Il s’y était rendu pour préparer ce qui serait certainement ses derniers Jeux Olympiques. Mais la pandémie du Coronavirus est venue tout chambouler. Cela fait trois mois que Taoufik Makhloufi (32 ans), toujours parmi les potentiels médaillables algériens pour les prochaines Olympiades à Tokyo (Japon), est bloqué à Johannesburg (Afrique du Sud). Une situation qui l’irrite sur les plans sportif et mental. Le triple médaillé olympique et vice-champion du monde du 1500m se sent délaissé et perd patience.
Le natif de Souk Ahras n’imaginait sans doute pas que son séjour sud-africain allait durer autant. Cela fait plus de 3 mois que Taoufik Makhloufi est au Pays de Mandela. Contre son gré. Parce qu’il aurait souhaité être rapatrié dans son pays. Ce qui est le cas pour les athlètes étrangers avec lesquels il s’entraînait sous la houlette de Philippe Dupont. Aujourd’hui, il s’est retrouvé seul. Livré à lui-même parce que son coach et les autres coureurs, dont le Français Pierre-Ambroise Bosse qui est l’un de ses concurrents directs sur 800m, ont pu revenir chez eux grâce à l’intervention énergique du ministère des sports français. Ils doivent même être en train de se réathlétiser sérieusement.
Où sont le MJS et la FAA ?
C’est fort logiquement que le demi-fondiste ressente une certaine négligence de la part des Autorités algériennes en générale et les responsables du sport en particulier. A leur tête le Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) ainsi que la Fédération nationale d’athlétisme (FAA). Surtout que le Secrétaire d’État chargé du sport d’élite n’était autre que Noureddine Morceli. Ce dernier devait savoir ce que requiert la préparation d’un sportif du niveau de Makhloufi puisqu’il a pratiqué la même discipline et oscillait au même degré de performances. Depuis mardi soir, il n’est plus là car remplacé brutalement par l’ancienne judokate Salima Souakri sans avoir rien fait pour son compatriote.
Ce contretemps vient logiquement se déteindre sur les prévisions préparatoires de celui qui s’était posé sur le sommet de l’Olympe du 1500m à Londres en 2012. En 2016, il était le seul à avoir ramené des médailles des Olympiades de Rio (Brésil) avec les deux titres de vice-champion sur 800m et 1500m. Avec trois médailles à son palmarès, il espérait logiquement terminer en apothéose cet été à Tokyo.
L’âge et les craintes
A 32 ans, le 7e meilleur performeur de tous les temps sur 1500m sait que s’il ne s’entretient pas physiquement et mentalement dans des conditions optimales, cela pourrait l’empêcher d’être au top de sa forme pour les JO-2021 à Tokyo. Là, c’est les nerfs qui commencent à lâcher et ce n’est jamais bon pour un sportif de haut niveau.
Le fait que le rendez-vous nippon soit décalé d’une année en raison du contexte sanitaire ne joue clairement pas en sa faveur. Et il le sait très bien. C’est pour cela que les décideurs devront l’aider à réajuster sa préparation psycho-athlétique afin qu’il ait les jambes au Pays du Soleil Levant. En d’autres termes, il n’est pas concevable de laisser un détenteur de l’Ordre du Mérite national au rang d’Ahid, qu’il a reçu le 21 octobre 2019, à l’abandon à 10 655 km de chez lui.
تحضير الجاري(الشربة)+كسرة رخسيس راهي متواصل علي قدم وساق pic.twitter.com/pKmp8aEpDp
— taoufik makhloufi (@gold1500m) April 18, 2020