’Hellas Verona j’ai pensé à un retour en France mais je suis resté concentré sur ma progression. Quand un club comme l’Inter te propose un contrat professionnel c’est difficile de refuser, surtout si en France on te propose un contrat stagiaire ou aspirant il n’y a vraiment pas d’hésitation à avoir.
Globalement tu penses quoi du football italien à l’entraînement par exemple ?
Ils en demandent beaucoup tactiquement mais je m’y suis bien adapté. Je sais qu’aujourd’hui à l’Inter ils en demandent beaucoup plus techniquement que physiquement à la différence de l’Hellas Verona.
Combien de matchs et combien de buts as-tu inscrit en U17 et Primavera ?
En U17 il ne restait que 7 matchs à disputer comme j’ai commencé la saison tardivement pour les raisons que je vous ai expliqué. Au final j’ai marqué 6 buts. Ensuite en Primavera j’ai joué 18 matchs et j’ai marqué 8 buts.
Tu as fait quelques entraînements avec les pros ?
Oui à l’Hellas Verona j’ai eu la chance d’en faire beaucoup. Avec l’Inter je viens tout juste d’intégrer la préparation à Brunico. Il y a quelques joueurs professionnels avec nous mais je n’ai pas encore eu la chance d’être intégré pleinement aux entraînements professionnels car le groupe est aux États-Unis actuellement (NDLR: entretien réalisé il y a une semaine).
“J’aime les défis…
l’Inter c’est un club de classe mondiale !”
Il est difficile de réussir en étant un jeune de la Primavera à l’Inter. Sur les dernières années seuls Balotelli et Santon ont véritablement tiré leur épingle du jeu en s’imposant chez les pros. Cela ne te fait pas peur ?
Non car j’ai confiance en mes capacités, et je sais ce que je peux faire. Je suis quelqu’un qui aime bien relever les défis. Il faut savoir aussi que j’ai bien discuté avec les dirigeants de l’Inter. Ils comptent faire monter au bout de 6 mois à 2 ans 4 ou 5 jeunes en équipe première. Il y a déjà deux joueurs nés en 1998 qui sont dans le groupe professionnel actuellement. Je ne me fais pas plus de soucis que cela. Je travaille sur le terrain, on connaît mes qualités et si je donne le meilleur de moi-même les choses arriveront à point inchallah.
Belkheir assis au 1er rang tout à gauche avec les jeunes de l’Inter
Quelles sont tes premières impressions après ta signature à l’Inter, tes premiers pas dans ce nouveau club ?
Déjà à l’Hellas Verona il n’y avait pas de centre de formation. Alors que l’Inter possède l’un des meilleurs au monde. Je viens de débarquer dans une autre dimension ! Des installations dignes des clubs du gratin mondial, avec un groupe sympathique même si la concurrence est très forte. Je suis en train de m’intégrer naturellement et c’est assez facile puisqu’on est beaucoup d’étrangers au club avec notamment trois Français. Aussi, il faut reconnaitre que c’est grâce au club qui s’occupe bien de nous en faisant attention à tout. Franchement rien à dire, l’Inter c’est un club de classe mondiale !
“Avec Mehdi Léris (Juventus) on parle de l’Algérie”
Depuis que tu es en Italie est-ce que tu as eu l’occasion d’échanger avec des joueurs de renom ?
Pour l’instant depuis que je suis en Italie j’ai pu discuter plusieurs fois avec Luca Toni. D’ailleurs, justement, pour me convaincre de rester au club les dirigeants l’ont appeler et ont fixé un rendez-vous exprès pour moi. J’ai pu encore échanger quelques mots avec lui et recevoir ses conseils à cette occasion-là.
Est-ce que tu connais les jeunes franco-algériens Mehdi Léris (Chievo qui vient de signer à la Juventus de Turin) et Mohamed Farès de l’Hellas Vérone ?
OUI. Mehdi Léris est un très très bon ami à moi ! J’entretiens de très bons rapports avec lui et on s’appelle dès qu’on peut en fait. On est pratiquement de la même génération, lui 1998 et moi 1999. Mohamed Farès aussi, on est, ou plutôt, on était dans le même club à Verona mais on n’a pas les mêmes rapports. Étant plus âgé que moi il était complètement intégré au groupe professionnel et de ce fait fixé sur ses objectifs, avec un autre groupe. Au final on ne s’est pas croisé énormément de fois.
Mehdi Leris (Juventus) et Mohamed Belkheir (Inter), le futur duo d’attaque des Verts ?
Vous parlez de l’Algérie ensemble ? Des JO qui vont se dérouler dans quelques jours ? (NDLR : entretien réalisé juste avant le début des JO)
Avec Mohamed Farès je n’en ai pas eu l’occasion à vrai dire mais avec Mehdi oui. On a parlé des JO bien sûr, on est né en France mais on supporte l’Algérie avant tout. On supporte les équipes d’Algérie des Séniors aux équipes de jeunes. On essaye de suivre l’actualité comme on peut à travers internet.
Quelle est ta position vis-à-vis des sélections algériennes ?
Je dirais un grand oui à l’Algérie sans hésitation.
Pourtant en rejoignant l’Inter tu es désormais encore plus facilement sélectionnable en Équipe de France ?
Aujourd’hui quand je regarde un match de l’équipe de France et un match de l’Algérie, je ne ressens pas les mêmes choses. Quand l’Algérie marque j’ai des frissons ! Avec la France ce n’est pas la même chose… J’ai toujours suivi l’Algérie et j’ai toujours voulu que l’Algérie soit au plus haut niveau. Ces dernières années l’Équipe nationale continue à avoir des résultats extraordinaires, avec de plus en plus de grands joueurs et je me suis toujours imaginé porter ce maillot un jour.
Tu as déjà été au stade pour voir un match de l’EN ?
Non jamais. Je n’ai pas eu l’occasion de le faire.
Est-ce que tu as déjà eu un échange avec un responsable de la Fédération Algérienne de Football ?
Non, pas du tout, aucune approche.
Premier match de Belkheir avec l’Inter U19 cette semaine lors d’un tournoi amical
Quel est ton joueur algérien préféré ?
J’hésite entre Brahimi et Mahrez. Ce sont des joueurs qui aiment bien percuter. Je ne suis pas une pure pointe et j’aime bien percuter aussi. Ce sont des joueurs qui m’inspirent et je travaille à fond pour ressembler à leur profil ou au moins atteindre leur niveau ce qui serait énorme.
Tu es originaire de quel coin en Algérie ?
Mostaghanem et Alger Centre. J’y vais tous les ans sauf cette année.
Mohamed on te remercie énormément pour cet entretien découverte. As-tu un mot à faire passer à La Gazette du Fennec et aux lecteurs algériens ?
One Two Three Viva l’Algérie et puis voilà (rire) ! J’essaye de faire le plus beau métier du monde, j’espère inshaAllah intégrer à l’avenir l’équipe d’Algérie Espoir et ensuite l’équipe d’Algérie A et enfin je souhaite que l’Algérie aille le plus loin possible dans toutes les compétitions.
Entretien exclusif réalisé par Youssef Fekaïr,
pour La Gazette du Fennec