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Sport en Algérie : c’est la débandade Monsieur Khaldi !

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A son arrivée aux commandes du Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), Sid-Ali Khaldi (37 ans) avait promis une guerre sans merci à toutes les personnes nocives pour le milieu sportif algérien. En poste depuis janvier 2020, le premier responsable du MJS donne l’impression d’être dépassé avec des problèmes qui semblent s’entasser. Sans qu’il y trouve solution(s). Du bras de fer (perdu) avec Zetchi et la FAF, à ces élections du Comité Olympique algérien (COA) qui présentent déjà des incohérences, en passant par l’affaire Saâdoui – Helfaya et les présumés matchs arrangés, Khaldi perd du terrain et en crédibilité. Lecture.

La bataille amirale était certainement en lien direct avec le football. Elle concernait directement Kheireddine Zetchi, président de la Fédération algérienne de football (FAF). Dès le début, le courant n’est pas véritablement passé avec Sid Ali Khaldi. Surtout que le patron de la FAF a été « coopté » par les anciens décideurs du pays. Par extension, il fait partie des indésirables.

Sourde oreille de Zetchi

Cela ne l’a pas empêchée de tenir tête au MJS et un Khaldi complètement impuissant face à un changement de mode de compétition que le boss de l’instance fédérale avait obtenu avec un sacré tour de force. Pourtant, à ce sujet, le MJS a donné l’impression d’être ferme. En faisant valoir la loi 13-05, relative à l’organisation et au développement des activités physiques et sportives,  la tutelle  a indiqué qu’il était « interdit durant l’année d’une élection fédérale de changer ou modifier les statuts et les règlements intérieurs, toucher aux systèmes de compétition et disciplinaires ou effectuer le moindre mouvement des cadres techniques mis à disposition par les autorités fédérales ou de créer de nouvelles structures ou réactiver des structures sportives suspendues ».

Malgré cette mise en garde, Zetchi a, via une consultation écrite, acté le changement du mode de compétition et fait un lifting pour la pyramide du football Dz. La Ligue 1 -notamment- est passée à 20 formations au lieu de 16 habituelles alors que la Ligue 2 a enregistré la promotion de 20 nouveaux pensionnaires pour former deux groupes de 18 équipes. Le successeur de Mohamed Raouraoua a fait d’une pierre deux coups : ringardiser Khaldi et s’offrir les grâces des acteurs principaux, qui sont les présidents de clubs, de la balle ronde nationale pour un éventuel nouveau mandat.

Affaire Helfaya – Saâdaoui : la morale plus que la moralisation

Toujours en lien avec le foot. Il y a eu cette affaire d’enregistrement téléphonique entre le président de l’ES Sétif, Fahd Helfaya, et le manager de joueurs, Nassim Saâdaoui. Les deux hommes parlaient d’arranger des rencontres du premier palier footballistique du pays. Un fait très grave auquel Khaldi a, dans un premier temps, vivement réagi en s’engageant « à combattre la corruption dans le domaine du sport et moraliser la vie sportive qui constitue une partie importante dans l’engagement du gouvernement à moraliser l’environnement en général.»

mjs sid ali khaldi lgdf pelouse visite ministre

Un sur-usage du mot « moraliser » là où la corruption semble dangereusement normalisée. Certes, une enquête a été ouverte pour vérifier l’authenticité du support  sonore. Les deux hommes ont fait un tour par la case prison où ils ont été détenus avant d’être relâchés en liberté provisoire. Cela ne semble, pour autant, pas les empêcher de reprendre leur activité normale. Saâdaoui représente toujours des joueurs alors que Helfaya pose avec les nouvelles recrues de son club. Tout cela sous l’œil complice de la FAF qui n’a pas bronché alors que les deux « suspects » pouvaient écoper d’une interdiction d’exercer toute activité en lien avec le foot allant de 2 années jusqu’à la suspension à vie.

Élections du COA : silence radio

Sur un champ plus vaste, il y a aussi l’Assemblée Générale Extraordinaire (AGEx) élective du Comité Olympique algérien (COA) qui se tiendra le 12 septembre prochain. Si Khaldi peut se vanter que Berraf ait abdiqué et démissionné durant son passage à la tête du MJS, il semble, quelque peu, très peu concerné en apparence par ce qui se passe à l’instance morale du sport national.

meridja coa mjs khaldi sid ali ministre

Une rencontre, le 29 mai dernier, avec Mohamed Meridja, qui a assure l’intérim depuis la démission de Berraf trois semaines plus tôt, et puis c’est tout. Cette entrevue servait à « la promotion d’une relation de coopération et de complémentarité dans un climat de sérénité, dans l’intérêt suprême et exclusif du sport national ». Habituellement, la relation MJS – COA était tendue. Présentement, le département étatique semble avoir complément perdu la main sur la structure en question à moins qu’il n’agisse sournoisement en coulisse pour placer son propre candidat (tentative avortée avec un président de Fédération qui a finalement refusé de se présenter).

Sinon, comment expliquer le mutisme de Khaldi face à un processus électoral qui n’obéit pas complètement à la norme (sans parler de statuts). Des candidatures reçues et traitées sans commissions de candidature ni de recours. Un Bureau exécutif qui laisse croire que tout a été verrouillé pour le vote du 12 septembre. Celui qui a pris le relais de Salim Raouf Bernaoui, qui a vu sa postulation récusée, au MJS est – manifestement- hors du jeu.

Morceli, le fâcheux épisode

Ou disons qu’il en donne l’impression puisque on croit savoir qu’il a voulu placer des pions pour cette élection mais l’échiquier était fermé. En d’autres termes, Khaldi ne semble pas assez rompu pour  s’inviter sur la table tant les candidats qu’il a voulu convaincre n’ont pas trop cru en sa capacité à les placer sur le fauteuil et sa bonne volonté. Surtout qu’il n’avait pas hésiter à se passer des services de Noureddine Morceli, désormais ex-secrétariat d’État chargé du sport d’élite, remplacé par Salima Souakri quelques mois après sa désignation.

miistre des sports khaldi mjs avec morceli nouredine

Pour quelqu’un qui a toujours dit estimer les sacrifices des légendes du sport national, cet épisode ne peut que pousser à se poser des questions sur la sincérité de ce respect pour les accomplissements vanté constamment sur les réseaux sociaux. Comme ce fut le cas pour l’Équipe du FLN lorsqu’il a reçu Mohamed Maouche suite à la fausse polémique avec la FAF pour un siège dans l’Assemblée.

Makhloufi, rapatriement sous pression

En parlant d’Olympisme, on citera aussi le « dossier Makhloufi » que Khaldi a mal négocié. Bloqué en Afrique du Sud depuis mars dernier, le triple médaillé olympique a dû attendre la fin juillet pour revenir dans son pays. «Je suis de très près la situation dans laquelle se trouve notre héros olympique Taoufik Makhloufi, avec qui je suis en contact permanent moi et mon département. La dernière fois, c’était il y a quelques jours seulement », avait lâché le ministre le 6 juillet écoulé. Ce n’est que 3 semaines plus tard que le demi-fondiste a pu être rapatrié sur injonction de la Présidence après l’impuissance constatée du département géré par Khaldi.

L’athlète avait poussé un sacré coup de gueule, dans Liberté, pour que les plus hautes Autorités écoutent finalement son cri de détresse : « cela fait quatre mois que je suis bloqué en Afrique du Sud, ni rapatriement ni même un geste qui s’en rapproche de la part de l’Etat algérien pour me permettre de retourner au pays. Cela démontre que je suis peu considéré comme citoyen algérien et même en tant que champion olympique qui a hissé haut les couleurs nationales », avait tweeté le natif de Souk Ahras.

ministre mjs khaldi visite inspection stade

Avant cela, Khaldi a plus opté pour la communication que les agissements. Très actif sur les réseaux sociaux pour écrire des hommages et messages pompeux dans un arabe tarabiscoté, il a tendance à oublier que la réalité de son secteur est moins « fine » que les lignes qu’il écrit. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas gagné de bataille véritable depuis sa venue. Ce qui veut, peut-être, dire qu’il devra revoir son approche du terrain. A défaut d’en être définitivement écarté.

La quarantaine interminable du sport Dz

Somme toute, le sport algérien ne semble pas être entre les meilleurs mains qui soient. En faisant l’addition, cela fait trop de mauvaises notes pour un Khaldi qui n’a pas vraiment convaincu à l’épreuve du terrain. A moins que le terrain se résume à ces visites protocolaires pour s’arrêter sur l’avancement des stades en chantier depuis des décennies et vérifier l’état des pelouses qui reste du ressort d’un simple jardinier.

L’essentiel est ailleurs. Il s’agit de penser à relancer les entraînements et les compétitions sportives à l’arrêt depuis 6 mois. L’annulation, dans laquelle il a été placé en mode sourdine, des compétitions de football (Championnat et Coupe d’Algérie) conjuguée au gel, qui s’éternise, dans les autres disciplines pousse à se poser des questions réelles sur l’aptitude de l’homme de 37 ans à gérer ce secteur complexe. Un peu trop inexpérimenté ? On pencherait pour une réponse affirmative. Même si le contexte sanitaire reste très versatile et instable, donc une circonstance atténuante, il y avait certainement mieux à faire en terme de gestion de crise. On ne peut pas dire que Sid Ali Khaldi a marqué des points. Il en a même perdu sur le chemin. A part dans l’oral où il a excellé.

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