Il avait promis de marquer en finale. Ce n’était pas le but le plus esthétique. Mais il a suffi pour mettre toute l’Algérie dans un état extatique. On vous reparle du but de Bounedjah qui a offert la CAN-2019 pour l’Algérie. Une vraie succes story.
Qui ne se souviens pas de sa détresse en quarts de finale face à la Côte d’Ivoire ? Une 48e minute de jeu maudite qui a failli être un malheureux tournant dans le tournoi africain pour l’Algérie. Dans un match que l’EN semblait parfaitement maîtriser, Bounedjah avait la balle du break au bout du pied juste après le retour des vestiaires.
Seule la qualif’ l’a consolé
Il se présente pour transformer le penalty mais sa tentative s’écrase sur la transversale et le ballon monte dans le ciel pour retomber derrière la cage. A genoux, l’avant-centre des Fennecs s’est effondré. Psychologiquement il n’était plus dans son match. Il le savait pertinemment. Ne pas achever un Eléphant quand on en a l’occasion, ça peut compliquer les choses. Et c’est ce qui s’est passé. S’en est suivi l’égalisation ivoirienne de Jonathan Kodjia un quart d’heure plus tard et d’interminables prolongations dans l’humidité suffocante de Suez.
Fort heureusement, la roulette russe a été clémente. La série fatidique des tirs au but, le fer de lance l’a suivie depuis le banc. Sur son visage marqué et craintif de l’élimination, il y avait des larmes ruisselantes. A la fin il était soulagé. Lui et ses coéquipiers s’étaient sauvés. Ils étaient dans le dernier carré.
Les démons ont persisté
Après avoir survécu, celui qui s’est révélé avec l’USM El-Harrach sous les ordres de Boualem Charef a repris ses esprits et a promis de se rattraper. « En demi-finales et en finale vous pourrez compter sur moi in cha Allah », a-t-il lâché. C’était sa promesse. Hélas, les démons face au Nigéria en demie étaient encore là. Maladroit, le sociétaire d’Al Sadd (Qatar) a encore vendangé. Mais il a pu compter sur un Riyad Mahrez chirurgicalement précis pour rallier l’étape ultime.
Encore une cartouche pour tenir la promesse. Pour faire oublier cette disette qui a duré depuis son penalty inscrit contre le Kenya en ouverture du tournoi. Le natif d’Oran aura toujours été généreux sur le terrain. Une grosse présence dans la surface, il répondait bien aux duels physiques rugueux mais il péchait dans le dernier geste. Cinq matchs sans marquer. Cependant, pas de quoi pousser Belmadi à le sortir de ses plans.
De la malédiction à la bénédiction
Contre le Sénégal en finale, il était dans le onze de départ. Deux minutes de jeu seulement, c’est ce qu’il lui a fallu pour chasser la guigne. Et on avait comme l’impression que les astres avaient formé une ligne. Pour la trajectoire du ballon, elle était invraisemblable. La frappe de Baghdad était cadrée mais pas que. Elle était aussi contrée. Alors que le gardien des Lions de la Téranga était resté sans bouger, la balle s’était envolée dans le ciel du Caire pour retomber, à la surprise générale, au fond des filets. C’était la parabole qui a capté le signal de la postérité.
Dans les gradins du Cairo Stadium, sur le coup, personne n’a trop compris ce qui s’était passé. Mais El-Khadra venait, tout simplement, de marquer le but qui allait la consacrer. Ni Niang Ni Mané n’ont réussi à aider les Sénégalais à recoller. Peu importe comment, Bounedjah, souvent maudit durant l’épreuve, a été béni. Et il n’y a pas que lui qui a été touché par la grâce. Ce qui compte, c’est qu’il a promis et accompli. Et c’est tout ce qui compte. Les Algériens dans les rues se comptaient en millions. Pour la joie, elle était incommensurable.