L’Algérie a récolté 2 médailles d’or et 1 en bronze aux Jeux Olympiques Paris 2024 (26 juillet – 11 août). Les responsables du sport vont certainement brandir cette moisson comme bouclier pour vanter les fruits d’une politique sportive qui n’existe que dans leur imaginaire. Certes, l’État consent des efforts financiers conséquents pour offrir aux sportifs les préparations qui permettent de se mesurer à leurs adversaires au niveau mondial. Sauf que les défaillances et les performances de bon nombre athlètes et dans diverses disciplines prouvent que l’argent sans gouvernance fiable aux seins des fédérations ne suffit pas pour matérialiser les finances en performances.
C’est vrai qu’on n’a pas été mauvais en Afrique (deuxièmes derrière le Kenya avec ses 4 médailles d’or, 2 en argent et 5 en bronze) au tableau des médailles ni dans le ranking des pays arabes (dauphin du Bahreïn qui a signé 2 titres olympiques pour 1 argent et 1 bronze avec des athlètes naturalisés). Mais, le parcours de nos représentants aux Olympiades n’a pas toujours été réjouissant ou reluisant.
Apprendre sur qui miser
Pourtant, le gouvernement Dz, à sa tête le Président de la République Abdelmadjid Tebboune, a veillé à mettre « un précieux dispositif de prise en charge de la préparation de nos athlètes d’élite. Ces derniers ont eu droit, notamment ceux ayant validé leur qualification aux JO, à tous les moyens nécessaires pour une préparation optimale », comme l’avait confirmé Kheireddine Barbari, Secrétaire général du Comité Olympique algérien (COA) évoquant « des mesures judicieuses prises par les hautes autorités du pays ont permis de répondre à toutes les requêtes émises par les fédérations nationales et les athlètes en vue de matérialiser les différents programmes de préparation établis ».
Par ailleurs, Barbari indiquait que « 280 milliards de centimes est le coût global consacré à la préparation de nos athlètes pendant les trois dernières années ». En moyenne, chacun des 46 athlètes a eu droit à 6 milliards de centimes sur trois années. Soit 2 milliards de centimes/an. En soi, ce n’est pas un chiffre énorme compte tenu de ce que demandent certaines disciplines en termes de moyens. Néanmoins, cela reste une perte quand les résultats sont décevants. Sur cet aspect, les responsables devraient peut-être faire le tri des potentiels avant de miser.
Nemour, Khelif et Sedjati sont des exceptions
Avant de s’envoler vers Paris et se mesurer aux athlètes d’autres pays, Barbari avait fait une petite projection. « Nos objectifs sont arrêtés sur des indicateurs pragmatiques et logiques. Certains athlètes ont réalisé de belles performances dans différentes épreuves mondiales, continentales et régionales. Certains athlètes observent constamment une courbe ascendante, d’où les espoirs de médailles olympiques. Je cite, à titre d’exemple, Kaylia Nemour (Gymnastique), Bachir Sid Azara (Lutte), Imane Khelif (Boxe) et Djamel Sedjati (Athlétisme). J’estime aussi que d’autres athlètes sont en mesure de créer la surprise. Il faut cependant se montrer raisonnable, la qualification aux JO constitue en soi une performance pour certains athlètes », prévenait le second homme fort du COA.
Les surprises, il y en a eu. Des mauvaises en plus avec Azara qui a chuté d’entrée tout comme les autres lutteurs. En revanche, Nemour (or), Khelif (or) et Sedjati (bronze) ont pu confirmer leurs potentiels. Sauf que ces trois athlètes présentent des anomalies car ils sont talentueux et ils n’ont pas eu de formation ou de prises en charges communes. Nemour a été formée en France, Khelif a été parrainé par la Présidence avec un programme spécial en dehors du cadre de sa Fédération alors que Sedjati est sous l’aile de l’Armée nationale populaire (ANP). On est donc sur des cas isolés qui ont réalisé des résultats d’exceptions. Forcément, des incompétents notoires qui sont là depuis des lustres et empêchent la progression du sport Dz vont tenter de faire dans la récupération pour laisser croire que tout va bien. Enfin, ils ont déjà commencé à surfer. Kelly Slater fait des émules.
Le réquisitoire de Makhloufi est toujours d’actu
Nous viennent alors à l’esprit les mots de Taoufik Makhloufi en 2016 après ses deux médailles d’argent aux JO de Rio de Janeiro (Brésil). Le champion olympique de 2012 sur 1 500m avait tenu à dénoncer le fait que « certains responsables qui ont détourné les moyens mis à notre disposition par les autorités. Ces responsables ont déçu le peuple Algérien et l’Etat. Ils n’ont pas été à la hauteur et n’ont pas honoré leur mission. Ils ne veulent pas accomplir des réalisations en faveur du sport algérien » non sans reconnaître que « le gouvernement a confié à ces dirigeants des moyens afin de soutenir les athlètes pour qu’ils donnent de la joie aux Algériens, mais ces responsables ont failli à leur mission ».
Huit ans après, les mêmes maux sont toujours là. On entend les mêmes plaintes de la part des athlètes qui parlent de plans de préparation établis à l’arrache et sans respecter des délais recommandés pour augmenter le niveau de performance. En témoigne cette “plainte” dont la rameuse Nihel Benchadli nous a fait part dans une interview en marge des Jeux. « Ma préparation a été à partir du mois de janvier, du mois de février, j’ai eu les moyens, on peut dire, à partir du mois de février ».
Et quand on lui avait demandé à qui incombait la faute selon elle, elle nous a répondu« on ne peut pas savoir la faute à qui. Mais je ne suis pas satisfaite de ma préparation. Le résultat en dépend ». La faute à Monsieur “pas de chance” probablement. Celui qui a le bol de s’en sortir à chaque fois et de revenir tous les 4 ans. Endémique.