Présente à Paris pour couvrir les Jeux Olympiques, La Gazette du Fennec a eu l’honneur de rencontrer le pongiste algérien Mehdi Bouloussa, participant à la compétition de tennis de table. Lors d’un entretien exclusif, l’athlète algérien de 29 ans a partagé son expérience aux JO, ses débuts en équipe nationale d’Algérie, et a offert un aperçu approfondi de son sport, le tennis de table.
L’entretien LGDF en Vidéo :
Lire l’entretien en version texte :
« Mehdi Bouloussa, bienvenue sur la Gazette du Fennec. On te laisse le soin de te présenter à nos lecteurs. »
« Bonjour à tous, je m’appelle Mehdi Bouloussa, j’ai 29 ans. Je suis pongiste algérien. J’ai commencé le tennis de table à l’âge de 9 ans et je suis en équipe nationale d’Algérie. »
« Donc, on est en plein JO. Tu as fait hier ta participation (défaite 4 sets à 0 au premier tour). Et est-ce que tu peux nous dire quel est ton bilan ? »
« J’ai perdu mon match hier en 32e de finale. C’était le premier match de la compétition. Honnêtement, je suis très déçu encore maintenant. Je n’ai pas réussi à performer. C’était un adversaire avec un système de jeu assez compliqué pour moi. J’ai mis du temps à entrer dans mon match et ça allait de mieux en mieux. Mais malheureusement, c’était trop tard. »
“Honnêtement c’est une grosse déception. Je vais réaliser un peu plus tard”
« On imagine que tu as tout donné. Tu as perdu 4 sets à zéro. Est-ce que c’est un score sévère ? Est-ce que tu aurais pu faire mieux ? Quel est ton sentiment après cette rencontre ? »
« Comme je disais, les deux premiers sets, j’ai mis du temps à commencer. J’ai perdu assez facilement. Je me suis réveillé un peu à la fin, mais je n’ai pas réussi à le faire déjouer et trouver des solutions par rapport à son système de jeu. Donc, honnêtement, une grosse déception. »
« Plus globalement sur cette expérience, participer aux Jeux olympiques. Quel est ton sentiment sur un événement planétaire comme ça ? Qu’est-ce que tu ressens ? Est-ce que tu es encore dedans ou est-ce que tu vas réaliser après ? »
« Je pense que je vais réaliser un peu plus tard, parce que c’est quand même quelque chose d’immense. Les Jeux olympiques, surtout ici, où j’ai grandi à Saint-Denis. Moi, j’habite à dix minutes d’ici. Donc pour l’instant, j’ai du mal à réaliser, mais c’est quelque chose de magique en vrai.
« Quel a été ton quotidien dans ce fameux village olympique ? Tu as pu nouer des contacts avec des autres athlètes d’autres pays ou bien avec ceux de la délégation algérienne ? Raconte-nous un petit peu cette expérience. »
« Moi, je suis arrivé au village le 23. J’ai commencé mon match hier, c’était le 27. Donc, je n’ai pas pu profiter, bien visiter. Je me suis préparé à ma compétition. Et malgré ça, j’ai fait la cérémonie qui était quand même incroyable. Donc, je suis très content d’avoir pu participer à cette cérémonie. Et là, je vais quand même profiter au village parce que je n’ai pas eu le temps. Comme je vous le disais, j’ai récupéré mes cadeaux. Juste à l’instant. Donc maintenant, je vais profiter juste et partir avant qu’à ça après. »
« Alors justement, qu’est-ce que c’est ? Quoi, les cadeaux ? Qu’est-ce qu’un athlète qui participe aux Jeux peut gagner ? Mis à part la satisfaction d’être présent dans une grande compétition. »
« Alors là, je viens de récupérer un sac avec un nouveau téléphone Samsung. Je ne connais pas le nom, mais c’est celui qui se plie. Pas mal. Avec des gourdes, des casquettes, des pins. Il y a aussi des bons AirBnB, il me semble, que je n’ai pas encore récupérés. Et il y a plein d’activités au village pour gagner des cadeaux. Donc, je vais profiter et je vais regarder ce qu’il y a. »
« On peut dire que tu as apprécié, tu as kiffé cette expérience des Jeux. Tu as 29 ans. Tu n’as jamais vécu ça dans ta vie ? »
« Non, je n’ai jamais vécu ça. Même à la salle, il y a une ambiance incroyable. Il y a pas mal d’Algériens, même à la cérémonie ou à la salle. Donc, c’est vraiment quelque chose d’incroyable à vivre. Et merci à tout le peuple algérien pour le soutien. Ici, à Saint-Denis, on ressent vraiment ça. Donc, merci à vous. »
« Pourtant, il n’y a pas beaucoup de contact entre le public et la délégation. On voit que vous êtes dans un bunker. Malgré tout, tu sens la chaleur des gens ? »
« Oui, je sens parce qu’il y a aussi des Algériens qui travaillent en tant que Français, des bénévoles. Même en dehors du village. Donc, il y en a un peu partout. Et malgré ça, j’arrive à ressentir leur soutien. »
« Quel souvenir tu vas garder de JO Paris 2024 ? »
« C’est dur de mettre des mots sur ce souvenir, mais pour moi, la parade, elle était incroyable. Ensuite, peut-être qu’il y aura d’autres moments et je vais soutenir mes coéquipiers. Ça se trouve qu’il y aura des médailles, j’espère. Donc, pour l’instant, c’est la parade. »
“L’ambiance est très saine entre les Algériens, on est très solidaires”
« L’ambiance dans le camp algérien, on voit que vous êtes dans un bâtiment tous ensemble. Comment tu pourrais la décrire ? »
« L’ambiance, elle est très saine entre nous. On est une cinquantaine d’athlètes, un peu moins. Et ça se passe très bien. On est très solidaires et tout le monde s’entend bien. »
« Est-ce qu’il y en a certains avec qui tu as des affinités ? Par exemple, dans une autre discipline ? »
« Je partage ma chambre avec un nageur, un badiste, un escrimeur. Donc, je vais les soutenir et je vais voir aussi d’autres sports. Et c’est avec eux que je me sens le plus proche pour l’instant. »
« On va revenir juste sur le tennis de table. Est-ce que tu peux nous présenter un petit peu ta discipline qui n’est pas très connue des Algériens ? Ton classement mondial ? Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ce sport qui n’est pas vraiment pratiqué en Algérie ? »
« C’est un sport pas trop médiatisé pour l’instant, même en France. Ça prend de l’ampleur de plus en plus. Et en fait, pour moi, c’est un sport incroyable. Il faut tous les piliers pour réussir et être un très bon joueur. Et j’incite les joueurs algériens à pratiquer, à essayer au moins, pour découvrir. »
“J’ai fais les démarches pour jouer avec l’Algérie. Je n’ai pas hésité, j’ai sauté dedans”
« C’est quoi ton style ? Alors, toi, tu nous as dit que tu as commencé à neuf ans. Tu as joué dans les sélections françaises avant de venir en Algérie. Quel est ton style de jeu ? Et on aimerait savoir comment tu as atterri dans l’équipe d’Algérie, sachant que tu es né en France ? »
« Alors, mon style de jeu, moi, je suis attaquant. Donc, j’ai deux plaques normales. J’étais en équipe de France junior. Début senior aussi, jusqu’à 20 ans. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de jouer pour l’Algérie. Et je n’ai pas hésité à représenter l’Algérie. »
« Comment ça s’est fait ? »
« Il y a eu un premier contact, en fait, de ma part. Et ensuite, on m’a dit que c’était possible de jouer et que j’avais cette opportunité. Donc, je n’ai pas hésité, je n’ai pas réfléchi. J’ai sauté dedans. »
« Et tu es originaire de quel coin en Algérie ? Est-ce que tu viens souvent ? Est-ce que tu fais des compètes là-bas ? Compétition africaine, on imagine ? »
« Ma famille est du côté de mon père. Elle vient de El Oued, dans le sud. Et j’ai fait des compétitions d’Algérie. J’ai fait les Jeux Méditerranéens, les Championnats d’Afrique à Alger. Et j’ai fait les Jeux Panarabes à Tipaza. C’était des expériences incroyables, vraiment. J’ai vraiment kiffé. Donc, je n’hésiterai pas à revenir pour d’autres compétitions. »
« Un dernier mot pour conclure. Au public algérien, tu les incites à s’inscrire, à faire du tennis de table ? »
« Exactement, j’incite tous les Algériens à pratiquer, au moins essayer. Je voulais les remercier aussi pour leur soutien tout au long de la compétition. J’espère qu’ils vont aussi soutenir les autres sports, et qu’on ira chercher des médailles ensemble. »
« La Gazette du Fennec te remercie et te souhaite bon courage pour la suite de ta carrière. »
« Merci beaucoup, merci à vous, merci à tout le monde. »