Invité exceptionnel de l’émission C’est Vous L’Expert ce lundi, Carl Medjani, qui évolue désormais en amateur au FC Salaise, a pris la décision de prendre sa retraite professionnelle. L’ex-capitaine des Verts s’est livré à cœur ouvert sur sa retraite prématurée, la venue de Djamel Belmadi à la tête de l’EN mais également sur le débat des binationaux. Morceaux choisis.
Après une dernière expérience professionnelle au sein du club saoudien d’Ohod et malgré quelques offres provenant de clubs du Golfe et de Turquie, Carl Medjani a finalement décidé de mettre un terme à sa carrière de joueur professionnel. Le défenseur central et milieu défensif comptabilise un peu moins de 500 matchs en clubs et 62 sélections en équipe nationale dont quatre buts.
La retraite, un choix cornélien
Âgé de 34 ans et encore bien en forme physiquement, l’ancien Reds a dû faire un choix difficile mais primordial et important pour l’équilibre de sa vie personnelle. « Ma retraite sportive n’était pas un choix de ma part. C’était une chose imposée… J’ai eu des contraintes familiales qui ont fait que je ne pouvais pas repartir dans le milieu pro loin de ma famille. Il y a des choix à faire dans une vie et j’ai fait le choix de rester auprès des miens. ». Un choix donc cornélien pour l’ancien capitaine des Fennecs.
Très à l’aise à l’antenne, le joueur formé à l’AS Saint Etienne ajoutera : « Bon… Je vais être honnête avec vous, j’ai une maman qui s’est retrouvée en difficulté au niveau de la santé. Donc à partir de là je pense que ma place était avec elle et non sur des terrains à des milliers de kilomètres. »
Néanmoins, l’ancien numéro douze des Verts continue de jouer au niveau amateur au sein du FC Salaise, club de sa région natale. « J’ai eu des propositions pour repartir en Turquie ou au Golfe mais vu ma situation personnelle, je ne pouvais m’éloigner des miens. J’ai choisi de revenir au sein du club qui m’a vu commencé le football (NDLR : FC Salaise – Régional 1) pour rendre aussi à mon agglomération ce qu’elle m’a donné étant petit. ». Le désormais ex-joueur professionnel veut s’inscrire sur la durée pour sa région. « Je travaille actuellement sur un projet de fusion de clubs au sein de mon agglomération. » ajoutera-t-il.
Son retour avec Madjer, la venue de Belmadi et son rôle dans le dossier Delort
Lorsque Rabah Madjer reprend les rênes de l’équipe nationale algérienne pour la quatrième fois en 25 ans, Carl Medjani a déjà annoncé sa retraite internationale depuis un mois. Désirant un leader afin d’accompagner les jeunes de l’EN, le ballon d’or africain 1987 n’hésitera pas à rappeler Medjani afin que ce dernier reconsidère son choix. « Rabah Madjer a fait appel à moi dans un moment où j’allais être papa pour la première fois, j’avais mis un terme à la sélection car je voulais un peu plus profiter des miens car je ne pouvais les voir que lors des trêves internationales. Je me suis posé la question de revenir ou pas mais je n’ai pas réfléchis longtemps car vous savez que l’appel du pays ne se refuse pas et j’ai donc dit oui à Madjer. ».
En revenant sur sa décision, Carl Medjani reprenait du service pour au moins deux ans. « Le coach avait besoin de personnes avec ma mentalité afin d’apporter mon expérience et encadrer les jeunes. Nous avions convenu d’avancer ensemble jusqu’à la CAN. Mais bon, la suite, vous la connaissez..»
« J’ai eu Djamel Belmadi au téléphone lors de son arrivée et j’ai tout de suite compris que c’était l’homme de la situation pour l’équipe nationale. »
La suite, c’est quatre défaites en six matchs pour le champion d’Afrique 1990 et une fin d’aventure en juin 2018, huit mois seulement après son intronisation. Carl Medjani ne blâme pas pour autant son ancien coach. « Rabah Madjer avait vraiment envie de faire briller notre équipe nationale notamment en redonnant de la place au joueur local. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme prévu pour lui. ».
Après deux mois de tergiversations au sein de la FAF, c’est finalement le tant attendu Djamel Belmadi qui prend la succession de Madjer. « Cela faisait des années que les joueurs de l’EN réclamaient Djamel Belmadi, même durant le mandat de l’ancienne présidence de la FAF (NDLR : Mohamed Raouraoua). Je peux dire que j’ai participé à sa venue avec certains cadres de l’équipe dont vous connaissez les noms. ». L’ancien joueur de l’AS Monaco est dithyrambique concernant l’actuel coach des Verts. « Nous nous sommes parlés au téléphone lors de son arrivée à la tête de la sélection et à travers son discours j’ai tout de suite compris que c’était l’homme de la situation pour mes coéquipiers de la sélection. ». Belmadi, qui emmènera, par la suite, la sélection algérienne sur le toit du football africain lors de la CAN 2019.
« Andy, je l’ai connu à Ajaccio lorsqu’il avait 20 ans, c’est comme un petit frère pour moi. »
Toujours en contact avec plusieurs joueurs et membres de la sélection, Carl Medjani est également revenu sur le dossier Andy Delort. « Andy c’est comme un petit frère pour moi, ça a été une surprise pour vous mais pour moi pas du tout. Je l’ai connu à Ajaccio, c’était un jeune avec beaucoup de qualités mais il avait besoin d’être encadré. On a jamais perdu contact malgré nos trajectoires différentes et lorsqu’il m’a appelé pour me dire qu’il était éligible et motivé pour rejoindre l’équipe nationale algérienne, j’ai de suite remonté l’information à Madjid Bougherra, Djamel Belmadi et Hakim Medane. J’étais très content pour lui lorsqu’il a rejoint le groupe. Il s’est vite intégré, puis il a vite prouvé qu’il était motivé à jouer pour notre équipe. »
La question des binationaux
Nous le disions plus haut, Carl Medjani est toujours aussi proche de la sélection. Premier supporteur des Verts lors de la dernière CAN, il a vécu la victoire avec joie, tout en se rappelant qu’il aurait pu faire partie de ce groupe. « Dans un coin de ma tête, je pense que j’aurais pu faire partie de ce groupe, peut-être pas en tant que titulaire mais en tant que remplaçant. J’ai vécu la CAN avec beaucoup d’enthousiasme, j’étais vraiment heureux et je suis fier d’avoir joué avec cette génération championne d’Afrique. Je suis le premier supporteur de l’équipe nationale. »
« Très intéressé pour un être un relais de la FAF auprès des binationaux afin de prôner un bon discours. »
Très reconnaissant envers la sélection nationale, l’ancien joueur de Trabzonspor n’oublie pas que c’est grâce à elle qu’il a pu avoir cette carrière. « Il y a des joueurs qui ont fait une carrière grâce à leurs clubs, moi j’ai réussi ma carrière grâce à l’équipe nationale. ». L’ancien milieu défensif est conscient qu’il doit rendre à la sélection ce qu’elle a pu lui apporter lors de sa carrière de joueur professionnel.
Questionné sur le dossier des binationaux et le rôle qu’il pourrait avoir auprès d’eux, le tout jeune retraité dira : « Oui, bien sûr, Je suis intéressé pour prôner un bon discours et être le relais de la FAF auprès des binationaux. Il faut leur expliquer le projet en leur faisant comprendre qu’il y a des codes, une manière de vivre et d’être, c’est tout une mentalité ». Il a même son avis sur la question : « Il faut arrêter d’évoquer untel ou untel (en prenant l’exemple d’Aouar), si un joueur souhaite défendre les couleurs de l’équipe nationale, c’est à lui de faire les démarches. Je reprends l’exemple d’Andy Delort, il a tout fait sur et en dehors du terrain à travers un lobbying pour montrer son envie de jouer avec l’Algérie. On a besoin de joueurs motivés à 100% pour venir. »
Selon Medjani, le joueur algérien est sous-côté
L’ancien Merlu a également rappelé ô combien il était difficile d’être un international algérien lors des différents mercatos. « Le joueur algérien est sous-côté, sous respecté, il se vendra moins cher qu’un nigérian, un ivoirien ou un sénégalais, et ce, à qualité égale. Il a fallu attendre Riyad Mahrez pour voir un gros transfert pour un Algérien alors qu’il y avait de très bons joueurs bien avant. »
Pour finir, Carl Medjani n’oubliera pas de remercier les supporteurs algériens et de rappeler qu’il sera toujours là pour son pays, l’Algérie. « Je remercie tout le peuple car nous avons un public merveilleux, le meilleur public du monde. J’ai passé huit années exceptionnelles au sein du groupe Algérie et je lui suis reconnaissant à vie. Si il y a un jubilé pour moi, ce sera un vrai plaisir de revenir dire au revoir. Je serais, bien évidemment, toujours au service de mon pays sur ou en dehors des terrains. Je tiens, également, à remercier La Gazette du Fennec pour tout le suivi durant ces huit années. Longue vie à tous inshaAllah. »
Une longue vie à toi aussi Carl, inshaAllah!