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« Cheikh » Abdelhamid Kermali, premier coach algérien champion d’Afrique

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Avant le sacre de Djamel Belmadi lors de la CAN 2019 en Égypte, le premier entraineur algérien a remporté l’épreuve reine africaine était le regretté Abdelhamid Kermali lors de l’édition 1990 à Alger. C’est d’ailleurs en son honneur que le nouveau stade de Baraki a été baptisé en son nom. Portrait d’un monument du football algérien.

Il y a 7 ans, le 13 avril 2013, disparaissait l’ancien entraîneur de l’Équipe nationale, champion d’Afrique 1990 à Alger et ex-joueur de la célèbre équipe du FLN , « Cheikh » Abdelahamid Kermali à l’âge de 82 ans, des suites d’une longue maladie.

Le destin montre parfois des indices et des signes qui marquent les esprits comme celle de ce décès de ce pionnier du football algérien qui avait laissé une carrière professionnelle pour servir son pays, en ce jour du « 13 avril » qui coïncide parfaitement avec la date anniversaire de la naissance de l’Équipe nationale du FLN à Tunis.

La pauvreté à Sétif avant de tenter sa chance à Alger

Abdelhamid Kermali est né le 24 avril 1931 à Sétif. L’aîné d’une famille qui en comptera deux frères et une sœur, devient chargé de famille, à l’âge de 10 ans. Et ce, suite au décès du père (militaire de carrière) au début de la Seconde Guerre mondiale. La disparition de son père a fait que le jeune Abdelhamid a eu une enfance et adolescence faites de pauvreté, de difficultés de tous genres.

Son contact avec l’école s’arrête au seuil du cours de fin d’études primaire. « Pour avoir négligé puis abandonné mes études, un jour d’examen, j’ai reçu des corrections à n’en plus finir de ma mère, fatiguée de courir les champs à ma recherche. A aucun moment, elle n’eut le moindre espoir de me voir prendre des distances avec le ballon rond », dira Kermali qui a été découvert par Benaouda (Lyass), Abid et Abdelkader Laklif, ces dénicheurs de talents qui sillonnaient les terrains des quartiers populaires.

kermali lyon 1958 ol

Passionné du football, il a donc abandonné très tôt l’école pour se consacrer à sa passion de la balle ronde. Il avait lui-même expliqué cette passion du football par cette phrase. « Je me souviens très bien que j’utilisais le ballon et les souliers comme oreiller lorsque je me couchais la nuit ». Le petit Kermali, surnommé « Kerboua », débute son parcours de footballeur à l’USM Sétif où il évoluait au poste d’attaquant, avant de rejoindre, par la suite l’USM Alger.

Ainsi Kermali rejoint l’équipe sénior de l’USM Sétif en 1948, à l’age de 17 ans. Kermali gagne vite en maturité et s’imposera rapidement comme un incontestable titulaire du flanc droit de l’attaque usmiste. Kermali qui s’est fait un nom à côté de Souna, Sahraoui, Assassi, Safsaf, Selami, Lakhlif II, Zaiar, Kari Amara Djeridi et bien d’autres figures, avant de prendre  la direction d’Alger où il a signé une deuxième licence à l’USMA. Cette « fugue » couta à Kermali une suspension de deux années. Il devient du jour au lendemain « chômeur ».

Le départ en France : Mulhouse, Cannes, Lyon puis l’Équipe du FLN

Il a réussi à avoir 10 000 francs à la vieille pour prendre la direction de l’Hexagone. Première étape : Mulhouse durant la saison (1955/56). Sa technique remarquable attire les recruteurs. Il est sollicité par l’AS Cannes (un club de D II) où évolue un autre Sétifien, feu Mokhtar Arribi, et un certain, non moins célèbre compatriote nommé Mustapha Zitouni. Il saisit l’occasion après un round de négociations pour se retrouver à Cannes.

A l’issue de la saison 1955-1956, l’Olympique lyonnais engage l’ex-coach de Cannes Troupel. Ce dernier le convaincra de le rejoindre à Lyon. Il réussit une très grande saison aux côtés d’André Laurent, le capitaine de l’équipe de France, du Brésilien Costantino et d’autres vedettes de l’Olympique lyonnais. De 1955 à 1958, il disputera 65 matchs de D1 (14 buts) et 7 de coupe de France (3 buts).

EQUIPE FLN les 10 fondateurs

Équipe du FLN 1958. Debout de gauche à droite : Boumerzag, Arribi, Boubekeur, Rouaï, Zitouni, Bekhloufi, Accroupis : Kermali, Mekhloufi, Brahimi, Ben Tifour, Bouchouk. Les “10” fondateurs.

Et puis vint ce fameux dimanche 13 avril 1958 qui fait que Kermali répondit à l’appel de la patrie. Il forme avec Arribi (devenu joueur-entraineur à Avignon), Bouchouk (Toulouse F.C), et Mekhloufi (AS Saint Etienne), le groupe qui a transité par la Suisse et l’Italie, pour rejoindre le dimanche 20 avril 1958, Tunis où débuta l’épopée de la glorieuse équipe du FLN. Avec ses compatriotes de cette équipe du FLN, il disputait plusieurs matchs à travers le monde (Bulgarie, Chine, Hongrie, Irak, Jordanie, Viêt-Nam, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Union soviétique, Yougoslavie).

Kermali fut, avec Mustapha Zitouni, Rachid Mekhloufi, Saïd Brahimi, Ahmed Oudjani et Amar Rouaï, l’un des joueurs les plus talentueux de l’équipe du FLN. « Le combat mené avec mes compagnons qui ont eu la chance de faire l’histoire restera à  jamais gravé dans ma mémoire », témoignera par la suite Abdelhamid Kermali.

A l’indépendance, retour à Sétif puis gloire au MCA

De 1962 à 1967, celui qui deviendra le “cheikh” réintègre son équipe d’enfance, l’USM Sétif. En 1966, le défunt Dekoumi, président du club rival de l’Entente de Sétif, engage Kermali qui décrocha avec l’ESS, la Coupe d’Algérie en 1967, en qualité d’entraîneur joueur.

Avec l’ES Sétif, Abdelhamid Kermali montre une autre facette de sa maitrise du football en qualité de coach. Il est alors le premier entraîneur à avoir introduit le 4-3-3 en Algérie. Le jeu prôné par Kermali ne laisse rien au hasard. La reconnaissance de la « technicité » du cheikh Kermali s’est illustré par le fait qu’il a drivé des formations de l’Est, (USMan- CSC- USC- HBCL- CABBA- USMS et ESS), du Centre (MC Alger) et l’ES Mostaganem, de l’ouest du pays.

Sa réputation traverse les frontières et il est alors coach de l’Itihad (Libye), Ras El Kheima (Emirats) et l’AS Marsa (Tunisie) où il a effectué durant trois saisons un travail remarquable. Il revient au pays pour effectuer trois passages au Mouloudia d’Alger (1983, 1988 et surtout le sacre de 1999). « Mon expérience avec le Mouloudia qui occupe une bonne place dans mon cœur était extraordinaire » dira t-il avant d’ajouter que «  C’est un honneur d’entraîner ce club mythique. Je suis autant fier et heureux d’avoir arraché un titre avec le club le plus populaire du pays. Il m’est impossible d’oublier les moments passés dans ce club historique et prestigieux, dirigé à l’époque par des hommes de la trempe de Djouad, Drif, Haouche et bien d’autres dirigeants, dignes d’une formation drainant à chaque sortie, plus de 60 000 supporters ».

Avec l’EN, le sacre de 1990 et le pompier de service

En abordant le volet équipe nationale, Kermali, a souvent eu le rôle qu’il qualifie lui-même de « pompier ». Dès que l’équipe nationale est en mauvaise posture, on fait appel à Kermali et son compère Zouba (vainqueur de la LDC africaine avec le MCA en 1976) qui ont répondu présents en toutes circonstances durant les années 1990 ou lors des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations de 2004.

Et c’est justement en 1990 que l’Algérie arrache son « historique » premier Trophée africain à Alger sous la houlette, entre autres du cheikh Kermali avec un staff étoffé composé de Saadi, Abdelouahab et Fergani. Appelé à la rescousse quelques mois avant la compétition à Alger, après l’élimination amère face à l’Égypte de la Coupe du monde 1990, Kermali connait son heure de gloire avec la bande à Madjer et Oudjani. Mais aussi, bien avant la CAN 1990, Kermali restera celui qui a drivé l’équipe nationale juniors en 1979 pour être championne d’Afrique et qu’il a qualifiée au Mondial japonais sans pouvoir toutefois diriger la sélection au Japon qui a été confiée à Rabah Saâdane.

kermali madjer CAN 1990 meftah oudjani

Et c’est un certain 13 avril 2013 que les algériens apprennent avec une grande émotion la disparition de Abdelhamid Kermali, figure émérite du football national. Le lendemain, c’est en présence d’une grande foule, composée de sportifs, d’amis de parcours, d’officiels et responsables, d’hommes de culture, de journalistes, d’anciens joueurs qui l’ont connu, joué avec lui ou drivé par le Cheikh, qu’il a été inhumé au cimetière de Sid El Khier.

Rachid Mekhloufi, l’autre enfant de Sétif qui avec Ibrir marqueront d’une émotion profonde ces funérailles. On pouvait également voir parmi toute cette pléiade de grands joueurs présents au cimetière de Sid el Khier, Salah Assad, aux côtés de Meftah Mahiedine, Safsafi, Seridi, Koussim, Mattem Lounis, Bourouba, Fellahi, Guettafi, Osmani…

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