Sur le fond, il a réussi son coup. Pour la forme, il aura laissé des preuves accablantes. Fethi Nourine a décidé de renoncer à son aventure olympique en judo avant même qu’elle ne commence. La raison : il avait de fortes chances d’affronter un judoka israélien au second tour chez les -73kg. Le boycott de l’Algérien n’est pas passé inaperçu auprès du CIO. La déclaration de Nourine à la presse algérienne sur cette affaire a provoqué la convocation de Hassiba Boulmerka, chef de la délégation algérienne, chez l’instance mondiale.
On ne va pas se mentir, Nourine a marqué le coup. Mais sa décision peut laisser des traces pour le volet disciplinaire. Et pas que sur le plan personnel. En effet, La Gazette du Fennec a appris, de source sûre, que le CIO a décidé de sévir après cet épisode en auditionnant Hassiba Boulmerka qui est à la tête de notre délégation. En gros, la structure mondiale peut prononcer des sanctions à l’encontre de l’athlète voire même toute l’équipe d’athlètes Dz. Et cela pourrait aller jusqu’à l’exclusion des Jeux.
Boulmerka clame une décision personnelle
Pour éviter l’épée de Damoclès, l’ancienne championne du monde de demi-fond a argué que « c’est une décision personnelle prise par l’athlète sans que les instances algériennes ne lui demande quoi que ce soit.» Le Champion d’Afrique 2021 a, par ailleurs, signé un document qui atteste qu’il a pris la décision seul et sous aucune forme d’influence.
En décidant de ne pas combattre, le natif d’Oran a enfreint la charte olympique et le 6e principe fondamental qui stipule que « La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance ou toute autre situation.»
Et le judoka algérien, qui avait déjà refusé d’affronter ce même adversaire en 2019 aux championnats du monde, ne s’est pas arrêté là puisqu’il a fait des déclarations après cette démarche en indiquant que « Je ne m’attendais pas à ce tirage mais c’est le destin. J’ai fourni beaucoup d’efforts pour me qualifier mais la cause palestinienne est par-dessus tout. C’est le minimum que je puisse faire.» A partir de là, il a pris une position qu’on peut mettre dans le cadre de l’inconduite qui est sanctionnée par le CIO. Cela peut aller d’un avertissement dans un premier temps à la suspension temporaire ou l’exclusion de l’athlète ou la délégation.
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Être en surpoids aurait suffi
En effet, dans la section 6 portant sur les mesures et sanctions, il est mentionné, dans l’alinéa 2 que « Dans le cadre des Jeux Olympiques, en cas de violation de la Charte olympique, duCode mondial antidopage, ou de toute autre décision ou réglementation applicable édictée par le CIO ou une FI ou un CNO, y compris, mais sans s’y restreindre, le Code d’éthique du CIO, le Code du Mouvement olympique sur la prévention des manipulations de compétitions ou toute autre législation ou réglementation publique, ou en cas d’une forme quelconque d’inconduite.»
Il est clairement notifié qu’«à l’égard de concurrents individuels et d’équipes: l’inadmissibilité aux Jeux Olympiques ou l’exclusion de ceux-ci à titre temporaire ou permanent, la disqualification ou le retrait de l’accréditation; en cas de disqualification ou d’exclusion, les médailles et diplômes obtenus en relation avec la transgression de la Charte Olympique seront restitués au CIO.» Comprenez donc que cette attitude personnelle pouvait menacer la participation des 43 autres compatriotes engagés dans ces Olympiades.
Nourine aurait pu agir plus subtilement en étant en surpoids afin de ne pas s’exposer à des mesures disciplinaires préjudiciable. Dans un premier temps, il a anticipé les choses en déclarant forfait un combat plus tôt. Cependant, il a commis l’erreur de faire des déclarations qui peuvent être retenu contre lui ainsi que le Comité Olympique algérien (COA). Quand on défend une cause, il faut aussi savoir anticiper les conséquences.